Grow up | Changlix

12 years

【１２　ｙｅａｒｓ】

D'un pas rapide, je me précipite hors de l'avion. Je me faufile entre les passagers qui me tuent presque tous du regard, profitant de ma petite taille. J'accélère encore un peu lorsque je reçois un message de Changbin m'indiquant qu'ils m'attendaient, lui et Jisung, devant. Je récupère rapidement mes valises et me mets à courir vers les deux silhouettes qui me sont extrêmement familières. Je leur saute dessus en hurlant de joie, le cœur à nouveau léger. Changbin et Jisung se retournent vers moi, me reconnaissant, et me serrent contre eux. J'ai enfin l'impression de respirer à nouveau.

"-Putain, c'que tu nous as manqué..."

La voix étouffée de Changbin résonne au creux de mon oreille et me donne des frissons. Un sentiment de bien être s'empare de moi alors que je resserre la prise autour de mes deux meilleurs amis.

"-Ça fait du bien d'être de retour et de vous revoir...

-Bon retour chez nous..."

Je m'écarte d'eux et nous nous sourions mutuellement, la joie et l'euphorie visible sur chacun de nos visages. Nous nous décidons à finalement sortir, suivi de ma sœur qui m'avait, bien évidemment, accompagné, et nous avons rejoint la mère de Jisung qui nous attendait devant l'aéroport, près de sa voiture. Son accueil chaleureux réchauffe mon cœur et la sensation de me sentir enfin bien, chez moi, me donne envie de hurler toute ma joie. Je préviens Chan, le seul ami avec qui j'ai gardé contact avant de partir, que je bien arrivé en un seul morceau, et la voiture démarre, direction notre beau village.

■ ▄ ▣ ▄ ■

Je fais un dernier signe à Changbin, qui m'a raccompagné chez moi, et le regarde d'éloigner avec des étoiles dans les yeux et dans la tête, après cette soirée avec Jisung et Changbin pour fêter mon retour. Je rentre doucement dans la maison. Un étrange silence pesant règne, me faisant froncer les sourcils. Je m'approche du salon et un cri soudain me fait sursauter. Puis bientôt un deuxième et très vite je reconnais les voix de mes deux parents. Je cours jusqu'au salon, inquiet, et les vois entrain de s'engeuler. Cependant, mon père me remarque très rapidement et, après un rapide signe à ma mère, et me sourit comme si de rien n'était. Pourtant je sais très bien que je n'ai pas rêvé. 

"-Felix, tu es enfin rentré ! Alors l'Australie ?

-Je... Bien, bien... 

-Tu as faim ? 

-Pas vraiment, j'ai déjà mangé chez Sungie... Je suis juste fatigué alors je vais aller me coucher..."

Je leur souris doucement, un peu hésitant, malgré le regard noir de ma mère. Mon père essaye de dire quelque chose mais je me retourne avant, voulant évitant le sujet de ce que je viens de voir, et vais m'enfermer dans ma chambre aussi rapidement que possible. Je me laisse glisser contre ma porte, complétement bouleversé.

Mais c'est normal les disputes dans un couple, non ?

Je soupire un coup en fermant les yeux. Bien sur que ça arrive. Ca ne va pas durer, c'est qu'une dispute.

■ ▄ ▣ ▄ ■

Je referme doucement la porte derrière moi, comme j'en avais l'habitude avant de partir, et sautille vers Changbin, un sourire niais sur les lèvres, le faisant pouffer doucement.

"-C'est bien la première fois que je te vois aussi enthousiaste pour aller en cours !

-Ça m'a manqué d'y aller avec vous !"

Je grimpe à l'arrière du vélo et m'accroche à Changbin, en profitant pour me blottir un peu contre lui,  heureux de retrouver cette sensation qui m'avait tant manqué. 

"-Tu devrais penser à acheter un vélo pour toi, un jour. 

-Jamais, je préfère clairement le tient."

Changbin éclate de rire et nous continuons de discuter, échangeant le peu d'anecdotes que l'un ne connaissait pas de l'autre. Très vite, Jisung s'est joint à nous et nous avons roulé jusqu'au collège comme avant, pour mon plus grand bonheur. A peine arrivé et descendu de nos vélos, quelqu'un saute immédiatement sur Changbin et l'embrasse langoureusement devant toute l'école. J'observe la scène, plus que surpris. Jisung se penche alors vers moi.

"-Voici Hwang Hyunjin, le petit ami de Changbin. Je ne sais pas si il t'en a parlé mais ça fait bien six mois qu'ils sont ensemble."

Tout doucement, je sens mon cœur se briser et les larmes inévitablement me monter au yeux. La panique m'envahit et sans réfléchir, je fonce dans l'école sous les appels inquiets de mes amis et, après un peu de recherche, trouve les toilettes et m'y enferme. Les larmes coulent sur mes joues et je me laisse tomber à genoux, la respiration saccadée. Je retiens du mieux que je peux mes sanglots mais soudainement la nausée me noue la gorge et je me vide finalement de ce que j'avais pu manger à peine une heure plus tôt, un horrible sentiment de tristesse et de trahison m'emprisonnant la gorge. La porte des toilettes s'ouvre doucement et une voix que je reconnaitrais entre milles résonne. 

"-Felix ? Felix, où est ce que tu es ?"

Un long silence plane, entre-coupé de sanglots que je n'arrive pas contenir.

"-Felix... Je suis désolé de ne t'avoir rien dit... Quand t'était là-bas, c'était pas spécialement ce dont j'avais envie de parler, je voulais plus savoir comment tu allais et comment c'était... Et quand t'es rentré, je n'y ai pas pensé... Je ne pensais pas que ça te mettrait dans un tel état... Je suis vraiment désolé..."

Je ne réponds pas mais je sens bel et bien la présence de Changbin derrière la porte de la cabine où je suis.

"-Felix, parles-moi... 

-C-c'est rien..."

J'essuie mes larmes et me relève doucement. Bien que je sois vraiment blessé par le fait qu'il ne m'ait rien dit, ça m'arrange si il pense que c'est à cause de ça que je pleure. 

Il ne faut surtout pas qu'il sache que je l'aime... 

■ ▄ ▣ ▄ ■

Je rentre à la maison, la tête et le cœur vide. Je marche le plus discrètement possible jusqu'à ma chambre, essayant d'ignorer au mieux les cris qui résonnent dans le salon, pour ne pas changer des soirs où mon père est là. Je ferme ma porte à clé et m'effondre sur mon lit, complètement détruit. Après avoir fait semblant toute la journée d'aller bien, du mieux que je pouvais, je suis épuisé. Une nouvelle fois, je pleure en me roulant en boule. Ma famille pars en poussière, littéralement, alors je profite de la journée pour penser à autre chose et il faut bien évidemment qu'un connard sorti de nul part vienne coller et embrasser Changbin, pour ne pas changer de ma douleur habituelle.

Quel vie de merde... 

Je reste ainsi un long moment, jusqu'à m'endormir, en fait, les larmes coulant encore sur mon visage.

Bordel, qu'est ce que j'ai mal...