Mystères et boules de gomme

66 6 0
                                    

PDV ADAM

Si Emmy semblait avoir oublié leur hypothèse ce n'était définitivement pas le cas d'Adam. Quelqu'un cherchait à troubler l'apparente tranquillité du pôle en sabotant les agrès, c'était de loin la chose la plus existante qu'il n'avait jamais connu. Étant en vacances, il ne travaillait plus la nuit, mais avait pris l'habitude d'aller vérifier si personne ne revenait. À sa grande déception, depuis son mythique "Il y a quelqu'un ?", le malfrat n'était plus jamais revenu.

S'il suffisait d'une phrase pour faire fuir les méchants maintenant.

Il s'en voulait un peu de souhaiter le retour de l'ombre qui avait forcément de mauvaises intentions. Mais sa présence avait brisé le quotidien morose d'Adam et il était aujourd'hui triste de devoir s'y replonger. Surtout qu'il n'était plus occupé par les cours.

Il travaillait en journée, en même temps que les gyms s'entraînaient. Il voyait donc Emmy tous les jours de loin. Quand leurs regards se croisaient, elle lui souriait toujours rapidement.

La voir lui avait fait comprendre qu'elle était passée à autre chose et avait tracé un trait sur leur théorie.

Il avait prit l'habitude de la regarder de loin en même temps qu'il travaillait. Mais lorsqu'il s'en rendait compte, il détournait rapidement le regard. En réalité, la voir évoluer dans un milieu si particulier qu'était le pôle de manière si naturel avait quelque chose d'assez fascinant.

Elle tombait. Tout le temps. Au début, il avait cru qu'à chaque fois qu'il la regardait elle tombait. Il avait donc arrêté. Mais il avait vite compris qu'il n'était pas le problème.

Surtout sur la poutre. Elle faisait un truc bizarre où elle se jetait en arrière puis semblait changer d'avis, se retournait et se relevait en se contorsionnant. Du moins, c'est ce qu'il avait compris qu'elle essayait de faire en la voyant s'entraîner sur petit poutre parce que sur la plus haute, elle ne faisait que chuter. Parfois son dos heurtait la poutre et il serrait les dents à sa place. Mais elle remontait inlassablement et recommençait. Au sol, elle se débrouillait mieux et Adam était tout simplement impressionné par ce qu'elle arrivait à faire. Mais son coach lui faisait enchaîner le tout sans relâche si bien qu'il craignait qu'elle ne se blesse.

En bref, si observer Emmy du coin de l'œil était devenu un réflexe, ça n'en n'était pas moins une activité qui m'étaient ses nerfs à rudes épreuves. 

Il adorait regarder la gym, mais qu'est ce qu'il craignait que les gymnastes se blessent...

Adam surveillait maintenant le moindre détail qui aurait pu indiquer un retour de l'ombre malfaisante. Il avait ainsi noté le comportement étrange de plusieurs personnes qui faisaient maintenant parti de sa liste de suspect.

Tout d'abord, son suspect numéro 1 était toujours la directrice qui voulait à tout prix déléguer son travail mais cherchait le parfait remplaçant. Il n'avait pas trouvé de vrai mobile mais songeait que si les gymnastes se blessaient une par une, la Fédération aurait bien fini par envoyer du personnel qualifié et la directrice aurait pu piocher dans ce monde là pour la remplacer.

Il avait entendu une violente dispute entre Frank, l'un des entraîneurs d'Emmy et la directrice quelques semaines plus tôt. Celui-ci lui demandait de rassembler les fonds pour racheter du matériel. Au souvenir de cette dispute, Frank était monté en tête des soupçons d'Adam. Après tout, si les équipements venaient soudainement à être dangereux, il fallait bien les changer. Et donc, en trafiquant les agrès, Frank aurait eu ce qu'il voulait.

Un suspect inattendu s'était  rajouté à la liste. Alors que tout le monde la croyait immobilisée par sa cheville, Eva sortait régulièrement en cachette lorsque tout le monde était en entraînement. Persuadé qu'elle cachait quelque chose, Adam avait décidé d'en parler à Emmy.

Mais il ne la vit que deux fois ce jour-là, quand elle passa dans un sens pour sortir, le téléphone à l'oreille, et quand elle repasse dans l'autre sens, l'air plus énervée que jamais.

Il avait préféré ne pas la déranger.

Cette nuit là, alors qu'il dormait, des coups secs furent toqués contre sa porte. Il avait d'abord cru rêver, mais l'action s'était répétée. Inquiet, il se leva et attrapa un balai pour se défendre et avait ouvert la porte.

Derrière se tenait une Emmy en larmes qui lançait des coups d'œil apeurés autour d'elle et qui murmura :

- Je suis désolée, je savais pas où aller... J'ai peur...

Gymnaste en périlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant