Difficultés à tous niveaux

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PDV Emmy

Les jours passèrent. Emmy avait maintenant pris habitude de vérifier ses agrès et n'avait plus rencontré de problèmes à ce niveau là. Très vite, sa rencontre nocturne avec Adam et les conclusions qu'ils en avaient tirées n'étaient qu'un lointain souvenir. Elle était déjà bien occupée à essayer de réussir le reste de sa vie pour avoir le temps de s'inquiéter de leur théorie du complot. 

En effet, elle n'arrivait pas à passer la plupart des éléments qu'elle tentait. A part au sol où Frank ne lui laissait pas une seconde pour respirer. Certes elle progressait, mais elle ne savait pas si le but de son entraîneur était de l'aider ou de la tuer. A vrai dire, en voyant à quel point il s'acharnait sur elle, elle songea un instant qu'il essayait peut-être de la blesser. Il ne l'avait jamais vraiment apprécié mais à ce point...

Emmy tentait toujours d'avoir son onodi sur poutre et s'entraînait sans relâche. Chaque jour, elle faisait des exercices de souplesse en plus dans ce but. Mais si l'onodi passait facilement quand elle le réalisait sur petite poutre, ce n'était pas la même paire de manche dès qu'elle passait sur vraie poutre. Son entraîneuse, Dorine, n'arrivait pas à voir ce qui n'allait pas. Heureusement qu'elle était là pour lui remonter le moral sans quoi Emmy serait sans doute partie depuis déjà longtemps. 

Lorsqu'elle était à bout de force et que son corps entier la faisait souffrir d'avoir ripé contre la poutre tant de fois, elle retournait sur les petites poutres. Et elle continuait. Encore et encore. 

Elle avait inventé une routine "parfaite", celle qu'elle rêverait de faire si son destin l'emmenait jusqu'aux Jeux Olympiques. C'était cette routine qu'elle répétait en boucle sur les poutres basses, rajoutant des difficultés par-ci, par-là. Elle l'avait fait tant de fois que le tout était devenu mécanique et qu'elle s'y réfugiait lorsqu'elle s'apprêtait à craquer.

Elle connaissait sur le bout des doigts une routine qu'elle n'aurait jamais l'occasion de performer. Qu'elle n'était même pas capable de reproduire sur une véritable poutre d'ailleurs. Si les Jeux Olympiques se déroulaient à 5 cm de hauteur, elle aurait peut-être eu une chance d'y participer. Et encore. Les autres feraient sans doute bien mieux.

Elle avait beau se donner tout le mal du monde, les autres faisait toujours bien mieux.

Pour garder sa motivation, elle pensait à sa mère. Il fallait qu'elle soit fière d'elle. C'était pour elle qu'elle se donnait tant de mal. 

Mais sa mère devait encore être très occupée avec les enfants de son nouveau mari puisqu'elle ne répondait pas à la plupart des appels de sa fille et ceux-ci ne duraient jamais très longtemps.

Emmy s'entraînait maintenant avec Louise, et cette dernière faisait de son mieux pour rattraper le retard accumulé ces derniers mois. D'ailleurs, elle avait retrouvé très vite la plupart de ses capacités ce qui avait impressionné et-si elle était honnête-absolument déprimé Emmy. Elle qui n'avait pas de "talent naturel" pour la gym n'osait pas imaginer le désastre engendré si elle était obligée d'arrêter pendant plusieurs mois. Elle devrait sans doute réapprendre à faire un équilibre. 

Étonnamment, Louise semblait avoir déjà fait une croix sur les JO. Elle avait avoué à Emmy qu'elle ne se faisait pas de fausses idées, sachant très bien qu'elle ne serait jamais prise, surtout après presque un an de convalescence. Ce qui l'attristait réellement était le fait qu'elle n'ait pas eu l'occasion de faire le stage aux Etats-Unis avec les autres. C'était le pays de ses rêves et elle aurait adoré y aller avec ses amies. Pour combler à ce malheur, elle se contentait de regarder en boucle les stories des autres, et avait même réussi à se faire ajouter dans le groupe snapchat dédié au stage. D'une certaine manière, elle avait l'impression d'être avec elles comme ça. Emmy trouvait que c'était vraiment se faire du mal sans raison mais elle ne préféra pas le lui indiquer.

Eva avait quant à elle un comportement des plus étranges. Alors qu'elle était bloquée dans sa chambre à cause de sa cheville, Emmy avait pensé pouvoir se réfugier auprès d'elle pour avoir sa dose de bonne humeur de la journée. Mais même elle ne semblait pas se sentir bien. Au delà de la douleur de sa cheville. Elle n'écoutait pas réellement ce qu'Emmy disait et ne répondait généralement rien. Ce n'était pas la Eva qu'elle connaissait et c'est bien pour cela qu'elle s'inquiétait. Elle lui avait déjà demandé si c'était sa présence qui l'embêtait mais Eva s'était toujours empressée de lui répondre que non, qu'elle voulait qu'elle reste.

A vrai dire, elle semblait toujours vouloir lui dire quelque chose mais se rétractait au dernier moment. Ce soir-là, sincèrement inquiète, Emmy lui fit part de son impression. Eva avait alors relevé la tête vers elle, les yeux brillants avant de déclarer :

- Il y a quelque chose que j'aimerai te dire, parce qu'on est amies, mais si je le fais, j'ai peur que tu me haïsses.

Rien de bien rassurant donc. D'autant plus que cette conversation avait vite était interrompue par l'heure et Emmy avait dû rejoindre son lit avant le couvre-feu, des questions pleins la tête.

Elle dormit très mal cette nuit là et se réveilla plusieurs fois. Son esprit lui joua certainement des tours car elle entendit des bruits de craquements et de grésillements sinistres qui n'avaient aucune raison d'être, toute la nuit.

Heureusement pour elle, la fatigue accumulée par les entraînements fut suffisante pour la faire plonger rapidement dans les bras de Morphée.

Gymnaste en périlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant