Honnêteté

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PDV EMMY 

(ce chapitre reprend la même journée que celle du chapitre précédent)

Les pensées d'Emmy avaient été uniquement dirigé vers ce que lui avait dit Eva. Elle était maintenant certaine que son amie lui cachait quelque chose. Et puis, elle ne voyait vraiment pas ce qu'Eva pourrait faire qui amène Emmy à la détester. Pourtant, c'était bien dans cette peur qu'elle n'osait pas se confier.

Emmy avait bien une petite idée, mais celle-ci la faisait frémir. Et si c'était Eva la responsable des agrès trafiqués? Si c'était le cas, c'est sûr qu'Emmy aurait du mal à lui pardonner, mais Eva étant une des personnes les plus adorables qu'elle connaissait, si vraiment elle était derrière tout ça, il y avait forcément une bonne raison.

Le lendemain, alors qu'elle était sortie de l'entraînement matinal pour aller aux toilettes, Emmy vit Eva sortir. C'était étrange. Elle qui disait avoir trop mal à la cheville pour pouvoir sortir du lit, semblait ne plus avoir aucun problème pour marcher. Et elle le faisait dans le dos de tout le monde sur les heures d'entraînement.

Plus elle y réfléchissait, plus elle ne voyait pas qui d'autre qu'Eva pouvait être derrière le sabotage. Après tout, dès qu'elle avait été "blessé", les agrès n'avaient plus eu de problème. 

Bien décidée à comprendre quelle raison l'avait poussé à agir ainsi, Emmy rejoint résolument Eva dans sa chambre, lui avouant qu'elle l'avait vu sortir et marcher. Eva se mordit la lèvre, se sentant bloquée, alors Emmy tenta de la rassurer :

- Tu sais que tu peux me parler, quoi que tu ais fait. Tu en as besoin, et on se sentira toutes les deux mieux après.

Elle acquiesça et commença :

- Tout d'abord, j'ai vraiment mal à la cheville, simplement je suis capable de marcher, ensuite...

Elle sembla hésiter à continuer mais, voyant le regard insistant d'Emmy, lâcha :

- Je sors en secret pour aller voir ma copine.

Elle baissa immédiatement les yeux comme si elle venait de lui annoncer être à la tête d'un trafic d'organes. Emmy attendit la suite, ne comprenant pas : 

- Et donc ? 

Eva releva la tête vers elle, les sourcils froncés et éclaircit :

- Une copine Emmy. Comme dans une petite amie.

Voyant que son amie n'avait toujours aucune réaction particulière, elle insista :

- J'aime les filles.

- Oui, merci, j'ai bien compris ça, répondit-elle, mais donc tu voulais me dire quoi de si terrible? Tu as fait quoi?

Cette fois-ci, c'est Eva qui ne comprit pas :

- Rien, simplement j'ai dit que j'avais trop mal pour sortir du lit parce que je voulais passer plus de temps avec elle et pouvoir sortir la voir. Mais c'est ça que je voulais te dire.

- Pourquoi te détesterais-je pour cela ? Tu peux bien aimer qui tu veux, s'étonna Emmy.

Son amie la regarda comme-ci elle venait de lui offrir le plus beau cadeau du monde et la serra dans ses bras.

Emmy lui raconta alors la théorie qu'elle avait élaboré avec Adam à propos du sabotage des agrès. Eva écouta patiemment, s'inquiétant aussi. Mais depuis sa blessure les agrès n'avaient plus bougé, et elles n'avaient donc plus de raison de s'inquiéter.

- Alors, toi et Adam?, demanda ensuite Eva avec un clin d'œil appuyé. 

- C'est beau, tu es amoureuse, tu vois de belles histoires partout. Mais je doute que l'hystérique en pyjama qui lui balançait des brosses à dents à la tête au milieu de la nuit ne soit réellement son type de fille

 Eva avait rit avant de confirmer et Emmy était finalement partie pour tenter d'appeler sa mère. Malgré la multiplicité de ces appels, sa mère ne répondait pas. Inquiète, Emmy descendit et sortit devant le pôle pour tenter d'avoir un meilleur réseau. Voyant que ça ne suffisait pas, elle changea de numéro et tenta d'appeler le fixe. Elle craignait de tomber sur son beau-père qui ne lui parlait jamais réellement mais au moins, elle pourrait demander des nouvelles de sa mère.

Ses craintes étaient fondées, c'est bien son beau-père qui répondit, avec la voix des mauvais jours. Emmy lui demanda où était sa mère :

- Elle est trop occupée pour te parler. Tu n'es pas supposée avoir 18 ans? Tu n'as pas besoin de l'appeler toutes les 10 minutes, tu es une adulte maintenant. D'ailleurs il serait bien que tu te qualifies pour des stages ou des compétitions cet été. Ma famille vient à la maison et on prend ta chambre.  

Emmy ouvrit la bouche plusieurs fois mais n'arrivait pas à trouver les mots pour exprimer son  énervement :

- Ce n'est pas parce que je suis majeure que tu vas pouvoir m'expulser de ma maison comme ça, lâcha-t-elle violemment.

Il se contenta d'un petit rire, elle ne lui avait jamais tenu tête auparavant.

- J'ai pas attendu tes 18 ans pour ça, pourquoi crois-tu que ta mère t'a mise en Pôle? C'était sur ma demande.

Le sang d'Emmy se glaça dans ses veines. Elle n'arrivait pas à réfléchir et raccrocha violemment.

Elle avait toujours pensé que sa mère s'était sacrifiée en l'envoyant au Pôle dans le seul espoir du bonheur de sa fille.  Elle venait d'apprendre qu'elle l'avait seulement fait parce que son nouveau "mari" l'avait manipulé. Énervée, Emmy entreprit de remonter dans sa chambre en trombe. Elle croisa alors Frank, son entraîneur, qui lui demanda ce qu'il se passait. Elle tenta de l'éviter mais il insista alors elle lui déballa tout. Elle avait besoin de raconter tout ça à quelqu'un de toutes manières. Elle finit par lui annoncer qu'elle allait arrêter la gym. Il parut surpris 

- La seule raison pour laquelle j'allais m'entraîner tous les jours, c'était pour rendre ma mère fière. Pour lui montrer qu'elle avait raison d'y croire. Maintenant je n'ai plus aucune raison de continuer. 

  Il ne répondit pas et, considérant que la conversation était terminée, Emmy rejoignit sa chambre. 

Ce soir-là, sous ses couvertures, Emmy commença doucement à pleurer. Elle se reprit rapidement, détestant pleurer. Soudainement, elle entendit à nouveau des bruits bizarres. Les mêmes que la nuit précédentes sauf qu'elle était bien réveillée cette fois. Et qu'ils étaient plus forts. Elle ne pouvait pas fermer les yeux, les bruits et les ombres lui jouant des tours. Elle avait l'impression de ne pas être seule dans sa chambre. Elle ne comprenait pas d'où venaient les bruits. La peur commençait à lui manger le ventre.

Elle pleura à nouveau, de peur cette fois et, considérant qu'elle devait s'enfuir, prit son courage à deux mains avant de partir en courant dans le couloir. 

Un fois en bas, elle réalisa qu'elle ne pouvait pas sortir ainsi au milieu de la nuit. Elle pensa donc à Adam et alla toquer à sa porte.

Elle tremblait toujours de peur.

Gymnaste en périlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant