PDV externe
« Le destin m'a souri, il m'a fait un cadeau
Il m'a jeté sur une étoile chaude si près de la peau, si loin des yeux
Je prends mon destin en main, mon désir est masculin
Où l'eau douce meurt, parce qu'elle est gâtée par le sel
Je porte le petit prince dans mon esprit, un roi sans reine
Lorsqu'une femme s'égare avec moi, la face claire du monde est troublée
Homme contre homme, ma peau appartient aux messieurs
Homme contre homme, qui se ressemble s'assemble volontiers
Homme contre homme, je suis le serviteur de deux seigneurs
Homme contre homme, qui se ressemble s'assemble
Je suis le coin de toutes les pièces, l'ombre de tous les arbres
Dans ma chaine ne manque aucun maillon
Mais quand l'envie me prend par derrière, mon sexe me traite de traître
Je suis le cauchemar de tous les pères, aucun équilibre ne m'intéresse
Le soleil brille sur mon visage, mais mon coeur a froid certains jours
Des langues froides qui frappent là »
Pour la troisième -ou quatrième- fois, Till relit le texte qu'il vient d'achever après avoir passé une nuit quasi blanche à écrire, raturer, recommencer. Puis il tente de trouver un air sur lequel poser ses paroles pour voir si ça peut coller en chanson, fredonnant gaiement le premier couplet. « Gaiement, c'est le mot » pense ironiquement le chanteur. Satisfait, il soupire en se levant de son canapé, laissant la feuille entièrement remplie de sa grosse écriture italique sur la table basse pour aller prendre une douche.
Il n'a plus qu'à présenter sa chanson au reste du groupe. Comment vont-ils accueillir ce texte si particulier ? Il aura la réponse ce midi, les ayant tous convié pour le déjeuner.
L'heure du rendez-vous chez Till a sonné, les membres du groupe arrivent au fur et à mesure. Doom est le premier à arriver, étant même en avance comme à son habitude. De nature serviable, il donne un coup de main à Till pour finir de préparer les toasts qui allaient nourrir la troupe. Flake arrive ensuite, traînant sur son visage son air rêveur habituel, suivi de près par Oli qui porte un bonnet malgré la douce chaleur de printemps pour planquer sa calvitie, puis par Richard qui, impeccablement maquillé et coiffé, fait fureur dans sa tenue en cuir.
Till invite tout le monde à s'asseoir autour de la table du salon, disposant l'apéritif au milieu.
-Je pense que nous pouvons commencer. Servez-vous donc des bières, annonce-t-il.
-Paul manque à l'appel, répond Richard.
Till hausse les épaules :
-Comme d'habitude, non ? Il est toujours en retard. Servez-vous je vous dis, ça le fera venir.
Le groupe ne se fait pas prier et chacun se sert une bière, avant de commencer à piocher dans les bols remplis de gâteaux apéritifs et de partir dans une discussion animée sur le futur album.
PDV Paul
C'est avec une demi heure de retard que j'arrive chez Till. J'ouvre la porte d'entrée et je les entends déjà tous en pleine conversation, ils ont encore commencé sans moi ! C'est avec le souffle court et les joues rouges que je fais irruption dans la pièce, déclarant d'une petite voix :
