PDV Paul
J'ai mal dormi cette nuit. Je n'ai pas arrêté de faire les cent pas quand je suis rentré chez moi, avant d'ouvrir une bouteille de whisky et de la liquider à moi tout seul. Nikki n'était même pas là quand je suis arrivé, son téléphone était éteint et elle ne m'avait laissé aucun mot. Ça valait le coup de rentrer pour essayer d'arranger les choses, tiens. Je me suis ensuite écroulé lamentablement sur le lit, j'ai dû me retourner dans tous les sens possibles pour trouver la bonne position qui pourrait m'aider à m'endormir, et ce n'est qu'au petit matin que j'ai enfin réussi à somnoler. Nikki est rentrée vers 6h je crois, et elle s'est glissée dans le lit à côté de moi sans rien me dire. Elle sentait le parfum de luxe à plein nez -celui que je déteste car il est trop fort- et elle s'est couchée habillée semble-t-il.
Il est 10h passées et j'essaie de retrouver mes esprits mais ça tambourine dans ma tête. Aïe, je n'aurais pas dû forcer sur le whisky hier soir tout seul comme un con... Je sens ma femme bouger à côté de moi avant de venir se coller contre mon corps. Ah, elle n'est pas habillée en fait, je sens sa peau nue contre la mienne. Nikki dépose un léger baiser sur le haut de ma nuque avant d'y planter délicatement ses dents et de faire glisser ses mains sur mon torse. Non mais je crois rêver. Elle s'est éclipsée toute la nuit sans même me prévenir et me dire où elle était et elle voudrait un câlin de réconciliation ? Certainement pas, d'ailleurs je repousse sa main sans ménagement.
-Qu'est-ce qu'il y a Paul ? me demande-t-elle sèchement.
-Qu'est-ce qu'il y a Nikki ?
-Eh bien tu vois, je viens vers toi. Comme tu es incapable de le faire...
-Tu as du culot d'essayer de m'avoir alors que je t'ai attendu toute la nuit. D'ailleurs, tu étais où ? Parce que je t'ai appelé peut-être une trentaine de fois, et je n'ai vu aucun mot laissé quelque part, à moins que tu essaies de me faire gober que c'est le chien qui a déchiré la feuille ?
-J'étais en colère contre toi. Ça fait plusieurs semaines que tu me repousses, Paul. A croire que tu ne m'aimes plus. J'ai beau essayer de revenir vers toi que tu me fuis.
-Tu crois sérieusement que c'est comme ça qu'on s'y prend pour réparer quelque chose qui est cassé ? Ce n'est pas une réconciliation sur l'oreiller qui va tout arranger, d'ailleurs je ne suis pas ton jouet.
-Non mais tu es mon mari... commence-t-elle.
-ça veut donc dire que je dois me plier aux quatre volontés de madame Landers ?
-En théorie...
Je me lève brusquement du lit, j'en ai assez entendu. Je sens le regard de Nikki qui me fixe tandis que je cherche un tee-shirt dans l'armoire.
-En théorie, mais pas en pratique. Tu ne peux pas m'assassiner de reproches chaque jour et ensuite revenir me quémander tes désirs comme si de rien n'était, répondis-je sèchement.
-J'imagine que tu ne seras pas là aujourd'hui ? Me demande-t-elle.
-Non. On a du boulot avec le groupe.
Sur ces paroles, je me dirige vers la cuisine manger un croissant qui traînait par là, j'avale un aspirine pour mon mal de tête, puis j'envoie un message à Till : "on bosse aujourd'hui ?". En attendant sa réponse, je vais me réveiller davantage sous la douche.
PDV Richard
Des cris venant du logement d'à côté se font entendre, me réveillant en sursaut. Ah tiens, ce sont encore les voisins en pleine dispute, quelle joie d'habiter un appartement Berlinois. Il faudrait que je me décide un jour à déménager en maison, ce serait plus confortable pour moi, pour faire de la musique sans déranger personne au lieu de squatter toujours chez Till ou Paul pour le faire. Oui, ce serait vraiment bien mais ayant toujours vécu en plein centre, j'ai un peu la trouille de franchir le pas et de m'ennuyer ailleurs. Les maisons ici sont hors de prix à Berlin, je gagne bien ma vie mais pas au point d'être riche comme crésus. La seule solution serait d'opter pour une maison tranquille en périphérie de la capitale ou même carrément déménager à la campagne comme l'ont fait la plupart de mes camarades. Le hic, c'est que je n'ai vraiment pas la main verte donc je serais incapable d'entretenir correctement un jardin, à en juger par la mine désastreuse du yucca crevé dans mon salon que Paul m'avait offert.