Chapitre 10

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PDV Richard

Je me réveille une nouvelle fois seul. C'est le cinquième matin où Paul ne m'attend plus pour se lever. Il se réveille bien avant moi et je le retrouve tous les matins dans la cuisine, devant son petit déjeuner qu'il peine à toucher. Je sais qu'il ne va pas bien, tout comme moi. Mais nous n'en parlons pas. Depuis l'histoire de cette chanson, nous ne parlons plus beaucoup à vrai dire, nous nous contentons d'échanger des banalités. Les contacts physiques ne se font plus, comme s'ils n'avaient jamais existé. Comme si nous n'avions qu'une banale amitié...

Notre fusion me manque terriblement, même nos contacts visuels pourtant si forts ne s'établissent plus comme avant. J'ai peur d'avoir perdu une partie de mon amitié avec Paul mais je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. C'est moi qui lui ai menti après tout... Par lâcheté, je me suis embourbé dans mes propres mensonges et je sais qu'il y aura des retombées tôt ou tard. Ça a déjà commencé d'ailleurs, avec cette distance que Paul maintient entre nous... J'ai beau essayer de me rapprocher de lui chaque soir au moment de se coucher, rien n'y fait.

Je repousse la couette qui me recouvre le corps d'un geste agacé et je descends dans la cuisine, vêtu d'un simple caleçon. Mais il n'est pas là. Je trouve une tasse de café froide à moitié vide, ainsi qu'un croissant qui traînent sur le plan de travail qu'il n'a même pas touché. Il a dû se lever il y a un moment, je ne l'ai même pas entendu. Il n'y a personne au salon non plus. Je vais sous le porche d'entrée et je scrute les alentours, Paul n'est pas là. Je me dirige vers le garage, j'y trouve sa voiture. Mais pas lui. 

Je n'ai pas besoin de chercher longtemps, je sais où il est. Et je vais le rejoindre.

Je remonte à l'étage, prends une douche rapide et en moins de deux, je suis habillé et prêt à aller le voir. Je fais l'impasse sur ma coiffure et mon maquillage, le plus important c'est Paul. Je voudrais tellement qu'il me parle... Qu'on se parle... Qu'on se dise ces choses qui nous font peur à tous les deux... Je ferme les fenêtres ouvertes et verrouille la porte avant de partir, puis je me dirige vers l'arrière du jardin de Paul. Son extérieur est longé par un petit bois qui mène à une cascade. Paul va toujours là-bas quand il ne va pas bien ou quand il veut réfléchir. Je suis venu peu de fois avec lui à cet endroit mais je m'en souviens.

Je m'enfonce dans ce bois, mes pieds s'enlisant dans un tas à moitié boueux de feuilles mortes. Le temps est gris ce matin, brumeux, à l'image de mon humeur et de mes états d'âme. 

Après un quart d'heure de marche rendue pénible par la terre humide, j'aperçois la silhouette de Paul assis sur un gros rocher, dos à moi. Je m'arrête et prends une profonde inspiration avant de m'approcher de lui. 

Paul Landers, il va falloir qu'on parle...


PDV Paul

J'entends des pas derrière moi qui s'approchent et des petits morceaux de branches craqueter, écrasés sous des chaussures. Je sais qui est là, il est venu...

-Je savais que je te trouverais ici, murmure la voix de Richard.

-Pourtant, je ne t'ai pas beaucoup amené à cet endroit, répondis-je. Je venais toujours ici avec Nikki quand nous n'arrivions plus à nous comprendre.

-Elle te manque ?

-Non, je suis passé à autre chose.

Richard s'installe à côté de moi, sans dire un mot. Seuls le silence et la tension non retombée entre nous deux sont perceptibles. Nous regardons droit devant nous, fixant cette petite cascade, perdus tous les deux dans nos pensées.

Mon désir est masculinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant