✾ Chapitre 2 ✾

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Les premiers rayons du soleil commençaient à percer à travers les denses arbres de la forêt, éclairant peu à peu les environs. Changbin grommela en se retournant sous sa fourrure ; le réveil avait toujours été un moment difficile pour lui, surtout lorsque les nuits étaient fraîches. Dans ces cas-là, son sommeil en était bien moins récupérateur, surtout comparé à quand il se payait le luxe de dormir dans une auberge. Rien ne valait le confort d'un bon lit. 

Il se redressa en sentant quelque chose bouger contre lui et posa machinalement la main sur son poignard. La jeune femme qu'il avait secourue la veille se trouvait là, à côté de lui, allongée sur la même peau de bête. Changbin l'observa silencieusement. Certes, il savait qu'il avait la faculté d'attirer les femmes plutôt facilement, mais de là à ce que la princesse ne vienne le rejoindre à son insu pendant la nuit... Il devait avouer que ça le surprenait beaucoup, et en même temps, il en était ravi.

Il soupira longuement en regardant la belle dormir paisiblement. Il aurait tellement pu en profiter pour jeter un rapide coup d'oeil sous ses vêtements, mais la jeune femme se mit à remuer un peu et il se déroba. 

Vingt jours qu'elle avait été kidnappée, elle avait dû avoir tellement peur ! Être enlevée par quatre ravisseurs pour ensuite chevaucher pendant des jours vers une contrée inconnue alors qu'elle n'avait probablement jamais mis les pieds ne serait-ce qu'en dehors de son château... Et voilà qu'elle se retrouvait à demander l'aide d'un mercenaire, un peu obsédé sur les bords, pour espérer pouvoir un jour rentrer chez elle.

Même si Changbin était bien loin de toutes ces histoires de royaumes, de noms et d'héritiers, il avait souvent entendu parler du sort réservé aux princes et princesses kidnappés par des souverains voisins. Emprisonnement, torture, dispartition mystérieuse… Tout se terminait souvent par la même chose : la mort. 

Rares étaient les rois qui laissaient la vie sauve à leurs "prisonniers de guerre". Lorsque c'était le cas, ils forçaient les parents de leurs captifs à céder le trône et à ce qu'ils renoncent à leur nom. Mais ça n'arrivait que rarement. De toute façon, sans nom ou sans descendant, le résultat était le même, le royaume prenait fin. Alors si Félix n'avait pas eu la chance de tomber sur lui, Changbin n'aurait pas donné cher de sa peau. La princesse devait penser la même chose, elle devait se douter qu'elle avait chevauché vingt jours vers une mort certaine.

Félix ouvrit doucement les yeux et se redressa. Elle paniqua soudain en regardant autour d'elle, avant de poser les yeux sur Changbin. Ce dernier pencha la tête et haussa un sourcil interrogateur.

— Je peux savoir ce que tu fais sur ma peau de bête ? fit-il faussement agacé. Je pensais que tu étais censée dormir de l'autre côté du feu.

— Je suis désolée, s'excusa la princesse, j'ai eu froid pendant la nuit... Alors...

— Alors t'as cherché un peu de chaleur humaine ? pouffa le noiraud en se levant.

— Où est-ce que vous allez ? demanda Félix, inquiète de le voir s'éloigner.

— Je vais pisser Princesse, et à moins que vous n'ayez envie d'y assister, je vais aller faire ça plus loin.

Le visage de Félix vira au rouge vif et elle détourna le regard. Changbin s'en amusa beaucoup.

— Il y a de la nourriture dans la sacoche là-bas, dit-il en indiquant son paquetage avant de s'éloigner.

La jeune femme hocha la tête et alla grignoter quelques baies que Changbin avait ramassées la veille. Il revint quelques instants plus tard et l'imita. Félix alla à son tour assouvir ses besoins dans les fourrées, à l'abri des regards intéressés de son sauveur, et, quand elle revint, il était en train de seller son cheval. Le gros hongre noir portait toutes les affaires du jeune homme qu'il avait préalablement rangées de façon méthodique, afin que tout puisse tenir sur sa croupe.

Ambivalent ~ [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant