✾ Chapitre final ✾

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Félix avait manqué de s'étouffer avec sa salive, il s'était redressé pour s'approcher du mercenaire.

— Pardon ?

— Écoute, je suis en colère, je t'en veux, mais je ne peux quand même pas me résoudre à t'abandonner ici en sachant que ce roi va te condamner à mort. Alors tu viens avec moi. À moins que l'idée d'avoir la tête tranchée te tente ?

Le prince secoua vivement la tête. Hors de question ! Il en avait déjà assez eu avec toutes les cicatrices sur sa gorge. Il porta la main sur celle-ci et déglutit.

— Allez, aide-moi, il faut qu'on parte avant que le roi ne remarque ton absence.

— Mais les gardes vont me reconnaître ! Ils ont presque tous vu mon visage.

— Tu n'as qu'à mettre ça.

Changbin s'avança et tira sur la capuche de sa cape pour cacher le visage de Felix. Il lui tendit également des vêtements en boule et Félix cligna rapidement des yeux.

— C'est mes affaires ? Mais comment ?

Le noiraud soupira, comme pris la main dans le sac.

— Avant de te trouver ici, je suis allé faire le tour du château. Tu sais, une fenêtre ouverte, je me suis servi, tu me connais...

Félix n'en croyait pas ses oreilles. Dès qu'il avait su qu'il était en danger, Changbin s'était tout de suite lancé à sa rescousse ? Il avait du mal à y croire après les paroles blessantes qu'il lui avait dites la veille, pourtant il n'avait pas l'air de mentir.

Le noiraud prépara les chevaux, profitant du fait que les écuries étaient encore vides. La nuit était toujours plus sombre quelques instants avant le lever du soleil et il voulait profiter de cette obscurité pour passer les gardes à l'entrée de la ville le plus discrètement possible. Personne n'avait l'air de s'être encore rendu compte de la disparition de Félix, et il devait également profiter de cela car, une fois la découverte de son absence faite, nul doute que la ville serait mise sens dessus dessous pour le retrouver. Le roi voulait sa tête.

— Monte sur Velours, dit Changbin en tendant les rênes de la jument au prince. Si on doit fuir, ça sera plus simple si on a chacun notre monture.

Félix saisit les lanières de cuir et hocha simplement la tête. Le mercenaire avait préparé les selles et les paquetages, tout était bien attaché, il ne leur restait plus qu'à espérer que tout se passe sans encombre.

Une fois sortis des écuries, Changbin aida le prince a monter sur sa jument - par habitude sans doute - avant de se hisser lui-même sur la selle de Kobalt. Il avait eu le temps de s'habituer à la capitale en se rendant à l'auberge et il savait par où passer pour rejoindre l'entrée principale de la grande ville. Il aurait volontiers traversé les rues au grand galop pour partir plus vite, comme cela avait été le cas au royaume des Bang, mais il ne voulait pas non plus attirer l'attention.

Félix avait toujours son épaisse cape sur le dos et il avait pris soin de mettre sa capuche afin de cacher son visage comme Changbin le lui avait dit, mais également son pyjama princier. Il aurait facilement pu attirer les regards de n'importe qui, même en pleine nuit. Il aurait préféré monter derrière Changbin et pouvoir se blottir contre lui afin de se sentir protégé et là, seul sur Velours, il se sentait faible et vulnérable, à la mercie du moindre ennemi. Maintenant qu'il savait être l'homme à abattre du royaume, ça n'arrangeait en rien les choses.

Ils traversèrent les allées pavées, approchant progressivement des remparts. Félix avait la boule au ventre et Changbin, même s'il essayait de ne rien laisser paraître, se sentait tout aussi anxieux. Plus les portes de la ville se dressaient devant eux, plus leur inquiétude grandissait. Le mercenaire avait laissé son arc et son carquois à portée de main. Au moindre problème, il était prêt à faire feu sur leurs ennemis.

Comme il faisait encore nuit, les lourdes portes de la forteresse étaient fermées et gardées, ils allaient donc devoir les faire ouvrir sans attirer l'attention et sans éveiller les soupçons des gardes. Changbin arrêta Kobalt et attrapa Félix par le bras avant de se pencher vers lui.

— S'il y a le moindre problème, tu t'enfuis, tu m'entends ?

— Mais...

— Tu t'enfuis ! Tu mets cette grosse jument au galop et tu t'éloignes le plus possible de cet endroit, compris ?

Le noiraud était on ne peut plus sérieux, le prince l'avait bien vu dans son regard et même s'il n'avait aucune envie d'être à nouveau séparé du mercenaire, il ne semblait pas avoir le choix. Il pinça ses lèvres, pensant ainsi montrer son profond désaccord. Changbin le dévisagea avant de soupirer en levant les yeux au ciel.

— Je te promets que je te retrouverai, d'accord ? Mais avant cela, le plus important c'est que tu partes d'ici...

Félix hocha tristement la tête en signe d'accord. Il espérait qu'ils n'auraient pas à se séparer comme Changbin semblait le craindre.

— Vous quittez la ville bien tôt, leur dit l'un des gardes en s'avançant vers eux lorsqu'ils furent près des portes.

— Nous préférons voyager lorsqu'il fait encore frais, c'est plus agréable pour les chevaux, lui répondit le mercenaire en tapotant l'encolure de son cheval comme pour se justifier.

Le soldat hocha simplement la tête et ordonna d'un geste aux autres de leur laisser la voie libre. Ils passèrent tous deux les remparts au moment où une cloche se mit à retentir dans la nuit, alertant les gardes et réveillant les habitants.

— Le prisonnier s'est échappé ! hurla une voix au loin. Fermez les portes ! Personne ne doit quitter la ville !

Le garde releva la tête vers les deux voyageurs. Il avait compris. Il ordonna aux autres de refermer les portes. Changbin dégaina son arc et, à l'aide de celui-ci, il donna un coup sur la croupe de Velours. La jument hennit un grand coup avant de s'élancer au galop à travers les portes à peine ouvertes. Félix eut juste le temps de se retourner pour voir le noiraud le suivre d'un peu plus loin, il armait son arc et tirait déjà des flèches sur les gardes les plus proches, les empêchant ainsi de se lancer à la poursuite du prince.

— Changbin ! cria-t-il en voyant que ce dernier ne le suivait pas.

Il restait volontairement près des remparts comme pour servir d'appât, laissant ainsi le temps à Félix de s'éloigner au maximum.

— Le plus loin possible Félix ! lui cria le mercenaire une fois à cours de flèches.

Le prince eut le temps de voir la lame de son sauveur s'abattre sur le crâne d'un des soldats venus en renfort tandis que des dizaines de corps gisaient déjà autour des portes. Des flèches dans le cœur. Ou en pleine tête. Et si le prince n'avait pas prié Érésis depuis des semaines, cette fois il ferma les yeux le plus fort possible tout en serrant ses petits doigts sur les rênes de sa monture. D'une voix qui se cassa en un sanglot, il murmura :

— Je vous en supplie, sauvez Changbin...

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Non, vous ne rêvez pas mes petites pommes, c'est bien la fin de Ambivalent...
J'espère que cette histoire vous a plu et que vous avez pris plaisir à la lire ❤️
Un grand merci pour vos votes, vos vues et vos commentaires !

À bientôt pour d'autres histoires ❤️










Peut-être que ça n'est pas tout à fait la fin.... 🙊

Ambivalent ~ [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant