Ambivalent ~ [TERMINÉE]

✾ Chapitre 10 ✾

Le lendemain, Changbin était occupé à préparer les selles des chevaux ainsi que les paquetages. Maintenant qu’il avait deux chevaux, il pouvait mieux équilibrer le chargement de chacun afin de les soulager au maximum. Félix était en train de trier des vivres que les fermiers leur avaient offerts, elle avait l’air absent.

— Tu ne te sens pas bien ? lui demanda le noiraud alors qu’elle soupirait comme si elle avait mal quelque part.

La princesse leva les yeux vers lui et secoua la tête.

— Non, tout va bien…

Ils devaient quitter la ferme le lendemain matin à la première heure, et ça n’était pas vraiment le moment pour que la jeune femme ne tombe malade. Elle avait peut-être pris froid en trempant ses jambes dans le lac la veille et si c’était ça, alors Jisung pouvait être tenu pour responsable. Changbin les y avait finalement accompagnés, et il avait bien fait. Il avait dû empêcher le fermier de jeter Félix à l’eau à plusieurs reprises et l’endroit était bien trop romantique pour les y laisser seuls. 

La princesse avait bien ri, elle avait passé un bon moment avec les deux garçons à les regarder se chamailler pour des broutilles ou s’affronter dans des duels plus ridicules les uns que les autres. Elle avait découvert Changbin sous un autre angle ; le mercenaire pervers et qui n’hésitait pas à tuer quiconque le menaçait, possédait tout de même encore une part d’immaturité lorsqu’il s’agissait de bataille d’eau et de concours d’apné. Et tout cela ne le rendait que plus humain aux yeux de la jeune femme, il avait un côté adorable. 

Changbin profita du dîner pour offrir à leurs hôtes les cadeaux qu’il avait préparés la veille. Il avait même, dans sa grande bonté, décidé de donner à Jisung une chevalière qu’il avait trouvé dans les sacoches du marchand. La moins travaillée de toutes, certes il ne fallait pas exagérer, mais tout de même, c’était l’intention qui comptait. 

Siwon et Jeongyeon n’avaient pas tout de suite accepté car après tout, s’ils avaient accueilli le couple de voyageurs c’était de bon cœur, pas pour espérer en récolter une quelconque récompense. Mais Félix avait tourné la chose différemment, leur expliquant qu’ils n’avaient qu’à voir les cadeaux comme des souvenirs de leur rencontre et ils finirent par accepter les présents avec grand plaisir.

Après le repas, Jisung avait proposé à Félix d’aller faire une petite promenade digestive juste avant que le soleil ne disparaisse totalement derrière l’horizon. Ils allaient encore se côtoyer durant plusieurs jours jusqu’à la ville, mais le fait de quitter la ferme rendait la princesse un peu triste. Elle avait voulu proposer à Changbin de les accompagner, mais le jeune fermier l’en avait dissuadé. Sauf que le noiraud n’était pas dupe, il avait bien vu les deux plus jeunes s’éloigner ensemble et, malgré le fait qu’il fulminait intérieurement, il ne pouvait pas constamment surveiller Félix. Ils avaient déjà parlé de Jisung, si elle voulait le fréquenter alors très bien, grand bien lui fasse.

Changbin avait beau jouer les gros durs, il s’était fait un sang d’encre jusqu’au retour de la princesse dans leur chambre de fortune qu’était la grange. Le soleil était couché depuis un bon moment déjà, et le noiraud s’inquiétait. Il avait beau dire qu’il s’en fichait, il n’avait pas réussi à trouver le sommeil et s’était contenté de fixer le plafond pendant des heures. Son esprit lui jouait tout un tas de scénarios dans lesquels Jisung finissait entre les jambes de Félix, dans les bois, à la belle étoile, et Changbin avait envie de se mettre des claques en espérant pouvoir en mettre également au fermier par la pensée. 

Le mercenaire et la princesse se côtoyaient depuis des semaines et il aurait suffi de trois jours pour qu’elle accepte de se faire déflorer par un paysan ? Ridicule. Changbin lui avait accessoirement sauvé la vie plusieurs fois en plus ! Alors qu’est-ce que le brun avait de plus que lui ? Des lapins ?