Liberté

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Bon. C'est un échec. Encore.

La situation est ma foi plutôt désespérée. ENCORE.

Et contre toute attente, la faute ne revient pas à Cendrillon. Sa romance est bien réelle et il s'est même avéré que l'inconnu, notre sauveur, s'agit en fait du prince. Bien joué Cen-Cen. Il est tellement mordu - bon dieu comment a-t-il pu tomber amoureux de ça ? - qu'il a envoyé le Grand Duc, l'homme qui la poursuivait dans l'escalier, la rechercher dans tout le royaume. Que c'est émouvant.

La faute je disais donc, revient à son abrutie de marâtre. Ce monstre a enfermé Cendrillon à double tour dans sa chambre. Gus et moi sommes parvenus à subtiliser les clés à l'autre grognasse - bien que Gus ait faillit se faire ébouillanter et moi écraser - et nous nous retrouvons face au vertigineux escaliers qui mène à la chambre de la mangeuse de souris emprisonnée. Des escaliers vertigineux et l'incapacité d'utiliser nos passages secrets à cause de la taille de la fameuse clé. Dilemme. La mission "Bye Bye Cendrillon" vaut-elle vraiment cet effort surhumain ? Gus ne m'a pas l'air très motivé et je dois bien avouer que je ne le suis pas beaucoup plus. Ce n'est pas la difficulté de la tâche qui me fait douter, rien n'est impossible pour moi, mais son but. La fin, à savoir chasser Cendrillon, justifie-t-elle les moyens, à savoir se briser le dos ?

Comme pour répondre à mon débat intérieur, Mert et Suzy nous rejoignent à cet instant.

« Que se passe-t-il ? Le Grand Duc est ici pour Cendrillon, où est-elle ? »

Je leur explique brièvement la situation. J'aurais aimé leur conter d'une manière plus dramatique mais le temps est après moi.

« Dépêchons-nous de lui apporter ! s'écrit Suzy. Nous sommes si prêts du but ! »

La décision est donc prise. Nous commençons notre fastidieuse ascension. Il y a intérêt à ce que Cendrillon quitte cette maison après cela ! Et au triple galop !

Une marche. Deux marches. Trois marches.

J'ai mal au dos.

Quatre. Cinq. Six.

Gus halète comme s'il était en train d'accoucher de bébés souris.

Sept. Huit. Neuf.

Il doit certainement regretté sa gourmandise, son poids l'handicape beaucoup dans cette ascension.

Dix. Onze. Douze.

L'idée que Gus passe un moment encore plus désagréable que moi me réconforte un peu. Je remercie la nature de m'avoir fait aussi fort.

Vingt. Vingt-et-un. Vingt-deux.

Nous n'avançons décidément pas bien vite. A ce rythme, le Grand Duc sera parti avant même que nous atteignons la moitié de l'escalier. Quelle idée de vivre dans un grenier aussi ?

Cinquante-trois. Cinquante-quatre.Cinquante-cinq.

Mert et Suzy nous ont relayé. Je me plais à observer Mert souffrir plus encore que je souffrais quelques minutes plus tôt. Cela ne fait cependant pas de moi une souris sadique, mais une souris simple, qui sait ce contenter de ce que la vie lui offre. Et, en l'occurrence, la vision de Mert en sueur, à bout de souffle et de force, suffit amplement à me rendre heureux.

Cent douze.

Nous touchons au but. Dans un ultime effort, nous franchissons la dernière marche.

Alors que nous arrivons enfin devant la fameuse porte, le diabolique chat capture Gus sous un bol. Bon sang, que fait-il avec un bol ?! Ce chat porte décidément bien son nom, nul doute qu'il possède quelques pouvoirs occultes pour arriver précisément au mauvais endroit au mauvais moment avec un bol. La situation est bien trop improbable pour qu'il ne s'agisse que d'une coïncidence.

La révolte des sourisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant