Chapitre 13

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Hermione n'arrivait pas à penser à autre chose. La seule chose qui flottait dans son esprit était la conversation de Malefoy avec l'autre garce de Parkinson. Elle s'était réfugiée près du lac. Ici, personne ne viendrait la chercher, pas à cette époque de l'année. Il faisait bien trop froid et personne ne s'aventurait très loin du château. Elle avait déversé toute sa haine, toute sa colère contre Malefoy, hurlant aux énormes tentacules qui déchiraient parfois la surface lisse du lac, à quel point ils étaient coupables de son malheur. D'un pas énervé, elle rejoignit le château, les joues rougies, le nez glacé, elle alla prendre le diner avec ses amis. Elle ne décrocha pas un mot du repas. Harry n'insista pas, et Ron était encore bien trop mal à l'aise pour oser lui adresser la parole.

Au fur et à mesure du repas, elle sentait sa colère s'évaporer en même temps que son courage. Sa peine prenait le dessus, et elle devint plus maussade qu'enragée. Elle rejoignit ses appartements en trainant des pieds, saluant mollement ses amis.

Lorsqu'elle passa le tableau qui protégeait l'entrée de la salle commune, elle aperçut aussitôt Malefoy avec son éternel verre à la main. Elle ne put retenir un soupir et ça n'échappa pas au Serpentard.

- T'as quelque chose à dire, Granger ?

- Oh non, je ne voudrais pas t'ennuyer avec ma voix de sang de bourbe.

Il n'y avait pas de colère dans sa voix, seulement une grande lassitude alors qu'elle se trainait toujours vers sa chambre. Le sang de Malefoy ne fit qu'un tour. Il ne supportait pas que Granger l'ignore ainsi, qu'elle le traite comme un moins que rien. Les yeux rougis, il était redevenu celui qu'elle côtoyait depuis le début de l'année.

- Je ne te permets pas de me parler ainsi, petite chose, siffla-t-il.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Ça ne te dérangeait pas tant que ça avant.

- T'as pas envie d'aller trainer avec ta petite-copine Parkinson plutôt ? J'ai envie de me coucher.

Il attrapa violemment son poignet elle retint une grimace douloureuse. Toujours aussi brutal. Particulièrement quand il avait bu. Il n'aimait pas ce qu'il voyait dans son regard, ça le rendait fou, cette indifférence lourde. Il voulait qu'elle le regarde avec ses mêmes yeux qu'elle avait posé sur lui pendant plusieurs semaines. Tout ça, à cause de Parkinson, pensa-t-il.

- Pourquoi tu joues la mijaurée ? Qu'est-ce que tu croyais ? Je suis Drago Malefoy, tu n'ignores pas que les sangs de bourbe, ce n'est pas ma tasse de thé.

- Alors pourquoi me parler pendant tout ce temps ? Pourquoi tu joues à ce jeu avec moi ?

- Mais de quel jeu tu parles, Granger ? Tu ne vas pas me dire que tout ça te plait quand même ?

Chaque mot était dur. Plein d'une rage, d'une colère et d'une haine sans nom. Jamais son regard n'avait semblé si froid, plein de rancœur. Son cœur se compressait dans une étreinte douloureuse, alors que la verve sanguinaire de Malefoy glissait dans ses veines.

Qu'est-ce qu'elle avait espéré ? Qu'est-ce qu'elle avait cru ? Elle ne savait pas, elle ne s'était jamais posée la question après tout. Pourtant Malefoy avait réussi à la manipuler, s'insinuant lentement mais sûrement dans son esprit, dans son cœur et dans tout son corps. A présent, il lui faisait mal comme il ne l'avait jamais fait : en la repoussant. Quelle imbécile.

Malefoy pouvait voir la peine s'installer peu à peu dans le regard de son ennemi de toujours, et les mots ne cessaient de sortir de sa bouche. Il voulait s'arrêter. Il voulait se taire et lui dire qu'il était désolé, mais l'alcool parlait à sa place. Parce que la honte de s'être fait prendre à dire quelque chose qu'il pensait à tout jamais enfoui dans l'esprit de Parkinson avait été entendu par la seule personne qu'il souhaitait ignorante de cette conversation. Le dépit l'avait poussé vers l'alcool. Il aurait dû savoir que l'alcool ne l'aidait pas. Que l'alcool envenimait toujours la situation.

Tout le monde peut être sauvé, Miss Granger.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant