Chapitre 21

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Hermione était lucide. Elle tombait éperdument amoureuse de son bourreau de toujours. Elle ne l'aurait jamais avoué à qui que ce soit, certainement pas à l'intéressé, ni à personne d'autre même sous la torture. Ce sourire ironique et froid, ornant à peine ses lèvres fines la faisait tomber par terre, sa voix douce la faisait chavirer, et ses phrases élégamment tournées la faisaient rougir. Ses cheveux blonds, sa démarche aristocratique, ses yeux d'un gris hypnotisant, son corps athlétique qu'elle pouvait parfois deviner à travers son uniforme ne la laissaient pas indifférentes. Hermione devait l'avouer, son regard s'accrochait bien trop souvent et bien trop longtemps sur le Serpentard, et cela n'échappait pas à son ami qui se méprenait toutefois sur les raisons de cette attention.

Lorsqu'il lui posait la moindre question, Hermione se tendait comme un arc sur sa chaise, fuyait son regard, rougissait et bégayait. Et Hermione ne bégayait jamais, Harry le savait. Malefoy devait faire de sa vie un enfer, et Hermione refusait de lui dire de peur qu'il aille chercher la bagarre avec ce serpent.

Il était loin de la vérité, et Hermione en était mortifiée. Son ami semblait comprendre le contraire de ce qu'elle essayait de lui expliquer. Elle voulait simplement l'éloigner de Malefoy, qu'il ne devine pas ce qui pouvait bien se passer entre les deux Némésis de toujours. Malheureusement, toute sa haine se concentrait toujours plus sur Malefoy.

-      Harry, tu fais une véritable obsession sur Drago. C'est ridicule, nous ne sommes plus des enfants.

-      Depuis quand c'est Drago ? fulmina Harry en regardant mauvaisement Malefoy. Tu refuses de me dire ce qu'il te fait subir, mais je ne suis pas dupe, Hermione.

-      Tu te fais des films ! dit-elle irritée, en ignorant la chaleur de ses joues.

Il bougonna en plantant sa fourchette dans son blanc de poulet.

-      Je suis sûr que c'est un mangemort, il est une menace plus que jamais, et toi tu crois qu'il y a encore quelque chose à tirer de cette fouine. C'est lui qui a ensorcelé Katie, j'en suis certain ! Elle ne s'en rappelle pas, mais il la fuit depuis les vacances de Noël, tu n'as rien remarqué ?

-      Non, Harry, parce que je ne le traque pas sur la carte du maraudeur nuit et jour ! dit-elle en roulant des yeux en buvant une gorgée de jus de citrouille.

Harry resta mutique, ruminant et marmonnant. Hermione alla chercher un énième livre dans les rayons de la bibliothèque et se replongea dans ses devoirs. Lorsqu'Harry était ainsi, il valait mieux le laisser se calmer. Hermione savait que sa théorie du complot n'avait jamais été si proche de la réalité, et elle s'en voulait de lui faire croire qu'il était fou de penser à une chose pareille. Il était son ami, et elle se devait de le soutenir, pourtant elle le détournait de la piste mangemort qu'était Drago Malefoy. Pour protéger son ennemi de toujours. Elle se rassurait comme elle le pouvait, après tout Dumbledore était tout à fait capable de gérer la situation. Cela apaisait quelque peu sa conscience.

-      Comment va Ron ? demanda Hermione pour changer de sujet.

-      Plus ou moins bien. Il reste dans son lit toute la journée, et ne mange pas grand-chose mais ses séances avec le psychomage lui font du bien, je crois.

A vrai dire, Hermione ne voyait plus le rouquin depuis plusieurs semaines. Le seul moment où elle l'apercevait, c'était en cours et il n'avait jamais été aussi discret. Parfois il venait dans la Grande Salle, mais il n'y restait jamais bien longtemps, assis à un bout de table, le nez plongé dans une assiette à moitié vide. Hermione s'inquiétait un peu pour lui, mais pas assez pour aller le voir et lui poser la question.

-      Les matchs de Quidditch lui remontent un peu le moral, c'est déjà ça, soupira Harry.

-      D'ailleurs, tu te sens prêt pour le match de samedi ?

Tout le monde peut être sauvé, Miss Granger.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant