Chapitre 36

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Hermione attendait avec anxiété devant le comptoir crasseux réservé aux visiteurs. Elle ne pouvait pas s'empêcher de jeter des coups d'œil inquiet derrière elle. Elle n'avait jamais mis les pieds à Azkaban auparavant. A présent elle plaignait Hagrid et feu Sirius, qui y avaient passé du temps. Il n'y avait qu'une seule aire de transplanage pour y venir. Cette prison se trouvait au milieu de nulle part. Le temps pluvieux ne semblait jamais disparaitre sur ce rocher au milieu de la mer déchainée.

Cet endroit lui donnait froid dans le dos avec ces murs crasseux, son plafond bas et ses lanternes défectueuses. Il n'y avait plus de détraqueurs à Azkaban mais la prison restait inquiétante.

-          Il est disponible, grogna un gardien. Allons-y.

Hermione le suivit dans les couloirs plus crasseux encore si cela était possible. Le gardien poussa une lourde porte et lui fit signe de rentrer à l'intérieur. La porte de bois pourri se referma derrière elle et elle couvrit sa main de sa bouche, retenant un cri horrifié.

Drago Malefoy était là, appuyé contre le mur couvert de crasse, les bras croisés, regardant à travers l'ouverture sans vitre qui laissait passer une lumière grise. Habillé d'une combinaison grise et blanche (si c'était encore possible de qualifier cette couleur de blanche), sa mâchoire était serrée.

-          Que t'est-il arrivé ? souffla-t-elle.

Drago la regarda enfin et elle fut plus peinée encore. Un bleu s'étendait sur sa paumette, un cocard assombrissait son œil droit et son poignet, dépassant de sa combinaison trop courte, semblait bizarrement gonflé, tourné dans un angle bizarre.

Elle se précipita sur lui, le serrant dans ses bras et celui-ci essuya un grognement de douleur. Il ne lui rendit pas son étreinte et Hermione recula, mal à l'aise.

Elle n'avait pas pu le voir depuis la fin de la bataille de Poudlard. Elle se voyait déjà filer le parfait amour avec lui, quand les aurors arrivèrent pour faire prisonnier les derniers mangemorts. Malefoy avait été emporté, ainsi que toute sa famille, et bien que Hermione se soit inquiétée, Drago lui avait certifié que ce ne serait qu'une question de temps pour qu'il soit relâché. Après tout, il avait aidé l'ordre du phénix, il avait participé à la chute du Lord.

Quelle déception.

Cela faisait des semaines que Drago était enfermé à Azkaban, et bien qu'il n'y ait plus de détraqueurs, sa vie n'était pas bien rose dans cet endroit lugubre.

-          Ce sont les gardes qui t'ont fait ça ? demanda-t-elle en caressant doucement son visage.

Il écarta sa main et s'assit sur le tabouret de métal face à la table branlante.

-          Non, pas eux. Figure-toi que les mangemorts n'aiment pas beaucoup les traitres. Ce que je suis pour eux.

-          Et les gardiens, ils sont là pour te protéger ! protesta Hermione.

-          Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es, Granger, marmonna-t-il. Pour eux, je suis un mangemort, et pour les mangemorts, je suis un traitre aux côtés de l'ordre du phénix. Personne ne veut de moi.

Hermione se tortilla sur son tabouret, mal à l'aise. Tous deux avaient eu tellement hâte à la fin de la guerre, qu'il n'avait pas pensé aux problèmes qui pourraient se poser à ce moment-là. Hermione ne s'était pas attendue à ce que Drago finisse en prison malgré son aide pour terrasser le mage noir. Drago n'avait pas imaginé qu'on ne ferait pas confiance à sa parole. Sa parole et celle d'une amie du survivant.

-          On va te faire sortir de là, dit Hermione. Ce n'est qu'une question de temps...

-          Toi et moi, on sait très bien que sans Potter pour témoigner en ma faveur, je ne sortirai pas d'ici, dit-il sombrement.

Tout le monde peut être sauvé, Miss Granger.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant