Chapitre 1. A l'origine des temps anciens

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Nulles personnes osaient s'y aventurer. Perdu au fin fond d'une épaisse et obscure forêt, encombrée d'énormes racines rampantes et de ronces des plus affûtées, une sombre fumée grise jaillissait. Sortant d'une cheminée de pierre, serpentant sinueusement entre les branches nues de grands et vieux chênes, elle signalait sans le vouloir, l'emplacement d'une étrange maisonnette.

Sous une violente pluie d'automne, son toit en ardoise noire et ses murs de pierres parsemées de lierres consolidaient la structure. Sa porte d'entrée était une vulgaire planche composée d'écorce de pin. Deux petites fenêtres laissaient s'échapper l'unique et brillante lueur dans ces vastes ténèbres.

Soudain, sous l'éclat des orages, une ombre capuchonnée sortit de la noirceur, derrière de gros rochers. Ses longues bottes de cuir noir frappaient le sol, aussi bruyamment que le tonnerre dans le ciel. Se dirigeant avec grande hâte dans la direction de ce ridicule bâtiment, elle avait beaucoup de difficultés à se déplacer. Tenant dans sa main gauche un long bâton de marche, elle se débattait sans relâche contre la monstrueuse végétation, comme si une rage sans fin l'avait possédé depuis des années.

Par l'étroite fenêtre, elle pouvait voir une petite silhouette boitant jusqu'à une imposante bibliothèque. C'était un vieille homme bossu qui supportait tant bien que mal, son corps rongé par le temps.

Il saisit à deux mains, un énorme ouvrage. Il était vêtu d'une chemise blanche recouverte d'un gilet de costume vert sapin, d'un pantalon brun glissant sous de lourdes bottines noirs à talons recourbées. Une veste beige trouée tombait sur l'ensemble.

Posant brutalement le livre sur un bureau en bois, il s'assit sur un siège sculpté dans l'un des plus anciens troncs d'arbre de cette sinistre verdure. Il l'ouvrit à l'aide d'un insignifiant marque-page,une longue ficelle rouge nouée en haut. Une page vierge se présenta devant lui. Il prit sa minuscule paire de lunettes blotties au fond de la petite poche droite de sa veste et les déposa délicatement sur son long nez tordu.

Un rayon lumineux bleu azur croisa momentanément le verre de sa monture, avant qu'il puisse déposer l'extrémité de son plumeau dans l'encrier. Son regard se dirigea subitement vers la fenêtre comme si quelqu'un était en train de l'espionner.

Ayant tout juste le temps de se blottir sous le montant, l'individu capuchonné se cacha avant qu'il puisse l'apercevoir. Il ressentit une violente douleur à la poitrine, comme si sa vie en dépendait. Ayant attendu un court instant avant de se relever, il jeta un coup d'œil.

Une flamme bleue ardente brillait dans l'iris de ses yeux, aussi claire que l'illumination d'une pleine lune, lors d'une nuit claire d'hiver. Elle éclairait partiellement le centre de son visage. La colère quine pouvait plus rester enfoui au fond de lui, se manifesta.

Muni de sa grande et fine plume d'oie grise coincée entre ses longs doigts abîmés et crochus, l'homoncule était entrain d'écrire. Des mots en latin étaient déposés soigneusement en haut de la page. En courbant lentement son poignet, il formait de grandes lettres arrondies. Ses gestes étaient les mêmes qu'autrefois, comme si rien ne pouvait l'atteindre.

Mais qui était cet homme ? Et pourquoi l'individu dehors avait-il tellement envie de le retrouver ? Pour le savoir, il faut remonter à l'origine des temps anciens...

C'était la fin d'un été. Proche d'une splendide prairie dorée par les épis de blé, à côté d'une rivière qui se promenait entre les racines de grands arbres, un imposant chêne se dressait entre ces derniers, dans une petite forêt.

Près de celui-ci, un nain malicieux et grincheux vivait seul dans une galerie souterraine. Sa maison était entourée par les premières feuilles mortes, suffisamment isolée des Médiocris, de sympathiques et fantastiques êtres féeriques.

Le trésor de NélifusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant