Chapitre 4. La renaissance

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          Immergés dans une encombrante végétation, après avoir parcouru des kilomètres, ils s'arrêtèrent un instant pour reprendre des forces. Après avoir rassemblé quelques morceaux de bois des alentours, Marlon alluma un feu. Manquant tristement d'oxygène, le feu commençait à mourir.

           Discrètement cachée derrière des brindilles, une mignonne créature bleu azur se manifesta. La Nymphe et Marlon la regardèrent attentivement. Elle ressemblait étrangement à un petit kodama, esprit de la forêt. Son corps translucide et lumineux contenait une flammèche bleu ciel. Cette dernière dansait dans tous les sens, comme si c'était son cœur.

          Soudain, Nélifus la bombarda de gros cailloux. Loupant sa cible, effrayant néanmoins l'adorable bestiole, il se mit à la courser pour s'en débarrasser une bonne fois pour toute.

– Crasseuse sangsue ! Dégage de ma vue ! hurla Nélifus.

– Mais pourquoi avez-vous fait ça ? demanda l'ignorant humanum.

– Elle est signe de malheur.

           Puis, en levant lentement les yeux, ils se rendirent compte que des centaines homologues de la créature les entouraient. Il y en avait partout. Sur les branches, au sol, vraiment partout.

– On est perdu ! s'exclama le nain.

– Arrêtez de crier ! répliqua Meïlia.

– Mais qu'est-ce que c'est ? demanda Marlon.

– Des Lucernas, les esprits des flammes mortes, murmura Nélifus.

          A cet instant, le feu de camps mourut. Sortant péniblement du sol, une lucerna secoua la tête pour enlever les cendres sur sa tête. Elle se tourna vers Marlon en essayant de se lever. Tombant à plusieurs reprises contre un morceau de bois encore chaud, elle roula vers les chaussures du garçon.

          Marlon s'accroupit et tendit la main pour l'aider à se relever. La lucerna s'appuya sur elle et se dressa devant lui. Ses petites mains froides et lices, se frottèrent à ses doigts. Il ne ressentait aucune peur. Elle était si insignifiante et câline. Les autres s'avancèrent lentement vers eux, se déplaçant sur leurs deux petites pattes.

– Non, ne fais pas ça ! cria Meïlia, derrière Marlon.

          Avant que Marlon eut le temps de se retourner, Nélifus avait donné un impressionnant coup de pied dans les hautes herbes. Expulsant deux lucernas contre un arbre, comme un boulet de canon, il sourit de joie. Au contact du tronc, l'écorce craqua sèchement et les lucernas s'écroulèrent sur le sol.

– Ça en fait deux de moins, dit Nélifus, dans sa barbe.

          Inquiet, Marlon voulut s'approcher d'elles pour leur porter secours. Mais les créatures lui bloquèrent le passage. Leurs yeux se mirent à briller. La flamme bleu en elles changea subitement de couleur.Passant du vert, au jaune, puis au rouge, elles réchauffaient l'air ambiant. Les lucernas blessées se relevèrent et changèrent elles aussi d'aspect.

           Se rapprochant étrangement des trois visiteurs, elles n'étaient plus du tout rassurantes. Elles prient feu progressivement. Les flammes de leur corps ne faisaient plus qu'une et une tornade enflammée les entourait à présent.

– Bien joué ! lança Nélifus au jeune garçon.

– Ce n'est pas moi qui les ait frappé !

– Je vous avais prévenu qu'elle portait malheur, osa répondre le nain, avec un air dédaigneux.

          La tempête de braises commençait à se rapprocher dangereusement d'eux. Par réflexe, Marlon leva ses mains au ciel pour se protéger. Ses bras tremblèrent aussi fortement que lorsqu'il avait des crampes après une dure journée de labeur à la ferme.

Le trésor de NélifusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant