7 : Reste.

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La journée passa très lentement et je dus faire un gros effort pour supporter les babillements de la blonde qui passait sa vie accrochée à mon bras, lançant à chaque fille qui osait poser un regard sur moi, une œillade meurtrière qui les faisait baisser les yeux comme des chiots pris en faute. À midi, nous rejoignîmes Théo, Adrien, Félix, Laurent, Tristan et d'autres amis, tous entourés du groupe de fille de Julia pour manger à la cafétéria. J'entrevis du coin de l'œil Lena et Alexia, accompagnées de deux autres étudiantes et d'un garçon brun aux yeux noisette qui, à en juger par les rires des jeunes filles; devait être fort amusant. Sans m'en rendre compte mes poings s'étaient refermés sur mes couverts, tant et si bien qu'ils avaient perdus leur couleur (N.D.A. Les poings pas les couverts.). Pourquoi je réagissait comme ça moi ?

"Aaron, mon chou?"

"Quoi ?" dis-je un peu brusquement à Julia qui venait de me sortir de mes pensées.

"Ça va ?"

"Oui-Oui."

Adrien qui m'observait du coin de l'œil sourit et lança :

"Ne t'inquiète pas Juju, il va mieux que bien, il se rince l'œil."

"Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler Juju, je suis pas ta pote enfaîte !"

Je n'eus même pas le temps de lancer l'habituel "Ta gueule Adrien !" qu'ils étaient déjà partis dans une dispute sans fin. Je finis mon repas en silence, un mal de tête pointant le bout de son nez.

Après les cours, je rentrai en voiture, seul, car voulant éviter Alexia je m'étais dépêché de m'en aller. J'étais dans mes pensées, la radio en arrière plan et le bruit du moteur remplissaient le silence omniprésent, quand soudain, un coup de klaxon et un grand choque me firent sursauter. Ma ceinture se bloqua  mais ma tête eut le temps de s'écraser violemment contre le par-brise. Ma vue se brouilla et je ne vis bientôt plus rien. Seuls le bruit étouffé des cris et les millions de débris de verres se fichant dans ma peau comme de minuscules aiguilles me parvinrent.

༈ ༈ ༈

J'ouvris les yeux, et la lumière blanche d'une lampe m'éblouit un instant. J'essayai de me relever mais un éclat de douleur au niveau de ma tempe gauche m'en dissuada et je vis noir pendant quelques secondes. Avec une grimace de douleur je tournai quand même la tête de côté pour voir ce qui m'entourait et où j'étais. Il se trouvait que je me situais dans un lit d'hôpital, la chambre blanche était petite mais un renfoncement dans le mur contenant une petite salle de bain donnait un peu de volume à la pièce. Par la fenêtre, la nuit était déjà tomber et l'endroit était simplement éclairé par la lampe de chevet. Mes bras étaient couverts de bandages et un tissu blanc m'enserrait la tête. Sur la table de nuit, des bouquets de fleurs étaient posés. Je me remémorai difficilement les derniers événements et grimaçai. Ce n'était pas un peu beaucoup pour un simple accident de voiture ? Soudain je sursautai, perdu dans la contemplation de la pièce, je n'avais pas vu la forme frêle assise sur une chaise à coté de moi. Elle s'était endormie sur mon lit, sa longue tresse éparpillée sur les couvertures. Alexia ? Mais qu'est ce qu'elle faisait là ?Je l'observai un instant. Endormie, elle avait l'air vraiment vulnérable et innocente. Rien à voir avec le monstre qui m'engueulait en permanence. Je soupirai mais ne voulant pas la réveillai, ne bougeai pas. Comme-ci je pouvais de toute façon !

Soudain elle sursauta et se redressa, légèrement désorientée.

"Oh tu es réveillé."

"Je peux dire la même chose de toi."

Elle me lança un regard mauvais. Et c'est reparti ! pensais-je. Enfin bon.

"Qu'est ce que tu fais ici."

"Et bien la police a trouvé tes papiers dans ta voiture, et elle a fait appeler tes contacts, notamment Théo et tes parents pour leurs dire où tu étais. On est venus dès qu'on a pu mais Théo et Lena sont repartis peu après à une soirée vu que tes jours n'étaient pas en danger, et j'allais faire de même mais ta mère et, ce qui je crois était ton frère sont venus mais comme ils était pressés, ils m'ont fait promettre de veiller sur toi. Comme je n'avais rien à faire je suis restée... mais ne crois pas que ce soit pour toi hein, c'est ta famille qui a insisté pour qu'il y est quelqu'un quand tu te réveillerais."

Elle est vraiment restée parce que ma mère le lui a demandé ?

"Ah, et une blonde est passée en pleurant que t'allais mourir et qu'elle pouvait pas vivre sans toi. Elle était prête à me jeter par la fenêtre si je sortais pas de cette pièce par contre."

Julia. J'ignorai le sourire ironique d'Alexia et l'interrogeai.

"Qu'est ce qui c'est passé ?"

Elle se leva et s'étira puis alla à la fenêtre qu'elle ouvrit en grand. S'appuyant sur le rebord, elle resta là un moment en regardant dehors. Une brise glacée faisait danser les fins rideaux blancs comme des fantômes.

"T'as percuté une voiture sauf que ça a brisé ton par-brise du coup t'as des coupures un peu partout dont une qui a faillit de crever un œil plus un choc crânien. Mais apparemment tu te souvient de moi donc c'est pas si grave.

Crois moi j'aurais préféré t'oublier. Je ne répondis rien et nous restâmes un moment en silence... jusqu'à ce qu'une infirmière entre et lui demande de sortir.

"Je rentre à l'appartement, j'enverrais Théo et Lena te chercher. Ils me doivent bien ça, ils m'ont abandonné ici. Allé, bonne nuit bâtard."

"À plus gamine."

Elle prit sa veste et partie. L'infirmière m'avait apporté un repas que je mangeai sans faim.

"Vous pouvez dire à votre petite amie qui vient de passer que vous pourrez rentrer demain dans l'après-midi."

Je faillit m'étouffer avec mon verre d'eau.

"Ce n'est pas ma petite amie."

"Ah, pardon monsieur."

Je lui jetai un regard noir qu'elle ne sembla pas voir. L'infirmière défit mes bandages et appliqua une crème jaunâtre sur mes plaies. Elle me donna aussi un anti-douleur puis reprit son matériel, le plateau à présent vide et sortit. Je me levai pour fermer la fenêtre mais la douleur à ma tête me donnait des vertiges et je du me maintenir contre le mur pour avancer. Je tirai les rideaux et me recouchai. Exténué je m'endormis très vite après avoir envoyé un message à mes parents.

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Quand vous verrez ça : ༈ ༈ ༈, ça veut dire qu'il y une ellipse de temps.

Les contraires s'attirent... ou pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant