Deux minutes

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Pourquoi est-ce que je fais ça ? 

C'était la seule question que j'arrivais à me poser, tout les soirs, à la même heure.

Mercredi, 04h10, la même question tourne en boucle dans ma tête.

Je n'arrivais même pas à dormir, sinon c'est la première chose que j'aurai faîte.

J'étais épuisée. Ecrire, effacer, recommencer la phrase, continuer d'effacer, tout se répétait.

J'avais laissé ma fenêtre ouverte pour une fois, j'avais étrangement chaud.

Des bouffées de chaleurs me prenait de plus en plus ces temps-ci.

J'avais la fâcheuse tendance à faire de grosses crises d'allergies, et pour couronner le tout, j'avais mes règles.

Entre maux de ventre et de tête, bouffées de chaleur, envie de vomir, yeux gonflés, nez qui coule et la peau qui gratte, j'étais gâtée. Ma peau me brûlait, et je n'avais qu'une envie, tomber dans un sommeil profond ou dans le coma, il n'y a pas de grande différence me direz-vous, c'est vrai.

Je jetais des coups d'œil derrière moi, ayant peur que mon imagination devienne un peu trop réel.

J'avais l'habitude des "hallucinations", je voyais des choses depuis petite, mais il suffisait de secouer la tête pour tout faire disparaître.

Mais aujourd'hui tout était différent, depuis quelques temps, secouer la tête ne me suffisait plus à différencier la réalité de l'imaginaire. 

A tout moment ils pouvaient revenir, et je vous avoue que je ne sais jamais comment réagir quand ils sont là.

Ma veilleuse était près de moi, éclairant le clavier de mon ordinateur, et éclairant mes pensées aussi.

J'avais besoin d'une source de lumière assez puissante pour ne pas que je sombre, mais assez faible pour ne pas me brûler la rétine ou les réveiller.

Même si ils vivaient dans le noir, je préférais rester dans ma bulle de lumière, que pour le moment personne ne pouvait franchir.

Dès que j'entendais un bruit provenant de la fenêtre je levais la tête rapidement, à m'en faire des torticolis. 

Maman devait sûrement essayer de dormir, en vain comme d'habitude.

Je l'entendais tousser ou vaguement parler aux chats. 

Sa présence me rassurait, j'aimais la savoir encore en vie.

Je réfléchis toujours à ce que je pourrais écrire ou dire, mais aucune idée.

Oui, si on devait résumé ma vie de ces derniers mois en deux mots ce serait sans doute "aucune idée".

Parce que c'était vrai, je n'avais aucune putain d'idée. 

Et ça, dans tous les domaines.

Je n'avais aucune idée de quoi faire après le lycée.

Je n'avais aucune idée de mon orientation.

Je n'avais aucune idée de quoi écrire.

Je n'avais aucune idée de quoi faire.

Je n'avais aucune idée de ce que je voulais ou aimais faire.

Je n'avais aucune idée de qui j'étais, de qui je suis.

J'avais l'impression d'être une parfaite inconnue à mes propres yeux.

Je crois que je connaissais même mieux les "voix" dans ma tête que ma propre personne, que ma propre voix.

Le pire c'est que je ne savais même pas si d'autres personnes se sentaient comme ça, ou si j'étais la seule.

Sur sept milliards d'être humain, je pense qu'il y en avait bien un au moins qui se disait les mêmes choses que moi.

Que c'était triste.

Qu'est-ce que j'étais sensée faire ?

C'était quand même bizarre quand on y pensait.

Sept milliards d'êtres humain sur Terre, soixante-sept millions d'êtres humain dans mon pays, cent-vingt-et-un-mille-neuf-cent-trente-quatre êtres humain dans ma ville, deux-mille êtres  humain dans mon lycée, trente-cinq êtres humain dans ma classe, deux êtres humain dans l'appartement où je vis.

Et pourtant, je me sentais seule au monde.

A ce stade là, le mot "solitude" ne me définissait même plus.

Et aucun mot n'arrivait à le faire. 

Je regarde le plafond blanc de ma chambre en soupirant.

Mercredi, 04h12.

La même question tournait toujours en boucle dans ma tête.

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