- Ça va, tu peux marcher?! Ahahah
- Tu voudrais pas me nourrir à la petite cuillère,nan?!
- Arrêtes de bouder et avances woody leg😂
Le charme légendaire de Daniel a encore opéré!!! Grâce à lui j'avais pu avoir une remise de peine,après 48h en observation le médecin autorisa ma sortie d'hôpital. C'est lui qui s'était chargé des transactions relatives à l'accident:l'assurance,les factures,les divers. Avec Dieu le hasard n'existe assurément pas,je m'en rend bien compte aujourd'hui.
Daniel est mon frère,du moins ce qui s'en rapproche le plus: on se connaît depuis l'époque de mathusalem.J'étais la plus intenable des N'kani,une enfant perturbée,influençable et en quête d'attention. Ma relation avec Colette n'était déjà pas au beau fixe;d'ailleurs il n'en a jamais été autrement,mon corps,accoutumé à ses outils de torture ne réagissait plus:fouets,ceintures,courroies,piments dans les parties intimes,toutes ces punitions qu'elle seule savait m'infliger faisaient naître en moi des sentiments qu'un enfant ne devait pas avoir envers sa mère.
Lasse d'être taxée de mère incapable et laxiste, Colette résolut de m'exiler au Cameroun,dans l'un de ces pensionnats tenu par des bonnes sœurs: le Collège Notre Dame de Mimetala, c'est là que je fit la connaissance de Daniel.Nous avions certainement un passé similaire pour s'entendre aussi bien. Grandi dans un foyer recomposé,il avait longtemps subi les abus de tout genre de la part du reste de la fratrie,sa seule alliée,méprisée et considérée comme une pestiférée se trouvait pieds et poings liés face à cette situation. Le choix qui s'offrait à elle était de l'envoyer en pension.
Il me racontait ses malheurs dans les rues de Yaoundé, lorsque l'esprit de l'école buissonnière s'emparait de nous,dans un bar à Biyem-Assi,dégustant un bon plat de nam wondo ou de mbongo tchobi accompagné de miondos ou bobolos. Le ventre plein, nous gambadions en direction du stade,pas loin du marché populaire, piquant un fruit sur l'étale du vieux Bamiléké au passage, et dans la fuite,fredonnant du Renaud à tue-tête:À m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi
Regarder le soleil qui s'en va
Te parler du bon temps qui est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants c'est pas nous
Que si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage d'être deux
Et entendre ton rire s'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris des oiseaux
Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si
Le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants...Cette strophe écrite spécialement pour nous résumait assez bien notre condition. Nous la connaissions par cœur mais, en comprenait-on le sens? Avions-nous une idée de la portée des paroles? Je ne saurai dire,ce que je sais c'est que nous rêvions,de l'avenir,des projets,de comment les gens nous regarderaient tels des boss dont la fortune ne se compte plus,du retour dans nos familles. L'après pensionnat ne comportait pas que des rêves,il y'avait aussi la peur d'affronter la vie séparément,la distance,le manque...

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Le sang et la cyprine
AcakOn dit que les hommes sont comme des fruits que chaque femme consomme à sa guise. Il en a qui aime les salades et les cocktails de fruits,tandis que d'autres n'en prennent qu'un par jour,c'est selon! En ce qui me concerne,je suis une petite gourman...