Chapitre 2 : Drôle de coïncidence

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Pour ces premières heures de maths, je me sentais plutôt en forme. En plus, notre prof était un jeune homme qui venait juste d'emménager dans le Maine. Ça faisait du bien de voir une nouvelle tête ! Toute la classe s'était tue à sa vue, car il était plutôt beau gosse avec ses muscles et ses cheveux savamment décoiffés. On l'aurait dit tout droit sorti d'un magazine de mode ! Par contre, on déchanta rapidement quand il commença à parler et qu'on réalisa qu'il comptait vraiment nous faire travailler aujourd'hui. En effet, sous notre regard effaré, il avait noté une liste d'exercices à faire au tableau. Ma voisine n'attendit même pas qu'il ait fini pour ouvrir le bouquin à la première page et lire l'énoncé. Pourtant, elle détestait cette matière plus que tout ! C'était une des rares dans laquelle elle ne réussissait pas, contrairement à moi qui était plutôt douée. Car, avec les chiffres, tout était simple. Les chiffres ne mentaient pas. Il n'y avait pas une infinité de solutions possibles. Pas d'équivoque. Je m'y mis bien après elle, mais il ne me fallut que quelques minutes pour trouver les bonnes réponses du QCM, alors qu'elle était encore coincée à la deuxième question.

Cependant, depuis le temps, j'avais appris à attendre qu'elle me demande mon aide avant d'intervenir. Elle détestait être dépassée. Mais elle détestait encore plus qu'on sache qu'elle était dépassée. Tant qu'elle n'avait pas terminé, j'étais coincée, puisque l'exercice suivant se trouvait sur une autre page du livre. Pour m'occuper, je me mis donc à dessiner la sorcière des X Men, dont j'avais l'image parfaitement en tête. Mauvaise idée, car je n'avais pas remarqué que Mr Hatkins avait commencé à faire le tour des élèves pour surveiller leur avancée. Et je n'avais pas non plus remarqué qu'il s'était arrêté à côté de nos tables. Pourtant, au lieu de me réprimander – comme je m'y étais attendue quand j'avais finalement perçu sa présence, il me félicita pour avoir fait un sans-faute aussi rapidement. Puis il continua sa ronde, sous le regard mi-médusé, mi-jaloux de mes camarades. Y compris de ma meilleure amie, dont les sourcils étaient froncés et les lèvres pincées quand elle se replongea dans le travail. Mais je n'y fis pas attention. J'étais fière d'être distinguée en bien, pour une fois. Si ça ne plaisait pas aux autres, tant pis pour eux ! Ce n'était pas mon problème. Quant à Bailey, elle avait de meilleures notes que moi presque partout, alors je n'étais certainement pas un danger pour elle !

À part la littérature et les remarques désobligeantes de Sid, je trouvais que la rentrée s'était plutôt bien passée, considérant les années précédentes. Mais une surprise désagréable m'attendait en bio. Comme à chaque semestre, il fallait que chacun se trouve un partenaire de travail. Ma meilleure et moi avions l'habitude de nous mettre ensemble, ou alors avec Noah. Mais, cette fois, Mr Queen avait décidé de choisir pour nous. Et pas n'importe comment ! Par tirage au sort, pour qu'il n'y ait pas de réclamation possible !

Noah eut la chance de se retrouver avec Alex, une fille très mignonne au look gothique plutôt glamour. Quand il s'assit à côté d'elle, j'aperçus la robe bordeaux en dentelle qu'elle portait avec des collants noirs transparents décorés et des bottes argentées lacées aux talons immenses. Dans ses longs cheveux ondulés châtain clair, regroupés en queue de cheval, elle avait glissé un serre-tête avec un nœud scintillant. Ses yeux - d'un bleu si foncé qu'il en paraissait noir dans l'obscurité -, avaient été agrandis par un trait de crayon et des cils vertigineux. Sa bouche était assortie à la couleur de sa robe. Autour de son cou, on voyait dépasser une croix, cachée en partie par son foulard vert émeraude sur lequel étaient dessinés de minuscules têtes de mort. À son poignet droit s'alignaient au moins dix bracelets plus ou moins épais et à ses oreilles pendaient deux chauves-souris en argent. Moi qui appréciais l'originalité, je ne me serais jamais vue porter la même tenue, mais l'effet était vraiment réussi sur elle. C'était une lycéenne plutôt marginale, qui paraissait trouver la solitude agréable. Si on lui posait des questions, elle y répondait, mais elle n'allait jamais vers personne. Pourtant, elle paraissait cool, comme fille. Qui sait, peut-être que notre ami parviendrait à briser les murs qui l'entouraient et à mieux la connaître. J'étais sûre qu'elle en valait le coup !

Double JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant