Chapitre 8 : Une étrange disparition

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Trois semaines plus tard

La dernière semaine de cours avant les vacances était passée en un éclair, sans aucun nouvel incident à signaler. Chaque jour, chacun de nous s'était dispersé pour aborder les Terminales qui voulaient bien nous parler, sous un prétexte ou un autre. On avait appris beaucoup de choses sur nos suspects, mais rien qui puisse nous véritablement nous éclairer. La plupart de nos informations concernaient la formation de nouveaux couples (comme Kieran et Pearl, par exemple), ou au contraire, la rupture de certains autres, pour qui c'était plutôt inattendu (Jenna et Spencer, qui étaient ensemble depuis l'école primaire). Beaucoup commentaient aussi tous les évènements de ce début d'année, mais impossible de savoir s'ils avaient une quelconque responsabilité là-dedans. Bien sûr, quelques-uns montraient leur joie, mais on les connaissait assez pour savoir qu'ils n'avaient aucun intérêt à s'en prendre aux personnes visées. On s'était donc quittés pour deux semaines avec plus de questions que de réponses.

Mes bagages prêts – j'avais emmené le minimum, sur les conseils de ma mère -, mon père m'avait déposée à l'aéroport et quitté seulement quand l'embarquement avait commencé. Il n'était pas tranquille de me laisser seule pendant le vol, mais je l'avais rassuré de mon mieux en lui rappelant que ce n'était pas la première fois que je prenais l'avion. Je savais que j'allais beaucoup lui manquer, mais il aurait Mark pour le consoler en mon absence. Ces derniers temps, ils s'étaient vus assez souvent. Arrivée à Canberra, j'avais été accueillie très chaleureusement par ma mère. Tom n'était pas là, et ça ne m'avait pas dérangée le moins du monde ! J'avais envie de passer un peu de temps seule avec elle.

Son appartement, situé dans un coin très animé de la capitale, était grand et lumineux, plein de couleurs et de portraits de moi à tout âge. Son petit-ami, que j'avais rencontré le premier soir, était sympathique, mais pas autant que papa. Ces vacances nous avaient permis de rattraper le temps perdu : on avait fait les magasins, on était allées au cinéma, on avait avalé des pots de glace géants et fait de longues promenades sous le soleil couchant. J'avais presque l'impression qu'on ne s'était jamais quittées. Cependant, quand le moment du départ était arrivé, j'étais quand-même heureuse de rentrer à Jane Hills. Papa me manquait – même si je l'avais eu au téléphone presque tous les deux jours et qu'il m'envoyait des tas de SMS - et mes amis aussi. En plus, j'avais attrapé des coups de soleil au visage et aux jambes et je m'étais fait piquée à peu près partout. Tom avait accompagné ma mère à l'aéroport, cette fois, et il m'avait dit au revoir presque aussi tendrement qu'elle.

Ces deux semaines avaient été une réelle coupure avec ma vraie vie. Je n'avais eu aucune nouvelle de mes amis et j'avais complètement sorti de ma tête notre enquête. Mais ça m'avait fait un bien fou ! Mon père était très heureux de me revoir à la maison et il m'aida tout le week-end à déballer mes affaires, à les laver, à les repasser et à les ranger. Ce qui fait qu'on ne vit pas le temps passer et que le moment de la reprise arriva bien trop vite à mon goût.

***

Les rougeurs n'avaient pas encore totalement disparues, mais elles se transformaient progressivement en bronzage. Le contraste était fort entre la température que j'avais eue là-bas et celle d'ici. Il faisait un froid de canard tel que j'avais dû sortir mon manteau d'hiver, mon écharpe, mon bonnet et mes bottes.

- Alors, comment c'était ? Tu as vu des kangourous ? Tu as visité ? Il y a de magnifiques musées là-bas. Et Tom, il ressemble à quoi ?

Avant que je puisse répondre à son avalanche de questions, on fut rejoint par Noah et Ali, plus amoureux que jamais. Je dormis à moitié pendant que Mr Guthrie nous posait des questions sur l'intrigue des Raisins de la colère, de Steinbeck, qu'on était censé avoir lu pendant les vacances. Ce n'était pas mon style de lecture habituel – pas de magie, pas de fantasy, pas de superhéros -, mais je n'avais pas détesté non plus. Seulement, j'avais encore du mal avec le décalage horaire. Rien de bizarre ne s'était passé durant mon absence, mais je m'y attendais. Tout avait toujours lieu pendant les périodes de cours. Sûrement pour faire plus grande impression.

Double JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant