Juliette, ô Juliette,
Les jours s'écoulent et chaque goutte qui s'ajoute au cours du temps sans te voir est une goutte dans laquelle je veux me noyer. Je veux plonger au coeur des abysses, pour peut-être, dans cette obscurité absolue, profiter des lignes poétiques de ton reflet ; et peut-être verrai-je dans tes yeux miroitants, les contours de mon âme délaissée.
Nous nous ressemblons tellement, un peu comme deux étoiles jumelles qu'un mythe aurait séparées. Deux astres qui continuent de briller loin l'une de l'autre, l'une un peu moins forte, l'autre narguant le soleil. Je veux te donner ma lumière. Même si, comme tous les autres astres, je ne crains que celle que je puisse te donner ne soit que l'illusion d'un corps mort.
Tu es comme les étoiles, Juliette.
C'est sous leur regard mélancolique que je t'ai vue, la troisième fois de ma vie. On ne voit vraiment quelqu'un que quand les masques tombent. Et au-delà du crépuscule, tu n'avais plus de scrupules à faire chuter le tien.
Dans le sable doré, tu étais assise, les genoux repliés, comme une masse, seule face à la mer et au reste du monde. L'univers te tendait les bras, et toi, tu es restée là, ton éternelle cigarette à la main. Tu ne le défiais plus, il n'y avait qu'un immense respect dans cet échange de regards entre toi et la voie lactée.
J'ai même oublié ma raison d'être ; j'ai oublié l'océan qui coulait à mes pieds et même celui qui s'écoulait de mes yeux pour voguer le long de mes joues. Je me suis assise à quelques mètres de toi. Tu m'as regardée. Dans ta main tendue vers moi, il y avait un bout de ton univers. L'espace d'une soirée de printemps, nous nous sommes liées. Ton visage s'est éclairé sans un bruit. J'ai alors réalisé une chose, terrible, lancinante, douloureusement savoureuse.
La fournaise de ton sourire pourpre a fait éclater mon coeur.
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Juliette
Short Story"Juliette, Les huit lettres de ton nom m'ont fait toucher la voie lactée." (Un grand merci à @Alo_Story pour sa couverture de toute beauté)