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Juliette,

Ton prénom sonne à mes oreilles comme la symphonie d'un paradis oublié. Deux syllabes et un monde entier à ma portée. Huit lettres et l'univers à mes pieds, des sourires peints sur les visages, des yeux qui s'allument, des braises qui deviennent brasiers.

Juliette, les huit lettres de ton prénom m'ont fait toucher la voie lactée ; elles ont écrit les lignes d'étoiles qui bercent mon chemin, elles ont taillé les pierres précieuses qui ornaient tes mains, elles m'ont bousculée, paralysée, elles m'ont étreinte quand je commençais à m'éteindre. Les mots n'avaient plus d'importance quand tu m'as offert les éclats coruscants de ton essence.

Juliette, ton simple nom, les syllabes qui composent ton chef d'oeuvre m'ont offert la valse des galaxies et le slow des étoiles.

Nos corps qui s'entrelacent, les draps qui volent, le lit qui tremble comme un navire pris en pleine tempête, et tes yeux, tes yeux qui brillent de cette infernale lueur. C'était un baiser, un simple baiser, l'aveu de ces souhaits interdits qui nous rongent, de ce désir inouï de victoire sur le monde, sur les autres et sur nous.

Juliette, la quatrième fois que je t'ai vue, ce n'était qu'une de ces visions bestiales de nous mêmes ; mais le paradoxe de notre réunion fut l'éclat de mon être à ton âme. Tu m'as apprise, tu m'as dessinée, tu as écrit sur mes hanches la violente pureté de notre danse, tu as chanté de ta voix cassée l'amertume des larmes et des baisers violets dans le creux de mon cou. Un pas après l'autre, tu as posé entre mes mains les clefs de notre monde.

Ce soir, dans les murmures de velours, la Lune a souri comme jamais elle ne l'avait fait, et ses dents d'argent ont lui dans les ténèbres. Les constellations ne m'ont jamais paru aussi belles qu'au-dessus de ta peau bénie. Nous étions comme les astres ; nos univers existaient à des distances faramineuses l'un de l'autre et, paradoxalement, si proches d'un autre point de vue.

J'avais peur.

Terrifiée par les ombres de l'oubli.

J'avais peur.

Paralysée par ce soupir qui jouit.

J'avais peur.

Déchirée par la perte de l'essence de ce qui nous avait heurtées aujourd'hui.

J'avais peur.

Mais le bonheur comblait le trou dans mon coeur qui fuit.

Juliette, cette sainte fois, j'ai eu la chance de danser avec tes démons, et je suis la plus heureuse des anges déchus.

JulietteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant