Ce soir-là, Elio n'est pas allé à table. Je suis allé voir dans sa chambre après manger et il était assis sur son lit. Son regard se tournait vers la porte de Carlotta puis vers la fenêtre. Il soupire et j'ose enfin franchir le seuil de la chambre.
- C'est elle qui t'as fait ça ? demandai-je.
- Elle ne m'a rien fait, répond Elio sèchement. C'est moi qui lui ait dit de me repousser si elle n'était pas prête. En plus, ta femme nous a surpris en plein milieu...
- Tu regrettes ?
- Non, je remettrai ça lors de notre voyage à Florence. Je veux que ce soit magique pour elle.
- Mademoiselle vit dans un conte de fées perpétuel et tu entretiens son petit rêve éveillé... C'est mignon.
- Elle ne m'a rien demandé, c'est un cadeau ! Sophia avait raison...
- À propos de ?
- Ton énorme complexe d'infériorité. Ce n'est pas de sa faute si elle est née dans une famille aisée et tu le sais. Elle n'a jamais fait de caprices ou de remarques car elle a vécu dans la simplicité comme tout le monde. Ce sont les membres de sa famille qui essayent de l'embourgeoiser malgré elle. Elle accepte les cadeaux mais pas le luxe qui va avec.
- Comment tu peux le savoir ?
- Elle me l'a dit. On a beaucoup parlé. Tu devrais essayer, il paraît que ça aide à effacer les préjugés...
Je ne peux pas contrer ça. Elio me tourne le dos. Je soupire puis m'assois sur le lit qui m'appartenait il y a trois ans.
- Pardon, je n'aurai pas dû dire ou penser ça...
- Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire et tu le sais... reproche mon ancien amant. J'ai tourné la page grâce à elle et je pensais que ta femme t'avais aidé à faire de même mais on dirait bien qu'entre elle et Carly... C'est plutôt Sophia la boussole sexuelle. Ai-je tort ?
- Tu ne vas pas me dire que tu es hétéro ? questionnai-je incrédule.
- Comme toi, j'aime bien avoir le meilleur des deux mondes... ricane-t-il. Ce n'est pas en t'accrochant à l'espoir de me récupérer que tu arriveras à le faire.
- Que dois-je faire alors ?
Il se tourne et me regarde avec dédain.
"Franchement, tu me ferais presque pitié... J'aime Carly, pas toi."
Mon égo en prend un coup. Je sors et me réfugie sur le balcon. À la dernière minute, je réalise qu'Edmund y discute avec Sophia. Elle fume ses clous de girofle et Edmund a son propre paquet. Il m'en propose une directement et demande :
- Alors, Elio va bien ?
- Il va comme un garçon en manque, c'est tout, mentai-je.
- Vous avez parlé de cet après-midi ? réitère-t-il. Je veux savoir des détails sur ce qui passé avec Carlotta.
- Ça va être difficile... Une certaine personne les a surpris et ça a troublé Mademoiselle Mayers...
- Je lui ai acheté un petit quelque chose en rentrant du marché ! Excuse-moi de faire un geste de gentillesse envers elle.
- C'est pas tant ça le problème. Le truc c'est que...
Je m'emporte un peu et elle me regarde bizarrement.
- C'est que des sous-vêtements c'est assez ironique... repris-je.
- Comment je pouvais savoir qu'en lui apportant des nouveaux elle serait en train de se faire retirer ceux qu'elle avait sur elle ?! boude-t-elle.
- Elle n'aura qu'à les porter lors du match retour à Florence, plaisante Edmund avant de tirer sur sa cigarette.
- Problème résolu.
Je ne dis rien et fume. Depuis le balcon, je regarde à l'intérieur et j'aperçois Elio glisser un papier sous la porte de Carlotta. Il toque ensuite et retourne dans sa chambre. La jeune femme ouvre et manque d'écraser celui-ci. Elle le ramasse et va s'enfermer dans sa chambre. Pendant un moment, les deux autres me parlaient mais je n'écoutais pas.
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Je reconnais l'écriture d'Elio et je décide de me poser sur mon lit pour lire la lettre :
"Ma très chère, Carlotta,
Mes lèvres ont quitté les tiennes et j'en suis désolé. Désolé de ne pas t'avoir retenue, de ne pas t'avoir dit que je n'avais pas fini de te combler. Tu as eu le temps de réfléchir à la situation ? Si ce n'est pas le cas, je t'attendrai. Mille ans s'il le faut. Si c'est le temps qu'il te faut pour savoir si tu es prête, j'attendrai.
J'attendrai en m'imaginant le galbe de tes seins et de tes fesses qui noient mon visage et surtout ma bouche. En imaginant ta petite frange qui sautille en symphonie avec tes seins et tes gémissements. En imaginant ton dos qui se creuse quand je te touche là où tu aimes. En imaginant tes hanches qui bougent contre ta propre volonté de me montrer que tu as envie de plus. Tu te trahis toute seule et ça rend encore plus dure l'envie de te résister.
Comment tu t'es sentie quand je t'ai déshabillée ? Que j'ai couvert ton corps sacré de mes baisers ? Que j'ai caressé tes parties intimes et celles que tout le monde voit ? Quand j'ai doucement sucé tes épaules, tes clavicules, ton cou ?
Aurais-tu aimé que je t'embrasse plus et à plus d'endroits ? Que je baise ton dos en te pénétrant doucement ? Que j'embrasse l'intérieur de tes cuisses en assouvissant tes désirs ? Que je prenne tes fesses dans mes mains et que je... Tu imagines la suite n'est-ce pas ? Vilaine fille que tu es... Ton esprit a été perverti.
Garde toute les réponses et scandent les quand nous nous retrouverons la prochaine fois. Je te fais confiance et tu peux me faire confiance. Je serai un saint avec toi, tu pourras arrêter quand tu le désires ; tu n'as qu'à m'ordonner et j'obéirai. Je n'oublie pas mon plaisir mais un seul de tes baisers comble tout mon corps et tout mon esprit alors ne t'inquiètes pas pour moi.
S'il te plaît, rêve de moi. Souffre comme moi de tout ça...
Je t'aime... Je t'aime... Je t'aime... Tu me rends fou... Complètement fou..."
J'ai chaud. Je veux aller le voir mais je me retiens car je sais que ce n'est pas comme ça qu'il voudrait faire les choses. Je relis encore en glissant une main là où il m'a touché. Je le sens encore.
Toc, toc, toc.
Je cache tout, surtout la lettre et mon excitation. Tout part sous mon oreiller.
- Je peux entrer ? demande Monsieur Perlman.
- Oui !
Il ouvre la porte et me regarde en souriant. Je lui rend son sourire mais je ne peux m'empêcher de retrouver les traits de son fils dans son visage. Il s'assit près de moi et posa sa main sur ma tête.
- Ça va ? demande-t-il.
- À merveille. Cette journée était très bonne grâce à Elio... soupirai-je en cachant mon amour.
- Je vois... C'est lui qui t'as offert tout ça ? pointe-t-il en direction de mon cou couvert de suçons.
J'avais oublié... Je suis grillée. Je cache mon visage dans mes mains en râlant. Monsieur Perlman rit puis remonte ses lunettes.
- Je suis content pour vous. On le savait déjà tous pour être honnête. Vous allez bien ensemble et vous partagez beaucoup de choses... C'est important que vous vous ayez l'un et l'autre dans vos vies respectives. L'été va certainement finir mais je suis sûre que d'ici là vous aurez une solution. Pour l'instant, profitez bien.
- Merci.
- Je passais te dire "bonne nuit" alors... Bonne nuit, ma fille.
- Bonne nuit, Samuel.
Il m'embrasse sur le front et me prend dans ses bras avant de passer dans la chambre de son fils. Je décide de déposer la lettre sous mon matelas pour la relire plus tard et plonge dans le sommeil.
J'ai rêvé d'Elio ce soir-là, depuis je n'ai jamais vraiment arrêté.
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Call Me By Her Name [CMBYN Fanfiction]
Fanfiction"Si tu aimes vraiment cette fille autant que tu m'aimes, Elio... Appelle-moi par son nom. Remplace mon nom par le sien : appelle-moi par son nom." Été 1986. Elio est devenu un jeune étudiant en musicologie. Il a prévu de passer l'été chez ses parent...