L'amour a des dents, et ses morsures ne guérissent jamais -Stephen King
Marina
Lorsque la musique se termina, Marina se laissa tomber, à bout de souffle sur son lit, et s'endormit à l'instant où sa tête toucha son oreiller. Le gazouillement des oiseaux la réveilla le lendemain, avant même que le soleil soit levé. Encore à moitié endormie, elle chercha son téléphone sur la table de nuit, afin de regarder si elle n'était pas en retard pour la danse. L'application « message » était restée ouverte et s'afficha directement sur l'écran. Il ne lui fallut qu'un coup d'œil avant de réaliser que ce n'était pas son téléphone, mais celui de Mathias, qu'il avait oublié la veille. La jeune femme comptait le redéposer, quand une conversation attira son attention. Elle n'était pas du genre à fouiller, mais la dernière phrase l'interpellait : « Désolée.* Ne réponds pas à ce message et supprime tout ce qui vient de moi. »
Son cœur manqua un battement lorsqu'elle remonta la conversation et qu'elle découvrit ce qu'elle craignait. Tatiana n'avait jamais menti. Elle aurait du la croire. La veille, main dans la main à la patinoire, elle sentait qu'elle pouvait lui accorder sa confiance plus qu'à n'importe qui. Pourtant, Marina avait quand-même laissé Mathias la déstabiliser, la désorienter, et comme d'habitude, il réussissait. Elle hésita un instant avant de descendre, la preuve accablante et irréfutable dans les mains, mais elle se dit qu'elle ne lui devait plus rien. Elle avait passé les trois dernières années à lui obéir, pensant qu'il était méritant, mais à cet instant, elle comprit qu'il ne s'était pas seulement comporté comme un monstre, en lui dissimulant la vérité, mais que leur vie de couple entière n'était qu'une toile de mensonges, pour manipuler cette fragile femme.
Alors, elle décida d'agir comme son cœur le voulait, comme son destin le conseillait. Elle prit sa voiture en direction de l'appartement de Tatiana, sans se soucier que la jeune artiste devait encore dormir à point fermé, ni que Marina n'était même pas apprêtée. Elle avait ce terrible besoin de la serrer dans ses bras, de tout lui avouer, tout ce que son cœur ne pouvait plus supporter. Elle se sentait rassurée aussi, rassurée de savoir que ce qu'elle avait ressenti était bien réel, malgré ce que sa mère pouvait en penser. Savez-vous à quel point cela peut être dur, éprouvant, accablant, d'aimer une personne de tout son cœur, de tout son être, mais que les gens continuent à répéter que ce n'est pas de l'amour, que c'est juste une phase, et que ça finira par passer.
Parce que, non, cela ne passera pas. Même dans dix, vingt ou trente ans, Marina se souviendra de ce qu'elle a ressenti au moment où son regard a heurté celui de Tatiana. Elle se souviendra du tsunami de pensées qu'elle avait envers elle, à chaque moment où elle ne dansait pas. Et par-dessus tout, elle se souviendra des montagnes russes dans son ventre, lorsqu'elle établit un contact physique avec la jeune femme. L'amour est le sentiment le plus fort et le plus doux, le plus fructifiant et le plus dévastateur, mais surtout le plus réel et le plus sincère. Et personne, pas même nos parents, la société ou bien encore les dieux, ne devrait avoir le droit de l'interdire. Personne ne devrait avoir le droit de s'y opposer. Parce que l'amour est le plus beau cadeau d'une vie, et qu'il faut le vivre pour l'honorer, peut importe le sexe de la personne, la distance à laquelle elle se trouve, ni même la culture qui vous sépare.
Marina sonna à tous les habitants de l'immeuble, en espérant qu'au moins un soit réveillé et puisse lui ouvrir. Elle se sentait mal de déranger les gens pour elle, mais l'amour ne pouvait plus attendre. Quand, enfin, une personne lui ouvrit, elle monta les marches deux par deux et tambourina à la porte de Tatiana. Cette dernière ne comprenait pas ce qu'il se passait, elle avait pourtant bien payé toutes ses taxes. Lorsqu'elle ouvrit la porte et découvrit Marina sur le perron, elle eut à peine le temps de la saluer, que la danseuse lui sauta au cou. Leur baiser fut si sincère, si charnel et passionné que Tatiana se retrouva à court de respiration. Hier, elle avait su contrôler ses pulsions, mais là, elles devenaient trop compliquées à gérer. Elle agrippa le doux visage de Marina et la poussa vers son fauteuil, afin de lui montrer que c'était elle, qui menait la danse. Tatiana enleva le pull de Marina tout en continuant de l'embrasser, quand elle s'arrêta net. Elle découvrit son avant bras, couvert d'un hématome gigantesque.
-C'est lui qui t'a fait ça ?! Demanda la jeune artiste d'un regard extrêmement menaçant.
Marina lui avoua ce qu'il s'était passé, la réaction de Mathias, et les dérapages. Elle lui supplia aussi de ne pas aller se venger, car désormais, il n'en valait plus la peine.
Tatiana s'écroula sur le fauteuil, en essayant de ne pas céder à son envie de le tuer, quand Marina vint se coller à elle pour la rassurer. La jeune artiste ne comprenait pas comment c'était possible, de blesser intentionnellement un tel bijou que représente la femme. Et plus particulièrement, cette femme. Comment quelqu'un de sensé pouvait-il vouloir noircir sa peau d'albâtre, de violence ? Comment pouvait-il laisser déferler des larmes salées sur ses joues rebondies ?
-Merci, chuchota Marina. Merci d'être entrée dans ma vie, et de m'avoir fait comprendre que ce n'était pas un homme bien.
-Tu l'as compris toute seule, sourit Tatiana en lui déposant un baiser sur le front.
Marina, en tant que grande amoureuse de l'amour, ne put se retenir d'expliciter tout ce qu'elle avait sur le cœur : le fait qu'elle pensait être folle de ressentir autant d'électricité en elle, lors de sa première rencontre avec la jeune femme, à quel point elle avait été blessée de l'absence de Tatiana, ses espoirs de croiser ses yeux perçants dans la rue, tout. La jeune artiste la regarda intensément, de son regard profond et mystérieux. Tant les émotions de la danseuse pouvaient se lire sur son visage, tant celui de Tatiana restait neutre, il paraissait impossible de savoir ce qu'elle pensait ou ressentait, comme si elle ne ressentait rien. Pourtant, elle ne s'était jamais sentie aussi vivante et aussi heureuse qu'avec elle. Elle se sentait capable de refaire le monde pour ce petit bout de femme.
-Accompagne-moi à la danse ! Proposa-t-elle enjouée.
-Quoi ? Tu es sûre ?
Marina acquiesça. Elle était sûre de tout. D'elle, de sa relation et de ses envies. Avoir Tatiana à ses côtés pendant qu'elle danse, allait l'aider à replonger dans les cours. Elle avait été mentalement absente lors des dernières leçons, qu'elle ne disait pas non à un soutien émotionnel. Et puis, cela leur permettrait de passer plus de temps ensembles.
-D'accord, mais je ne resterai qu'une heure, je dois aussi travailler, lui dit-elle en embrassant sa main.
-Super ! Tu conduis ?
-Euh...
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Tell the stars I love you (FINIE)
General Fiction"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...