On peut mesurer la magie d'une présence à ce qui disparaît avec elle -Alice Ferney
Cela faisait maintenant presque deux mois que les deux femmes vivaient ensembles. Marina avait réussi à déloger Mathias de sa maison. Celui-ci s'était réfugié chez Anastazia, qui ne cautionnait toujours pas la réaction de sa fille. Elle persistait à croire que sa fille finirait par regretter ses choix, qu'elle reviendrait dans les bras de Mathias. Quelque chose s'était brisé dans la relation mère-fille, ou alors peut-être que ce quelque chose n'avait jamais existé. Elles se voyaient toujours, mais moins, et à l'abri du public. Anastazia ne voulait pas que sa réputation s'effondre à cause de la relation qu'entretenait sa fille, avec une autre femme. Marina se désolait de ce manque d'ouverture d'esprit, mais ne comptait pour rien au monde laisser tomber Tatiana. Après tout, elles étaient seulement nées dans le mauvais pays, la Pologne. En Espagne par exemple, la liberté de vivre était prônée, et voir deux femmes s'embrasser n'était pas controversé. Elle souhaitait un jour, avoir la possibilité de s'enfuir dans ce pays, sentir la chaleur du soleil sur les plages de gravier, goûter aux plats traditionnels, croiser des regards accueillants.
Le déménagement ne fut pas une tâche déchirante pour Tatiana. Elle emmena juste ses tableaux préférés avec elle, et bien-sûr, l'entièreté de sa garde-robe. Quand chez elle, elle devait se contenter d'une petite penderie, chez Marina, elle avait droit à un dressing énorme. Elle aimait cette nouvelle vie. La jeune danseuse avait réussi à calmer Tatiana et son obsession de profiter de chaque moment, de vivre à cent à l'heure, et de multiplier les folies. Elles s'étaient installées une petite routine, mais ne s'ennuyaient jamais pour autant. Marina lui faisait une petite démonstration des nouvelles danses qu'elle avait imaginée, pour le plaisir des yeux de Tatiana. Cette dernière, lui en apprenait toujours plus sur Vincent Van Gogh, ou bien sur l'astrologie, ou bien les deux en même temps. Une fois, Tatiana lui avait soufflé dans l'oreille : « Tu me fais penser à lui ». Marina s'était étonnée, elle ne se trouvait pas folle pourtant. Certes, le peintre était du signe du bélier, mais son ascendant était cancer, et il constituait une copie conforme de la jeune danseuse. Comme lui, elle avait cette peur de l'abandon, cet attrait pour la perfection, et une maladresse sans nom. Quand Marina l'apprit, des rides au dessus de son nez se dessinaient, signe d'étonnement. Elle n'en revenait pas qu'elle ait étudié son thème astrale. Quand Tatiana s'intéressait à quelque chose ou quand elle aimait quelqu'un, ce n'était pas à moitié. Elle devait absolument tout connaître de la personne, ses facettes cachées, tout. Elle en revanche, gardait une part de mystère sur sa vie. La jeune femme avait raconté l'essentiel à Marina, son enfance, son parcours scolaire, mais refusait toujours les discussions sur son futur, sur le long terme. Tatiana avait également abandonné toutes ses séances avec sa psychologue, mais, inquiète des revenus de celle-ci, elle continua à payer les séances. Elle ne voyait plus pourquoi elle devrait continuer, maintenant qu'elle avait trouvé le bonheur absolu.
Leur moment préféré de la journée, était le soir, quand elles se retrouvaient emmitouflées sous un plaid, l'une sous les bras de l'autre. Elles regardaient leur petit chaton, miel, qu'elles avaient adopté lors d'une visite en refuge, jouer avec les poignées de son panier en osier. Marina avait trouvé que ce prénom, miel, allait parfaitement avec sa tâche rousse, en plein milieu de la tête.
VOUS LISEZ
Tell the stars I love you (FINIE)
Ficción General"Tu avais raison, je commence aussi à tomber amoureuse de la nuit" exprima-t-elle d'une voix pétillante, "Regarde ! La lune est si belle ce soir". C'était la première fois que Marina prêtait réellement attention au ciel. Tatiana, elle, connaissait c...