Chapitre 24

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La salle qui se trouvait derrière la porte se trouvait dans la pénombre. La seule lumière qui éclairait les reliefs des murs et des colonnes provenait d'une fosse gigantesque qui ouvrait le sol au centre de la pièce. Les flammes projetaient des ombres effrayantes sur les visages des deux camps qui se faisaient face. Les cavaliers rentrèrent prudemment dans et s'arrêtèrent en face des Elladiens. La porte se referma en claquant, faisant sursauter les évadés.

Le roi se trouvait de l'autre côté du précipice, entouré de soldats bien plus armés que ceux de la salle du trône. Les Elladiens souriaient d'un air mauvais.

- Je me doutais que tu finirais par te soulever, Galaha. J'aurais dû te tuer dès le début, comme me le recommandait mes conseillers. Il faut croire que j'étais trop tendre pour gouverner et que l'amour m'a fait fermer les yeux.

Cette déclaration du roi choqua tout le monde. La Doyenne plissa les yeux de colère et frémit.

- Je t'interdis d'invoquer l'amour ! Pas après tout ce que tu as fait !

- Voyons, tu ne vas pas m'en vouloir pour ça. C'est vrai, je suis ton frère après tout.

La foule ne faisait plus un geste, plus un bruit, trop estomaqués par la discussion qui avait lieu.

- Tu n'es pas mon frère, répliqua Galaha froidement, Si tu l'étais, tu m'aurais fait exécuté au lieu de m'enfermer. Alors n'invoque pas l'amour pour expliquer ton comportement !

Le sourire du roi vacilla.

- Tu n'avais qu'à te suicider si la captivité ne te convenait pas.

La phrase qu'il avait prononcé était presque un murmure pourtant tous furent assourdis comme si elle avait été criée. Le silence qui régnait dans la salle était si pure et étouffant qu'il semblait que cette phrase se répétait à l'infini.

Le roi se tourna vers le capitaine de sa garde et fit un geste de la tête. Les Elladiens se précipitèrent de chaque côté du trou vers les rebelles. Galaha, en tête de l'armée, hurlait des ordres aux cavaliers. Ils se mirent en position et s'élancèrent à leur tour pour rencontrer leurs ennemis autour de la fosse.

La bataille était d'une violence inouï par rapport à la taille des Elladiens. Les licornes étaient des alliées précieuses ; elles transperçaient les petits êtres gris de leur corne sans aucune pitié et défendaient leur cavalier même lorsque l'un d'eux tombaient à terre. Les épées s'entrechoquaient, les têtes volaient et le sang coulait à flots.

Milos perdit ses amis de vue mais ne s'inquiétait pas. Premièrement, il n'avait pas le chois que de se concentrer uniquement sur lui si il voulait s'en sortir et il leur faisait confiance.

Laureen se démenait pour se rapprocher de Bastien qui avait du mal à se débarrasser d'un soldats un peu trop agressif. Le duo fonctionnait parfaitement, côte à côte, tuant les Elladiens qui se jetaient sur eux.

Alice avait sauté à terre pour être protégée par sa licorne dans le dos. Elle arrivait beaucoup mieux à éliminer les Elladiens en étant plus près du sol mais elle les trouvait quand même trop petit.

Théon maniait son épée comme si il l'avait fait toute sa vie, tuant sans pitié toutes les créatures qui se mettaient sur sa route.

Galaha se défendait avec une force inattendue chez une personne de son âge et elle continuait de hurler des commandements à ses soldats.

Le but des évadés était de passer de l'autre côté du gouffre pour atteindre le roi. Une fois leur chef neutralisé, le reste des Elladiens se rendraient et le combat prendrait immédiatement fin.

Le frère de la Doyenne voyait avec horreur que ses troupes perdaient du terrain. Il aurait voulu s'enfuir mais la seule issue était la porte de l'autre côté de la salle. Traverser le champ de bataille était impossible.

Les cadavres s'entassaient. Les gardes avaient perdu l'habitude de se battre et était devenus feignant, ils se déplaçaient difficilement et avaient du mal à attaquer ou à se défendre ; ils tombaient par dizaines. De leur côté, les insurgés n'étaient pas préparés et avait perdu beaucoup d'énergie à force d'être enfermés. Cependant, la rage accumulée pendant des années et l'aide des licornes les avantageaient considérablement.

Alice se débarrassa d'un énième assaillant et vit Théon en se retournant. Il se battait remarquablement bien mais il était en train d'être submergé par le nombre de créatures qui l'attaquaient. Alice se précipita vers eux mais elle avait du mal à se frayer un chemin dans la mêlée. Théon reculait vers le précipice sous la pression des attaques incessantes et peinait à se défendre contre autant d'Elladiens. La jeune fille fonça désespérément vers le centre de la salle, repoussant ou tuant tous les combattants qui essayaient de l'arrêter. Elle avait le pressentiment qu'elle arriverait trop tard, elle ne pourrait jamais atteindre Théon à temps.

Elle poussa un grognement de désespoir, se démena de plus en plus férocement mais il était déjà trop tard. Théon était acculé et ne pouvait plus se défendre, ses assaillants ne lui laissaient aucune issue. Encore un pas en arrière et il tomberait.

Le temps sembla s'arrêter. Plus rien ne bougeait autour d'Alice. Théon tourna son regard vers elle et lui sourit. Les yeux de la jeune fille se remplirent de larmes, brouillant sa vue. Elle donna encore plusieurs coups pour se dégager de la mêlée en fermant les yeux, comme pour se convaincre que ce n'était pas vrai. Lorsqu'elle les rouvrit, elle vit Théon glisser après un ultime assaut et basculer dans le gouffre. 


Milos et les ElladiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant