Chapitre II

150 16 12
                                    


~ illustration : Paradoxxam

~ illustration : Paradoxxam

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


  — Aeren ?

— Je suis là.

Quelques brindilles craquèrent lorsque ses pieds nus frappèrent la terre ; dans sa chute, quelques feuilles se détachèrent de la branche sur laquelle il était assis depuis les premières lueurs de l'aube. La main chaude de Marya se referma sur son poignet et, sans se lâcher, les deux enfants se glissèrent entre les buissons, tournant le dos à l'orée de la forêt.

Depuis combien de nuits avait-il pris l'habitude de se glisser hors de sa tente, enjambant les corps endormis des autres enfants du campement ? Il avait perdu le compte. Il ne prenait même plus la peine d'observer, comme les premières fois, les toiles qui formaient celle de ses parents, guettant le moindre mouvement, le moindre son qui le pousserait à retourner se coucher sagement. Pas une seule fois l'ouïe ou l'instinct de son père n'avaient été assez aiguisés pour le surprendre à l'entrée du camp, adressant une légère caresse au cerf qui le suivrait des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse entre les arbres. Il n'avait même plus peur, ni de la colère du Dern si jamais il apprenait avec quelle créature l'un des fils de sa tribu osait jouer comme si elle était l'une des leurs, ni de cette odeur étrange et si particulière que dégageait la peau de Marya.

— Tu connais l'histoire du Renard et du Loup ?

— Non. C'est quoi ?

— Mon papa me la raconte souvent. Tu veux l'entendre ?

Cette odeur, il pouvait la reconnaître entre mille. Et plus le temps passait, plus les saisons s'enchaînaient, plus il lui semblait apprivoiser toutes ces choses qui lui avaient été si longtemps étrangères. Le son de sa voix, cette langue curieuse et si différente de la sienne qu'il comprenait un peu plus chaque jour, le bruit de ses pas, la matière de ses robes aux couleurs chaudes, les tâches brunes qui parsemaient sa peau et celles qui s'étendaient sur son petit nez retroussé. Cette petite fille à la crinière nattée qui se glissaient entre les buissons, qui retenaient de grosses larmes lorsqu'elle s'égratignait les genoux en tentant de suivre Aeren dans les bois, se transformait peu à peu en une jeune femme vive et espiègle, galopant sur son cheval à travers la plaine, le nez levé vers la cime des arbres.

— J'ai gagné !, souffla Aeren alors qu'elle mettait pied à terre.

Ses longs doigts fins caressèrent l'encolure de l'animal, tandis qu'un ricanement s'échappait de ses lèvres d'un rose pâle. Peu importait les années, le temps qu'il pouvait passer à parcourir les plaines de la Vallée, pas une seule fois elle n'avait vu sa peau blanche revêtir le moindre hâle. Hors d'haleine, le jeune homme passa sa main sur le poil de l'animal, passant son autre bras en travers de son front pour en essuyer la sueur sous le regard curieux de la jeune femme.

LordishOù les histoires vivent. Découvrez maintenant