~ illustration : Paradoxxam
Les premières lueurs du jour avaient touché la cime des arbres de la forêt en tachant le ciel d'une couleur orangée. Assis au bord du ravin, Relvhan gardait les yeux rivés sur le sommet des montagnes qui se dessinaient clairement entre les nuages rosés. Peu à peu, la lueur du soleil vint caresser la peau blanche de son visage et, lorsqu'il fut assez haut pour qu'il soit obligé de plisser les paupières, ses doigts liés à l'herbe mouillée se mirent à arracher les brins les uns après les autres.
Et ainsi Aeren avait rompu sa promesse.
Relvhan se redressa lentement, repoussant une mèche de cheveux de sa joue en réprimant un soupir. Bon sang... Il n'aurait jamais dû le laisser partir.
***
— Le moins que l'on puisse dire, c'est que tu sais comment marquer les esprits lors d'un bal, ma chère.
Un gloussement cristallin s'échappa des petites lèvres roses de la Marquise, mais elle se pressa de reprendre contenance, portant son éventail devant son visage de poupée de porcelaine. Marya ne lui avait même pas accordé un regard, de toute façon. Elle avait tenu à rester debout malgré le siège que lui avait porté Merve, sa femme de chambre. Iliade, au contraire, s'était étendu de tout son long dans un fauteuil, les jambes écartées et l'une d'entre elles posée sur l'accoudoir. Il se comportait dans le manoir de la famille Zilano comme s'il se trouvait dans l'une de ses propres résidences secondaires et, si la Marquise, assise non loin de lui, le Baron et la Comtesse avaient plus de retenue que le Lord, Marya n'avait jamais douté qu'ils se considéraient eux aussi sur leur propre territoire.
— Où est l'elfe, à présent ?
La voix douce, lisse et posée de la Marquise s'éleva derrière son éventail d'un rose pastel et orné de petites dentelles blanches, parfaitement accordé avec le corset splendide qui soutenait sa poitrine en la laissant juste assez visible pour faire balbutier les hommes qu'elle croisait sans s'attirer les moqueries de l'Empereur. Après tout, c'était sûrement la dernière chose qu'elle souhaitait, songea Marya en levant les yeux au ciel.
— Enfermé au sous-sol, répondit le vieux baron, les yeux plongés dans le décolleté de la jeune femme. Du moins, si les ordres d'Helewise ont été respectés.
— Ils l'ont été, trancha Marya avec un froncement de sourcil agacé.
Et ce n'était pas de son gré. Si seulement elle avait pu discrètement conduire Aeren hors du manoir... Il aurait été en sécurité dès qu'il aurait franchi la frontière. Mais il lui était impossible de lui venir en aide. Pas parce qu'elle craignait la punition qu'elle risquait de recevoir, ni même car elle s'attirerait ainsi la colère de l'Empereur, mais parce qu'Iliade savait qu'il n'était pas un étranger pour elle.
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Lordish
FantasyDans les forêts du Nord, seul recoin du monde encore protégé de la civilisation humaine, Aeren grandit parmi les elfes du clan Feynrion. Bravant les interdits de son peuple, il se lie d'amitié avec Marya, une jeune humaine, et, le jour de son vingt...