Canis Major et la Lune

Chapitre 5 : La Lune Rousse

On y était. Le jour de la pleine lune. Ce mardi 27 septembre, Remus se réveilla avec la boule au ventre. Il essayait de se répéter que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, que demain à la même heure ce serait déjà presque fini. Mais si les barrières de Dumbledore cédaient ? Remus se retrouverait en liberté, sous sa forme de loup, un loup qui attaquerait tout et tout le monde. Non tout irait bien. Le directeur de Hogwarts était un sorcier très puissant, canaliser un loup-garou ne devrait pas être un problème pour lui. Dumbledore est assez puissant. Il se répétait cette phrase dans sa tête, comme une prière.

Il était cinq heures du matin, tout le monde dormait encore. Moony se demanda s'il n'était pas trop tôt pour aller voir le directeur. Celui-ci l'avait retenu jeudi dernier, à la fin de leur cours de DCFM. Il lui avait intimé de venir dans son bureau avant le début des cours, comme ils faisaient habituellement. En première année, il était arrivé à quatre heures trente, et il s'était déjà retenu d'arriver plus tôt. Il avait trouvé un professeur somnolent, la plume encore à la main mais les yeux clos et un début de ronflement émanent de lui. Il s'en était voulu de l'avoir réveillé, même si Dumbledore n'avait à aucun moment laissé paraître une quelconque gêne. Depuis, il arrivait toujours 10 minutes avant que le petit déjeuner ne soit servi, le plus tard possible pour lui car c'était plus simple s'il ne croisait personne. Mais ce matin, Remus tournait en rond, il en avait marre d'attendre. Il s'isola dans la salle de bain. Passa de l'eau sur son visage. S'assit sur le carrelage froid. Il resta ainsi quelques minutes, avant de se lever brusquement et d'allumer la douche. Il se déshabilla, laissant ses vêtements en tas à ses pieds. Il s'interrompit avant d'entrer dans la douche, fixa son reflet dans le miroir. Il était un peu trop maigre, ses côtes étaient visibles sous sa peau. Remus n'aimait pas ça, il aurait aimé être un peu plus épais. Malheureusement il avait très peu d'appétit, surtout au moment des pleines lunes, et un estomac fragile -autrement dit il avait très souvent la nausée. Il s'examina un peu plus. Il commençait à être beaucoup plus poilu. Une ligne de poils châtains partait de son pubis et remontait jusqu'à son nombril. Ses cuisses se couvraient de plus en plus, tout comme ses aisselles étaient plus fournies. Il commençait aussi à avoir des poils sur les pieds et les mains. Cela pouvait sembler normal pour les autres, les poils poussent beaucoup à leur âge, et leurs localisations diffèrent en fonction du patrimoine génétique. Mais pour Remus, ces poils sur ses mains et ses pieds, c'était la preuve du monstre qu'il était. Il n'apprendrait que plus tard que la lycanthropie n'affectait pas la pilosité de l'individu sous sa forme humaine. Une information qui lui aurait épargné de se tourmenter avec cet aspect de son apparence.

Il cessa de se dévisager et entra dans la baignoire. Il tira le rideau et attrapa le pommeau de douche. Il orienta d'abord le jet sur ses pieds, qui lui semblèrent brûler tant ils étaient glacés, et remonta progressivement. L'eau n'était pas si chaude. Il augmenta la chaleur. Encore. Et encore. C'était brûlant mais encore supportable. En fait, seules ses cicatrices le faisaient souffrir. Il augmenta encore d'un cran, espérant faire taire la douleur, la faire mourir à petit feu. S'était-elle interrompue, ou bien Remus ne la sentait-il plus ? Qui sait, toujours est-il qu'il ferma la vanne. Il se savona, passant chaque parcelle de son corps au peigne fin. Les yeux clos, il tâtonna pour rouvrir la vanne et se rinça en vitesse. Puis, toujours les yeux fermés, il se saisit de sa serviette avec laquelle il s'essuya les yeux, avant de passer au reste de son corps. Une fois bien sec, il la noua autour de sa taille et sortit de la salle de bain pour récupérer des habits dans son armoire. Il était en train de comparer lequel de ses pantalons était le plus abîmé lorsqu'il entendit une voix :

- Moony ?...

C'était Sirius.

- Désolé, je voulais pas te réveiller...