Une famille réunie

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♫♫♫PDV de Carmen♫♫♫

Une fois isolée sur une route de campagne, je me change illico pour devenir ma ninja d'alter-ego. Au moment même où j'appose le masque sur mon visage, la sonnerie du téléphone de Myriam retentit. Sans même regarder l'identité de l'appelant, comme je suis persuadée qu'il s'agit de Daryl, je décroche et dit immédiatement:

-Je suis là dans cinq minutes. Et oui, je ramènerai le petit à ses vrais parents. Il n'y a pas de souci, Daryl!

-Comment tu sais que Lana n'est pas la mère de Luís?

-Seul un con pourrais la croire! J'arrive!

Je raccroche au nez de Daryl pour retourner chez lui à la vitesse maximale que ma moto peut avoir. Comme prévu, cinq minutes plus tard, je me retrouve devant le portail de Daryl, mon moyen de transport garé sur le bas-côté. En passant par dessus la palissade, je me retrouve rapidement encerclés par les hommes armés de la Bella Muerte.

-Daryl! apostrophé-je le propriétaire. Dis à tes hommes de baisser leurs armes sinon ça va mal se passer pour eux!

Daryl arrive au pas de course avant d'ordonner à ses sous-fifres de baisser leur armes, ce qu'il font sans plus chercher la raison, et me demande:

-Ça t'arrive de faire dans la simplicité et de passer par une porte au lieu de passer au dessus de la clôture?

-Mais enfin, j'aurai beaucoup trop peur de te décevoir! plaisanté-je. Bon, plus sérieusement, comment va le gamin?

La mine enjouée de Daryl se transforme en un visage grave et m'annonce:

-Il reste dans un coin du salon et crie dès que quelqu'un essaie de s'en approcher. Anna a bien tenté de le prendre dans ses bras mais il l'a mordu et après, il a refusé que quelqu'un lui donne à boire ou à manger.

-Allons-y, j'ai une petite idée.

Nous nous dirigeons donc vers le salon. A peine la baie vitrée franchis que des cris enfantins me percent les tympans. Presque tout le clan est regroupé autour du garçon apeuré, comme si c'était une bête de foire. Je décide d'intervenir et crie un coup:

-Poussez-vous, vous le faîtes étouffer, là!

Comme robotisé, les membres se dispersent dans le séjour alors que je m'approche doucement. Une fois devant lui, je m'agenouille et lui tends un mouchoir en lui demandant:

-Coucou. Tu te souviens de moi?

Il relève doucement la tête, ses yeux marrons et ses joues sont trempées de larmes alors qu'il se mouche dans le kleenex, et la hoche affirmativement:

-Bien. Tu voudrais que je te ramène à tes vrais parents?

Les yeux plein de paillettes, il me questionne:

-La méchante madame est partie?

J'acquiesce, souriante:

-Oui Alejandro, la méchante Madame est partie pour toujours. Elle te laissera tranquille maintenant.

Avant prostré sur lui-même, il se jette littéralement dans mes bras en me murmurant des merci à tout bout de champ au creux de l'oreille. Je me relève, Nathan dans mes bras, et me tourne vers Daryl qui m'interroge:

-Comment tu as su qu'il s'appelait Alejandro?

-J'ai tout simplement fouillé dans sa mémoire.

Il dodeline de la tête tout en disant tout  bas "pourquoi je demande aussi". Un rictus habille mon visage, et déclare:

-Je m'occupe de lui. On se voit plus tard. Après l'avoir déposer chez lui, je rentre directement chez moi. Je bosse demain.

Je n'attends pas sa réponse et sort du terrain par le portail cette fois-ci. Devant ma moto, je pose le bonhomme et lui pose cette question:

-Dis-moi Alejandro, est-ce que tu aimes la magie?

-Moui...

-Très bien, alors on va utiliser la magie pour rentrer chez toi. Pour ça, il faudra que tu penses très fort à ta maison et tes parents, je m'occupe du reste, d'accord?

-Ouii! Je souris face à son entraine et le prends dans mes bras.

-Très bien, alors vas-y. Ferme les yeux et focalise toi sur ta maison.

Il s'exécute et j'en fait de même en me concentrant sur son esprit à lui. Rapidement, je sens la chaleur caractéristique de la magie envahir mes veines. Quelques secondes plus tard, nous nous trouvons devant une petite maison en bois, petit paradis entre les baraquements du bidonville de Tepito, le marché noir de Mexico. Je demande alors à Alejandro, en espagnol, puisqu'il doit être plus à l'aise avec cette langue qu'avec l'anglais:

-Es tu casa? (C'est ta maison?)

-Sí, es mí casa. ¡Ven! (Oui, c'est ma maison. Viens!)

Il ne m'attend pas et cours jusqu'à  la maison pendant que je reste sur mes gardes. Tepito est le quartier le plus malfamé de la capitale mexicaine. Ici, il y a minimum cinq agressions par jour. Le petit Alejandro m'attend trépignant d'impatience de rejoindre ses parents. Mais avant, je l'avertis:

-Antes de golpear, tengo que decirte algo muy importante: sobre todo, no deberías contarle a nadie sobre mí magia. ¿Entendido? (Avant de frapper, il faut que je te dise quelque chose de très important: surtout il ne faudra pas parler de ma magie à personne. Compris?)

-Sí, gracias para todos. (Oui, merci pour tout)

-De nada pequeño. Puede golpear si quieres ahora. (De rien, petit. Tu peux frapper si tu veux maintenant)

Pressé, il toque à la porte avec empressement. Une jeune femme vient ouvrir la porte. La première chose qui me frappe chez elle, ce sont les cernes qui habitent ses yeux. Mais rapidement, son visage s'illumine quand elle voit Alejandro sur le pas de la porte.

-Mí pequeño hijo. Mí Alejandro.

Les larmes aux yeux, elle sert dans ses bras fins son enfant. PUis, elle appelle une personne qui, je pense, doit être le père de l'enfant.

-¡Diego! ¡Ven aquí mí amor, hay nuestro hijo quíen es a la casa! (Viens ici mon amour, il y a notre fils qui est à la maison!)

Des pas lourds résonnent sous mes pieds et un homme assez corpulent se joint à la réunion de famille. La mère de famille me regarde, reconnaissante:

-Realmente, no sé cómo te agradeces, señorita. (Je ne sais pas vraiment comment vous remercier, mademoiselle)

-Sed feliz, eso es todo lo que me importa. (Soyez heureux, c'est tout ce qui m'importe)

-¿Podríamos ver la cara del salvador de nuestro hijo? me demande soudain le paternel. ( Pourrions nous voir le visage du sauveur de notre fils?)

Je me fige puis m'exécute sous le regard étonné d'Alejandro.

-Carmen?

-Sí Alejandro, pero es un secreto. (Oui Alejandro mais c'est un secret)

Après tout, qu'est-ce que je risque au Mexique?



Is It Love ? Matt. L'amour, plus fort que tout?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant