« Ce n'est pas à toi de pleurer, Gwenh »

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Gwenhwyfar B. Merfin fixait le bandage qui lui serrait le bras. Sa peau serait marquée d'une cicatrice à jamais tant la blessure était profonde. Elle n'avait encore jamais eu de telle cicatrice. Enfin, une seule, mais elle préférait ne pas s'en souvenir. Voir sa peau marquée ainsi, à jamais lui déplaisait. Elle était malade de l'imaginer sous cette bande de tissu.

Elle replongea quelques instants dans ce passé violent et privilégié qui était le sien. Elle voyait encore les coups de fouets tomber en claquant en un rythme chaotique et des rires. Des rires horribles qui lui donnaient la nausée. Le sang maculait les murs blancs sans traces jusqu'alors. Et toujours leur rire.

Le sang.
Leurs rires.
La mort.
Toujours leurs rires.

Elle fixa comme absente ses mains tremblées sous l'angoisse. Elle ne devait pas repenser à là-bas. Elle ne devait pas. Sa respiration se fit plus laborieuse alors que tout en tentant de penser à autre chose, d'autres souvenirs apparaissaient. Toujours plus violent, toujours plus horribles. Si seulement elle pouvait effacer ces scènes abjectes de sa mémoire... Mais cela était impossible. Alors elle continuait de voir sous ses paupières, le fouet déchirer la peau, le feu ronger la chair... Et les hurlements semblaient encore percer ses tympans.

La porte s'ouvrit brusquement la figeant alors que des larmes glissaient pitoyablement sur ses joues. Elle releva la tête prise sur le fait, et croisa les orbes azures du phénix. Ce dernier entra sans un mot dire et referma doucement la porte. Il se rapprocha lentement et passa la paume de sa main sur les joues humides de la capitaine.

_ Gwenh...

Elle ne dit rien et sanglota de plus belle. Le flot de larmes s'écoulait sans qu'il ne semblât y avoir de fin. Elle tremblait de tout son corps, sa respiration était chaotique. Elle s'écroula contre le phénix pleurant toujours plus. Il retint un instant de la repousser et la garda entre ses bras espérant que ces larmes cessent rapidement.

_ Pourquoi pleures-tu, Gwenh ? demanda enfin le phénix.
_ Je...

Elle se tue ne sachant pas si se confier au commandant était une bonne chose. Après tout... C'était à cause d'elle. Il n'avait sûrement pas envie d'entendre tout cela, tout ce qu'elle avait sur le cœur et qui pourtant ne changerait rien à ce qui était arrivé. Rien ne changerait ce passé désastreux. Mais elle en avait tellement besoin et il était le seul à savoir, le seul à qui elle pouvait se confier et montrer sa faiblesse.

_ Je repense à là-bas... À toutes ces horreurs... Je... C'est tellement affreux... Je...

Le phénix se tendit. Une colère sourde monta en lui.

_ Ce n'est pas à toi de pleurer, Gwenh.

C'était vrai.
Ce n'était pas à elle.
Elle aussi riait.

L'ombre du passé || MarcoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant