Deux garçons, deux âmes sœurs effacées, deux ombres recluses, deux cœurs brûlant d'un incendie de sentiments, deux fleurs diaphanes tachetées de mensonges.
Le dessinateur :
L'esprit de ce jeune homme amer était une fine feuille de papier craquelée s...
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Felix appréhendait la suite de sa journée. Il allait parler pour la toute première fois à Changbin.
Il mentirait s'il disait qu'il n'avait pas peur. Depuis le matin, il ne cessait de se demander ce qui lui avait pris d'accepter de le voir.
Mais pourtant, l'Australien avait envie de parler à quelqu'un qui le comprenait. Et même s'il ne pouvait pas être certain que le noiraud vivait des choses similaires aux siennes, il désirait le connaître.
Au fond, il savait pertinemment que lier des liens avec lui, tout en lui mentant sur sa véritable nature, était la pire des décisions. Mais il avait envie de croire que Changbin pourrait l'accepter autant que Jeewon.
Felix savait qu'il avait là l'occasion de tout avouer au noiraud, néanmoins, il craignait de voir l'effroi dans son regard. Ils venaient tout juste d'apprendre à se connaître, il ne voulait pas briser leur début d'amitié.
L'adolescent ne se comprenait pas. Il avait vécu tellement de mauvaises expériences avec ses soi-disant amis qu'il avait peur de tout le monde. Mais avec le bel homme de la bibliothèque, c'était différent.
Probablement parce qu'il l'attirait éperdument...
Changbin lui avait avoué que, dans ses yeux, il avait aperçu quelque chose qui lui avait fait comprendre qu'ils se ressemblaient. L'instinct de Felix lui avait soufflé la même chose. Il avait la sensation qu'il lui disait la vérité, que tous les points communs qu'ils s'étaient trouvés étaient réels.
Il n'y avait qu'une seule manière d'en avoir le cœur net : il devait le rencontrer. Et puisqu'il était un ami de sa tante, l'Australien songea également à faire part de ses doutes à cette dernière.
Il quitta son lit et se rendit dans la salle de bain.
Sans savoir pourquoi, il s'examina dans la psyché. Il s'aperçut rapidement qu'il était naturellement plus efféminé que les autres garçons qu'il connaissait. Des courbes délicates, des hanches plutôt rondes, une taille fine, de longs cils noirs, des lèvres rosacées et charnues : il ressemblait à une fille sans effort. Ne sachant s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise chose, il baissa tout bonnement la tête pour ne plus avoir à distinguer son reflet.
Le jeune homme se prépara scrupuleusement. Il revêtit une chemise entièrement noire et une veste en cuir qu'il garda détachée. Il enfila ensuite la dernière des trois jupes qu'il possédait. Foncée, des fils dorés y étaient cousus à intervalle régulier en formant de petites vagues. Une fine chaîne de la même couleur ceignait ses hanches et retombait délicatement sur le côté.
Il revêtit sa perruque, étala son fond de teint habituel sur son visage, et finit par une touche de maquillage. Il appliqua un léger mascara à ses cils, ainsi qu'un fard rosé à ses paupières, avant de se parfumer. Puis, il couronna le tout avec ses petites boucles d'oreilles en forme de fleurs et son masque anti-pollution.
