Deux garçons, deux âmes sœurs effacées, deux ombres recluses, deux cœurs brûlant d'un incendie de sentiments, deux fleurs diaphanes tachetées de mensonges.
Le dessinateur :
L'esprit de ce jeune homme amer était une fine feuille de papier craquelée s...
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Felix trémulait de terreur.
Pourtant, en son for intérieur, il était persuadé de n'avoir rien à craindre. Il avait veillé à ranger tout vêtement compromettant sous les jeans, les hoodies et les chemises, les bijoux sous les habits, et les produits cosmétiques dans une poche à l'intérieur de sa trousse de toilette.
Mais malgré tout, il sentait une peur froide s'insinuer en lui, glissant de manière insidieuse comme un serpent de glace. Il plantait peu à peu ses crocs dans son cœur en une morsure plus brûlante que le blizzard.
Il inspira profondément, puis expira avec lenteur. Son avion allait atterrir dans une heure à peine, et il n'arrivait plus à se concentrer suffisamment pour écrire, comme il avait l'habitude de faire.
Sa solitude récurrente lui avait permis, entre autres, de se perfectionner dans cet art. Puisqu'il avait une imagination romanesque, sa conscience avait cet étrange pouvoir de créer de toutes pièces un scénario, des personnages, et de retranscrire la moindre de ses émotions simplement en se munissant d'un crayon de papier.
Felix avait énormément écrit d'histoires dans son cahier, mais il ne s'en lassait jamais. Cela lui permettait de s'évader hors de la réalité, et bien qu'elle finisse toujours par le rattraper, cela le réconfortait comme personne n'avait jamais su faire.
Il passa une de ses petites mains dans son épaisse chevelure brune. Ses parents ne lui avaient jamais permis de la teindre, mais il se promit qu'il convaincrait sa tante de le laisser se rendre chez le coiffeur.
L'Australien espérait de tout cœur qu'elle ne fasse aucun commentaire aigu vis-à-vis de cela. Après tout, il avait choisi une couleur que très peu aimait, mais il ne changerait pas d'avis.
Pour une fois, il voulait faire comme il l'entendait.
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L'avion finit alors par atterrir, et Felix avait perdu quelques couleurs sous sa nervosité croissante. Ce fut avec le visage crayeux qu'il descendit de l'avion sur ses jambes vacillantes.
Sans attendre, il se rendit directement vers le tapis roulant à bagages. Il patienta quelques minutes, et lorsqu'il aperçut enfin sa valise, d'une couleur bleu très pâle, il la saisit immédiatement et sortit à la hâte.
L'adolescent craignait bien trop de croiser ne serait-ce qu'un seul regard scrutateur en ces lieux, même si, malgré sa mère australienne, il avait hérité des traits coréens de son père. De ce fait, ses yeux étaient bridés, et ses courbes, beaucoup plus douces. En outre, il n'était pas très grand, ce qui lui permettait de se fondre facilement dans la masse d'asiatiques qui affluaient de toutes les directions. Le seul détail qui n'allait pas lui rendre la vie facile, c'était sa voix, possédant un timbre infiniment rauque qui tranchait brutalement avec son visage délicat.
