« Tu n'aurais jamais dû revenir, Gaïa. »
Cette phrase raisonnait en moi, m'empêchant de penser correctement. Elle avait comme fracturé mon coeur tel des milliers de morceaux de verres incapables d'être réparés. Il avait probablement raison. J'avais décidé de tout laisser derrière moi et de revenir dans la ville qui m'avait vue grandir. Et, à présent, je doutais de mon retour.
J'étais partie sur un coup de tête. Un soir en rentrant du travail qui ne me plaisait finalement pas. Je venais de réaliser que ces trois derniers mois avaient été un mensonge que je me répétais sans cesse. Je ne me plaisais pas ici. Dans cette ville. J'étais partie sans prévenir personne. Sans le prévenir lui surtout.
En revanche je savais pourquoi j'avais quitté Neven. Cette ville qui à première vue m'apparaissait comme ordinaire en était tout l'inverse. Sous ses airs de ville accueillante se cachait un mystère que je regrettais d'à présent connaître. Bien sûr, la seule personne à qui je voulais réellement en parler ne voulait plus de moi dans sa vie. Je n'étais pas revenue pour reprendre ma vie là où elle s'était arrêtée. J'étais revenue pour lui.
Ne voulant plus ressasser ces dernières heures, je finissais mon énième verre. Je ne savais plus à combien j'en étais et je m'en fichais. Je ne savais que faire de toutes ces informations que j'avais découvert là-bas. Peut-être avais-je rêvé ce voyage ? Je secouais la tête, essayant de me remettre les idées en place. Non, rien de tout ça n'avait été un rêve. Et même si la vérité était plus proche de la science fiction que je ne l'aurais voulu, je n'avais rien inventé.
Je me relevais, un peu trop vite à mon goût et essayais donc au maximum de rester immobile. Tout autour de moi tournait comme dans un manège. Voyant que rester immobile n'empêchait pas la pièce de tourner, je me dirigeais avec difficulté vers l'extérieur. Je devais très probablement avoir l'air d'une alcoolique en cet instant précis. Il était plutôt rare de voir une fille de mon âge aussi bourrée que moi et seule, qui plus est. Mais pour tout dire, j'en avais rien à faire de ce que les gens pouvaient penser de moi.
Arrivée à la porte du bar je sentais l'air frais me caresser le visage et faire valser quelques mèches de cheveux. Je fis un pas devant l'autre sans vraiment savoir où j'allais et m'engouffrais dans la nuit. Cette ville m'aura définitivement vu dans tous mes états, pensai-je.
Je fis un pas de plus avant de sentir une main large me tirer violemment en arrière. Ce n'est qu'à cet instant que je réalisais que je n'étais plus sur le trottoir.
- Cade ! Beuglai-je en lui sautant au cou.
Il me repoussa légèrement et me regarda d'un air inquiet.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
Je levais les mains en l'air en titubant.
- Tout va très bien. Tout va très bien dans le meilleur des mondes, lançai-je avant d'éclater de rire.
Je n'arrivais plus à m'arrêter de rire. Je voyais mon ami me regarder sérieusement. Ne comprenant probablement pas ce qu'il voyait. S'il savait ce que j'avais appris à Neven il aurait trouvé cette phrase très drôle.
- Avec qui es-tu venu ? S'enquit-il en regardant tout autour de moi.
Il avait cet air sérieux et inquiet que je ne connaissais que trop bien. Il s'inquiétait pour moi maintenant ? C'était pourtant le même homme qui m'avait rejetée quelques heures auparavant.
Ses sourcils était froncés et je le vis s'humidifier les lèvres. Il faisait ça lorsqu'il était stressé ou énervé. Sa mâchoire étaient contractée et ses lèvres pincées en une fine ligne. Ses cheveux bruns foncés étaient ébouriffés, retombant devant son regard azur qui me dévisageait durement, reflétant toute la colère qu'il éprouvait à mon égard. Il me détestait en cet instant. Et je le comprenais que trop bien. Il me scrutait, attendant une réponse qui ne venait pas.
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NEVEN
FantasiLes dieux créateurs avaient toujours protégé l'humanité et n'intervenaient que si nécessaire. Leurs interventions héroïques étaient écrites dans les livres d'histoire et comptées le soir pour endormir les enfants. Gaïa, en quête d'un renouveau, app...