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  Elle rit un peu avant de m'ébouriffer les cheveux avec son morceau de bois qui lui sert de main. Maintenant, il fait nuit noir dehors mais je n'ai pas encore sommeil. Je me mets à la fenêtre et commence à penser à ma mère en jouant nerveusement avec mon pendentif.

Au bout d'un certains temps, ne trouvant toujours pas comment rejoindre Morphée, je décide de sortir de ma chambre avec une bougie à la main pour m'éclairer. Hansi n'a pas dû remarqué que j'étais parti vu qu'elle est à fond dans sa couture. Ses costumes sont bizarres quand même... Je marche dans un couloir, puis un autre, et encore un autre et finis par me perdre. On ne dirait pas mais c'est archi grand! Je tombe finalement sur des escaliers que je n'avais jamais vu avant. Curieux, je les monte, marche après marche en faisant attention à ne pas trébucher.

Une fois arrivé en haut, j'analyse ce qui m'entour et vois que je suis dans une sorte de grenier. Je sais qu'on m'en avait déjà parlé mais je ne sais plus pourquoi... Je m'enfonce un peu dans cet endroit assez effrayant jusqu'à me trouver devant un tableau déchiré. On dirait un coup de griffe, plusieurs même, comme si la personne était enragée et avait décidé de tout détruire sur son passage. Je pose le chandelier sur l'une des tables et enlève un peu de poussière qui se trouvait sur le tableau. Très vite je reconnais Livaï entouré de ses, je suppose, parents. Je souris un peu, il n'a pas changé de tête mais il avait l'air tellement plus joyeux et plein de vie à ce moment-là...

Je marche encore un peu jusqu'à tomber sur une table un peu plus reculée, vers une sorte d'ancienne fenêtre désormais cassée et ouverte pour toujours. Sur cette table est posé une rose enfermée dans une cloche en verre. La rose brille de mille feu, c'est vraiment magnifique. Je vois que ses pétales sont tombés et qu'il n'en reste plus que deux sur la fleur. Je me rappelle alors de ce qu'Erd a dit, que les pétales sont en quelque sorte son temps de vie restant. J'approche ma main pour essayer de toucher sa prison de verre mais me fait arrêter par une autre qui me prend le poignet avec force.

'Qu'est-ce que tu fais ici?! Qui t'a autorisé à venir?! Hein?!'

Je me retourne en sursautant et vois un Livaï plus énervé que jamais. Je le regarde en tremblant légèrement à cause de la peur. Son regard possède une certaine cruauté et est sans pitié, sa main sur mon poignet me fait mal et je sens que mes jambes vont flancher s'il continue de m'intimider comme ça... J'ouvre et ferme la bouche à plusieurs reprises avant de pouvoir lui parler. J'ai peur... Il est terrifiant... Je sens mon cœur battre rapidement à cause de la panique.

'J-Je suis désolé. Personne j-je suis venu tout seul je... Je me suis perdu c'est tout!

-Quand tu te perds, tu montes des marches pour voir ce qu'il y a en haut? Tu te crois en touriste peut être?'

Son ton sec me fait déglutir alors que mon cœur se serre dans ma poitrine. Je fronce les sourcils en sentant que la colère monte en moi et me redresse un peu. Je n'allais pas me laisser faire comme ça!

'Ok, je n'aurais pas dû venir ici et je m'en excuse mais ce n'est pas une raison pour me parler comme ça!

-Parce que j'ai faux peut être? On n'est pas ici pour visiter ou je ne sais quoi merde! Maintenant descend et retourne dans ta chambre.'

Il me lâche le poignet, maintenant devenu rouge, mais continue de me fixer, espérant sûrement que je baisse les yeux mais non! Je soutiens mon regard et prends son col par les mains.

'Arrêtes de me parler comme si j'étais un chien compris?! Je sais pas pour qui tu te prends mais il va falloir que tu redescendes un bon coup Livaï.'

Il fronce des sourcils avant de me pousser pour se libérer et de me tourner le dos. Je l'entends grogner alors qu'il ouvre la porte violemment, la faisant claquer contre le mur et me faisant sursauter. Il s'adosse à cette dernière et passe son regard de la sortie à moi.

'C'est bon? T'as fini? Sors maintenant. Tu n'as rien à faire ici.'

Son ton est moins dur que tout à l'heure mais je sens qu'il est quand même encore en colère et même peut être frustré que je lui ai répondu. Je ne dis rien, reprends ma bougie et descends les escaliers. Une fois en bas de ces derniers, j'entends comme si on balançait un objet sur le mur. Ça vient de là-haut. Je fixe tristement la porte qui s'est fermée il y a quelques secondes avant de retourner dans ma chambre, toujours en colère. Non mais pour qui il se prend?! J'y crois pas! Je fais les cents pas alors que Hansi me regarde faire, confuse.

'Oulala, je verrais presque de la fumée sortir de tes oreilles. Tu m'as caché que tu étais devenu une cocotte minute.

-Raaaaah ça m'énerve! Il ne peut pas s'empêcher de crier ou de donner des ordres pendant une seconde?!

-Calme toi Eren. Qu'est-ce que tu as fait pour qu'il soit autant en colère...? Je paris que tout le manoir l'a entendu.

-Je m'étais perdu et je suis tombés sur les escaliers menant au grenier et-

-TU ES ALLÉ DANS LE GRENIER?!

-O-Oui...

-Je comprends mieux maintenant. Personne n'est autorisé à y entrer...

-Mais pourquoi?

-Cet endroit... Regorge de souvenir. Des souvenirs joyeux devenus douloureux avec le temps. C'était l'endroit où jouait maître Livaï et son père il y a longtemps. Bien sûr, il n'était pas dans cet état! Imagine toi une grande pièce remplie de jouet divers et de peinture familiale ainsi que d'objet qui leurs tenaient à cœur. Ils étaient très proches et s'entendaient très bien. Mais maintenant qu'il n'est plus là, enfin plutôt depuis quelques années, cet endroit est précieux pour notre Maître et y entrer, ce serait comme le lui prendre tout ça à ses yeux...

-Ow... Je comprends mieux maintenant mais...'

Je l'écoute avec attention, ma colère disparaissant peu à peu. Je m'assieds maintenant qu'elle a finit de parler puis me mets à réfléchir. Je m'adosse au mur où est collé mon lit et ramène une jambe contre moi en soupirant. Je pose ma tête sur mon genoux, fixant un point invisible en jouant avec ma clé.

'... Ce n'est pas bien de rester dans le passé. Enfin, je veux dire, il faut savoir avancer sans oublier ce qu'on a vécu. C'est ce que disait toujours ma mère...

-Ta mère était vraiment sage comme personne.'

Je me retourne dans un sursaut pour voir Livaï adossé à la porte, regardant la fenêtre.

Le Beau et le Loup [ERERI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant