Chapitre 4

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Ce matin, je ne ressens que de l'adrénaline en surfant, contrairement à ces deux derniers jours où je n'ai pas réussi à monter sur une planche à cause des palpitations de mon cœur en pensant à lui

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Ce matin, je ne ressens que de l'adrénaline en surfant, contrairement à ces deux derniers jours où je n'ai pas réussi à monter sur une planche à cause des palpitations de mon cœur en pensant à lui.

Quarante-huit heures sans voir Isaac m'ont aidé à chasser mes sentiments pour lui que je pensais enfouis à jamais. Aujourd'hui, seul le surf compte. Je dois rester concentrée, je ne peux pas me permettre d'avoir des pensées parasites.

J'enchaîne les floater et les aerial avec facilité. Rien de mieux que de surfer une vague de trois mètres. Ce n'est pas aussi spectaculaire qu'une de huit mètres, le maximum que j'ai surfé, mais ça fait son effet. Il faut bien faire avec ce qu'on a.

Ce que j'aime avec le surf, c'est que chaque jour est différent. Demain, je peux affronter des vagues si hautes que j'en ai des frissons rien que d'y penser, ou alors me contenter de petites. C'est la surprise du jour. Voilà pourquoi les compétitions sont particulières et peuvent être annulées le jour-même. Tout dépend des conditions météorologiques.

Un tube se forme, et étant prioritaire sur la vague, je m'y engouffre avec joie. La sensation est toujours la même, des frissons me traversent tout le corps tant je suis galvanisée par toute cette eau autour de moi. Je me demande comment j'ai pu arrêter le surf un jour.

Je sais que j'avais peur de la noyade après ce que m'a fait ma mère. Si je tombais de ma planche, je revivais ce moment où elle maintenait ma tête sous l'eau avant de me frapper. J'ai eu si peur de mourir, ce jour-là, et il suffisait que je me retrouve sous l'eau quelques instants pour que cette crainte revienne. Je n'ai jamais pris un seul bain, depuis.

Mon père aime savoir que mon traumatisme est passé. Ce n'est pas totalement vrai, mais ça ne m'handicape plus autant. Avec son aide et celle de son ami Jeff, j'ai réussi à véritablement reprendre le surf l'été qui a suivi la fin du lycée. Je n'allais à aucune université, il fallait bien que j'affronte ma peur si je voulais réaliser mon rêve et devenir la surfeuse que j'ai toujours voulu être. Et puis, je devais absolument me changer les idées.

Papa et Jeff m'ont encouragé et parfois même rattrapé lorsque je tombais de ma planche. J'avais l'impression d'être une apprentie parfois, ça me rendait dingue. Cependant, au fil des semaines, mon aisance est revenue. Puis en septembre de la même année, je surfais mieux qu'auparavant. Et je n'ai plus jamais arrêté.

Tomber ne m'angoisse plus. J'ai appris à garder mon calme, c'est plus facile pour sortir la tête de l'eau.

Aujourd'hui, je ne sais pas si je suis la surfeuse que je rêvais d'être, mais je suis fière de mon niveau. On a beau s'entraîner, on n'atteint jamais la perfection. J'ai gagné plusieurs compétitions et été une fois championne du monde, ce qui est déjà très bien. J'ai pu m'acheter une voiture – une Chrysler Imperial de 1960 décapotable noire avec l'intérieur en cuir rouge – grâce à mes victoires. Mon père et Andrew en sont fous, mais presque personne n'a le droit d'y toucher.

Nos Imparfaits - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant