[SUITE DE NOS IMPARFAITS - TOME 1]
Après cinq années passées à Londres, Isaac est prêt à retourner en Californie et récupérer Zoe. Car s'il y a bien une chose qu'il ne sait pas faire, c'est abandonner. Encore moins celle qu'il aime. Changé, il se se...
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Pour mes six ans, j'ai voulu un chien. Puis pour mes sept ans. Et toutes les années qui ont suivis, jusqu'à ce que mes parents décèdent. J'étais heureux d'avoir une petite sœur, mais je savais que je m'amuserais bien mieux avec un chien. On aurait couru et joué ensemble jusqu'à pas d'heures.
Avec Hope, je n'ai jamais pu m'amuser. Soit elle était trop petite, soit elle jouait aux poupées et à la dinette et je détestais ça. La seule chose que j'aimais faire avec elle, c'était la coiffer. Je râlais à chaque fois qu'elle me le demandait mais j'aimais lui faire des tresses, elle était encore plus belle. Une véritable princesse.
Je voulais un chien, mais pour mes parents c'était impensable. Notre maison avait pourtant un grand jardin à l'arrière, mais ils craignaient les dépenses que ça engendrait. La nourriture, le vétérinaire et le chenil lorsque nous partions en vacances. Sans parler des promenades quotidiennes. J'avais beau leur dire que je m'en occuperais, mes parents savaient que ce ne serait pas le cas. J'étais un gosse, je ne savais même pas m'occuper de mes propres affaires. On me volait des stylos à l'école sans même que je m'en rende compte.
Heureusement, il y avait Cooper, le labrador de Joshua. J'adorais ce chien, je l'emmenais partout avec moi lorsque je venais à Santa Cruz. Hope en avait peur, elle détestait qu'il lui coure après. Elle avait six ans, pourtant. À son âge, Cooper était mon troisième meilleur ami, après Colin et Zoe. Puis il est mort, et j'ai mis des jours à m'en remettre. Je ne sortais pas de chez mon oncle, même pas lorsque Zoe passait et me suppliait d'aller surfer ou de répéter des passages de Jane Eyre en secret avec elle.
— T'as vingt-trois ans et t'as encore des caprices, rétorque Colin lorsque nous sortons de ma voiture.
— Il n'est pas pour moi.
Depuis que j'ai quitté la SPA, je n'ai pas cessé de m'émerveiller devant ce chiot. Même en conduisant, je le caressais entre ses deux oreilles tandis qu'il dormait sereinement sur les genoux de Colin. Ce Berger Australien est à croquer. Une chance qu'on l'ait adopté, il a à peine quatre mois, et il allait sûrement finir sa vie dans ce refuge.
— Elle va peut-être le refuser.
— Qui refuserait un chiot, Cole ? m'offusqué-je. Regarde-le !
Même si Colin ne dit rien, je sais qu'il a craqué pour cette boule de poils. Son pelage blanc, noir et brun en jalouserait plus d'un. Zoe l'aimera, j'en suis certain.
Comme je suis un petit ami – ou ami, je ne sais plus – parfait, j'ai même acheté la nourriture, les gamelles et le panier pour le chiot, ainsi que des jouets. Elle n'aura plus que le vacciner, et bien évidemment je contribuerai.
— Je crois que t'es le seul mec qui offres un chien pour se faire pardonner d'avoir mis une fille à la porte.
— Ce n'est pas pour me faire pardonner, dis-je en prenant le chiot de ses mains. Quoique, j'ai des tas de trucs à me faire pardonner. J'ai juste envie de lui offrir un chien. Je l'imagine déjà faire son footing avec.
