Gisborne

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C'est alors que les autres personnes du bus s'avancent vers eux, et les empêchent de nous atteindre. L'entraîneur des filles nous ouvre les porte et nous crie de ne dépêcher.
Nous nous retrouvons à courir, main dans la main dans cet immense aéroport. Les anciennes coéquipières de Kate bloquant les autres. J'en profite pour faire un coucou à mes parents et Belà, me sentant invincible, mais aussi pour ajouter une once de provocation.
Nous rions, et j'ai l'impression de me retrouver quatre ans en arrière, lors de notre première rencontre. Kate m'avait simplement pris le bras et emmenée aux barres. Cette fois je l'ai prise par la main et l'emmène vers notre nouvelle vie.
Lorsque nous arrivons au terminal, les parents de Kate nous tendent deux billets, et me serrent fort dans leurs bras. J'ai l'impression d'étouffer, mais c'est si réconfortant. Je suis certaine d'avoir fait le bon choix. Kate, gênée, est devenue rouge comme une pivoine.

Lorsque nous sommes à bord de l'avion, elle se blottit contre moi, et nous voilà envolées pour 10 heures et 7 minutes de vol, en direction de la Californie, dans un premier temps.

La vie est si différente là bas, j'ai l'impression que je n'avais fait que découvrir la surface, lorsque j'étais à Vancouver.
Ici les gens portent ce qu'ils veulent, achètent quoi bon leur semble, étudient ce qui leur plaît, et ne dépendent pas de stupides règles politiques et certainement pas d'une liste qui vous autorise ou non des besoins vitaux. J'ai un peu mal au cœur de me dire qu'Alexandr et ma grand-mère sont toujours là bas, mais je leur enverrai une lettre dès que possible.
Kate et ses parents m'aident alors à mieux parler anglais, ainsi que des cours, se basant sur les notes d'école de Kate. Elle me présente à ses amies de l'école, puis à officiellement à celle de la gym, qui nous ont aidées pour l'aéroport.

Avec Kate, le temps passe à une vitesse incroyable. Avant que j'ai le temps de réaliser, nous revoilà dans un avion en direction de notre domicile, à nous deux, en Nouvelle-Zélande.
Bon en réalité c'est le sien puisque je n'ai aucun papier d'identité, mais symboliquement, il est à nous.

Alors on franchit le portail, main dans la main, et nous nous retrouvons face à notre ranch. On passe quelques mois à le rénover, et nous travaillons d'arrache-pied pour réaliser la maison de rêve de Kate.
Une fois finie, Kate m'offre un petit paquet, qui contient un appareil photo, alors après ça, j'immortalise chaque moment de notre vie à deux.

Quand Kate donnait le biberon aux veaux, mon premier Noël, le premier feu de cheminée, la première photo de famille avec les parents et la petite soeur de Kate, ma remise du diplôme du brevet élémentaire, et l'arrivée de notre petit garçon.
Puis j'ai acheté un nouvel appareil photo, qui contient chacun des grands moments de Markus.
Alors nous n'étions plus seulement deux dans cet immense ranch.

Pour son premier anniversaire, j'ai passé quelques mois à confectionner une chaise, mais cette dernière se devait d'être absolument parfaite pour notre fils: de la forme à la couleur. À défaut d'avoir pu chipper la vraie à Vancouver, notre fils se doit d'avoir une froggy chair digne de ce nom. Ce dernier fut aux anges, et resta dans sa chambre de nombreuses années, avant de trouver une place définitive dans la notre, en face de notre lit, nous permettant ainsi de s'endormir chaque soir en compagnie d'un objet qui nous aura étrangement rapprochées.

On a bien fait de s'attendre en 1980.

Fin.

I'll always wait for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant