"Mesdemoiselles, au cours de cette semaine, vous allez devoir passer des tests d'aptitude auprès des personnes qui se trouvent juste derrière moi. On bénéficie aussi de nouveaux entraîneurs, ce sont les meilleurs du pays. Ensemble on va retravailler vos routines et les adapter pour les Jeux. Un tableau d'affichage sera aussi mis en place et dessus vous trouverez vos horaires d'entretien, et votre entraîneur pour chaque agrès."
C'est parti. Les choses deviennent sérieuses.
Théodora me lance un regard, j'ai l'impression qu'elle n'est pas sûre de tout ça.
On fait alors la rencontre de nos nouveaux entraîneurs; la plupart d'entre eux parlent à peine notre langue. Celui de Masha lui a dit de faire un 'looping' pour décrire une vrille. Belà a une étrange définition du mot 'pays', qui est la même que celle de mes parents, apparemment.
Mais je suis là pour m'entraîner, alors je fais avec. La jeune femme qui s'occupe des barres pour la journée est vraiment gentille et nous rigolons, sous l'œil sévère de Belà.Le pauvre homme à l'air surchargé.
La semaine suit son cours, et la date de mon entretien se rapproche. Mais alors que je suis aux toilettes, j'entends quelqu'un entrer, en sanglots. Je sors, et découvre Clara, son sac sur le dos.
"Clara? Que se passe-t-il?" je lui demande, plaçant ma main sur son épaule.
"Oh Nadia, tu n'as aucune idée de ce qu'est ce stupide test!!" Clara repousse ma main.
"Mais de quoi tu parles?" je l'observe de plus près, ses mains tremblent.
"C'est pas un foutu test! C'est une sélection. Ils te posent des questions et si tu réponds différemment de ce qu'ils attendent, ils te virent de l'équipe" Clara m'explique alors les questions, qui portent toutes sur la politique. Rien à voir avec la gym, donc.
Le pressentiment que j'avais était donc réel. Quel système de merde.Quand je rentre enfin chez moi, je réfléchis sur ce qu'il se passe. Pourquoi Olga et Marta sont parties. Pourquoi mes coéquipières se sont toujours contentées des stupides concours internationaux.
C'est la peur qui nous dicte.
Mes parents ont enfin cédé à me laisser partir, Belà était venu les convaincre il y a quelques jours de ça. Lorsqu'il est parti, Papa m'a fait comprendre que dès que je serais majeure, je ne serais plus la bienvenue chez lui.
Tout ça pour une compétition.
Pour mon plus grand rêve qui se réalise.Quand je passe pour le test, je ravale ma fierté, et réponds 'correctement'. Ils ne peuvent pas contrôler mes réelles pensées.
"Très bien Nadia, tu peux retourner t'entraîner."
Ouf.
C'est alors que la préparation et les entraînements s'intensifient d'avantage, et bientôt nous voici chacune avec une valise à la main en direction de l'aéroport. D'un véritable aéroport.
Ce matin, mon père ne m'a pas adressé la parole, ma mère toujours dans sa chambre, faisant semblant de dormir et mon frère me glissa un mot. "a ouvrire une foie arrivé", un spectacle bien pittoresque pour ma grand mère qui m'enlaçait en me réconfortant.Mais tout ça c'est du passé à présent. Je vais aller en Amérique, découvrir autre chose que la dictature et la pauvreté.
J'en trépide presque sur place, attendant avec impatience de pouvoir monter dans l'avion.
Nous sommes rejoints par un homme en uniforme, mais nous sommes habitués à leurs présence, maintenant. C'est comme une sorte de décoration mobile. Ils ne parlent pas, et n'affichent aucune émotion. Comme une plante.Dans l'avion, je serre fort la main de Théodora. Tout ça est très nouveau, mais après quelque temps, je m'habitue aux secousses occasionnelles. Le premier vol est le plus long, et des petits écrans diffusent quelques films. L'inspecteur étant loin, nous nous permettons d'en regarder un.
C'est tellement différent de ce que nous avons chez nous. Il y a du sang de partout, à tel point que Théodora m'a demandé si l'acteur était réellement mort. Ils sont fous ces Américains.Quand nous sortons du dernier aéroport, à Montréal, c'est à peine si j'arrive à en croire mes yeux.
Nous sommes en centre ville, les sols sont tous pavés, et un nombre incalculable de drapeaux se succèdent, mais je ne peux nommer aucun des pays auxquels ils appartiennent. Les bâtiments sont somptueux, et semblent toucher le ciel. Georgerta est même en train de pleurer.Belà aussi, a l'air ému. Après avoir demandé la permission à notre plante, nous immortalisons le moment, sous le regard sévère de ce dernier, qui nous a fait nous déplacer loin des drapeaux.
Des passants nous regardent, aussi, ayant l'air choqués de voir quelqu'un en uniforme. Je pensais que c'était partout pareil, mais il faut croire que non. Nos vêtements ne se ressemblent pas non plus, les passants portent des couleurs toutes différentes, tandis que les nôtres varient d'un gris foncé au noir, en passant par le marron. Leur vêtements de couleur me feraient presque rire, ils ressemblent à des justaucorps.Nous prenons un énième transport afin de nous diriger à l'endroit où nous serons pour les quelques semaines. Les Jeux Olympiques ne durent que seize jours mais nous avons une semaine en plus pour se préparer dans les véritables conditions.
Là bas, une immense statue de castor nommée Amik garde l'entrée et le village olympique est tout aussi incroyable que le petit bout de ville que nous avons pu apercevoir en chemin. Tout est si grand, démesuré. Si les Canadiens venaient chez nous, je suis sûre qu'ils se sentiraient à l'étroit.On nous attribue des chambres et nous sommes mises deux par deux. Je n'ose pas demander alors Théodora le fait à ma place, et nous voilà colocataires pour les prochaines semaines. Ma timidité aura toujours raison de moi, mais je déteste demander quelque chose. Théodora, elle, n'a jamais eu ce problème. C'est certainement parce que nos caractères sont si opposés que nous nous entendons bien.
Le sommeil ne vient pas à moi ce soir. J'ai beau me tourner dans tous les sens, rien n'y fait. Je n'ai qu'une seule chose en tête, explorer.
Je sais que je risque de me faire prendre et gronder, mais j'ai vraiment envie de voir le gymnase dans lequel nous serons dans quelques semaines.Alors j'essaye de me changer les idées et ouvre le paquet de mon frère. Il contient quelques sucreries et un message d'encouragements où il me dit qu'il croit en moi et qu'il m'aime, de son écriture maladroite et ses fautes. Ça me détend, mais sur un coup de tête, je me rhabille, et file le plus discrètement possible de ma chambre. Une fois que je me retrouve dehors, l'adrénaline prend le dessus et je me mets à courir, de partout, en souriant. Je manque de tomber d'un trottoir, mais ça fait tellement de bien de me sentir heureuse, légère. J'ai l'impression d'être en plein enchaînement complexe aux barres, mais non. Je suis juste seule, courant dans un endroit qui, il y a quelques semaines de ça, m'était interdit d'en rêver.
J'entre alors dans le plus grand gymnase, et le sentiment s'intensifie d'avantage.
"Hey! Who's there?!"
VOUS LISEZ
I'll always wait for you
RomanceChallenge du Scooby Gang: écrire une histoire sur le thème de l'URSS contenant le mot "froggy chair"... Une jeune gymnaste se bat pour réaliser son rêve: participer aux Jeux Olympiques. Mais ses rêves vont vite changer quand elle fera la rencontre...