chapitre dix

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paris, septième arrondissement.
2025, omniscient.

ornella était prête à partir se coucher. prête à penser au père de sa fille toute la nuit, comme depuis des semaines, des mois. elle y était habituée à présent. il la perturbait même jusque dans ses rêves.

elle fronça les sourcils quand elle reçut un message de ce dernier, lui indiquant qu'il souhaitait la voir, tout de suite. il était vingt-et-une heures alors ce devait être réellement important. elle enfila un pull, un pantalon et des converses à vive allure, tout en prévenant fayza et wilfried de la situation pour ne pas qu'ils s'inquiètent.

de son côté, kylian était déjà à l'endroit où il avait demandé à ornella de le rejoindre. un café parisien, dans le septième. l'endroit même de leur rupture. était-ce symbolique ? ou tout simplement parce que l'attaquant appréciait ce café ? il attendait la jeune femme sur la terrasse. il y avait étonnement très peu de monde.

gaïa était restée auprès de lina ce soir. le footballeur lui avait clairement dit qu'il devait voir ornella pour parler de leur fille, alors que ce n'était pas du tout de cela dont il voulait parler.

il souhaitait avoir une conversation avec la jeune femme parce qu'il n'en pouvait plus de penser à elle à chaque instant, ça le perturbait énormément, et vis à vis de sa compagne il était mal à l'aise. sauf qu'il ne pouvait s'en empêcher.

il sentit une présence derrière lui, puis une silhouette vint s'asseoir en face de lui, sans un mot. un long silence se suivit, jusqu'à ce que le footballeur ne le brise.

- tu te rappelles de notre première vraie discussion ? ce jour-là, j'ai cru qu'on allait se séparer, parce que je n'arrivais pas à te comprendre. enfin, je n'arrivais surtout pas à te cerner.

ornella souriait doucement, nostalgique. elle ferma les yeux pour se remémorer cette journée. c'était dans le même arrondissement, sur les bords de seine.

FLASHBACK.
kylian avait demandé à ornella de le retrouver sur les bords de seine. quand elle l'aperçut, elle vit bien que quelque chose clochait.

elle se demandait si elle avait fait quelque chose de mal, ce qui était vrai parce qu'elle était la source de ce problème. elle ne savait pas communiquer, ne se confiait jamais et n'était pas investie dans cette relation, bien qu'elle n'ait commencé qu'il y a deux mois, et kylian en souffrait énormément.

elle s'installa aux côtés de son compagnon, qui balançait ses pieds dans le vide.

- j'ai l'impression d'aimer une fille qui connaît tout de moi alors que je ne connais rien d'elle, j'ai ces papillons dans le ventre que toi tu n'as pas et je ne sais pas pourquoi. je sais juste que tu ne m'aimes pas et ça ne sera pas facile à surmonter, avoua-t-il les larmes aux yeux.

ornella restait bouche bée face aux propos de son petit ami. c'était donc cela. elle était belle et bien la source de ses souffrances. elle devait à présent se justifier, et cela passa par une confession. elle détestait se confier, mais c'était le seul moyen de lui offrir une réponse claire. elle prit ses mains, le forçant à la regarder dans les yeux.

- si j'ai tant de mal à te montrer ce que je ressens kylian, c'est juste que j'ai énormément peur de parler de moi, de ma vie personnelle, sentimentale, j'ai constemment peur d'être jugée... elle prit une profonde inspiration avant de s'élancer. je suis bisexuelle. avant que je ne te rencontre, j'étais en couple avec une femme, qui s'appelait justine. je l'aimais si fort, c'était tellement puissant que je me demandais comment c'était possible d'aimer quelqu'un comme je le faisais. je parle d'elle au passé parce que je l'ai tuée. le footballeur fronça les sourcils. premier janvier deux-mille dix-huit, nous fêtions le nouvel an avec isyld, noah, louis, que nous avions rencontré en septembre deux-mille dix-sept, puis justine. nous étions ensemble depuis deux ans, elle m'avait suivie jusque paris. j'étais sobre, ou du moins je n'avais pas bu plus de deux verres, nous traversions tous les cinqs le passage piéton. j'étais la première à traverser, mais trop occupée à ne pas faire attention, je n'avais pas vu la voiture qui fonçait droit sur moi, malgré l'autorisation de traverser. justine a donc hurlé avant de me pousser de toute ses forces pour éviter que je ne me fasse écraser. elle a pris ma place, l'homme ivre n'a même pas eu la décence de freiner. elle est décédée sur le coup, les pompiers n'ont rien pu faire et justine nous a quitté, m'a quittée. c'est de ma faute si aujourd'hui elle n'est plus là, et je n'arrive pas à me le pardonner. personne ne peut comprendre ce que ça fait de voir la personne que l'on aime se faire renverser par une voiture. j'ai vu la scène de A à Z. le sang qui dégoulinait de son crâne. j'ai entendu son dernier souffle.

la seule réaction du joueur fut d'étreindre ornella, qui sans le vouloir avait lâché quelques larmes.

- tu ne m'en veux pas te t'avoir caché... tout cela ? elle rougit fortement en faisant allusion à ses préférences sexuelles, et ce qu'il s'est passé début deux-mille dix-huit.

- jamais je ne t'en voudrai ornella, tu es libre d'aimer qui tu veux et je ne te jugerai jamais sur ça. je sais que c'était dur d'en parler pour toi alors je comprends. je te donnerai le temps dont tu auras besoin pour digérer tout ça. ce n'était pas de ta faute, comme tu viens de le dire, l'homme était ivre. tu n'es pas coupable, tu es victime toi aussi.

- je veux digérer cette douleur avec toi kylian. je veux aller de l'avant. cela prendre peut-être des semaines, des mois, des années, mais je veux avancer à tes côtés.

- et moi je veux te faire devenir la meilleure version de toi-même. si ça doit prendre des mois, on prendra le temps, mais nous avancerons. à deux.

le footballeur ne la laissa pas répondre et se contenta de l'embrasser tendrement pour lui apporter son soutien. il s'en fichait de savoir qui avait bien pu aimer ornella auparavant, lui l'aimait, et elle aussi, et c'était tout ce qui comptait pour le moment.
FIN DU FLASHBACK. 

aucun des deux n'osait parler par la suite. ils se fixaient sans un mot, essayant de se déchiffrer à travers un regard. mais kylian n'y voyait que son reflet. ornella était indéchiffrable tout simplement.

- le lendemain de notre discussion, je suis allée au cimetière sur la tombe de justine. je lui ai même parlé, ça me faisait bizarre de parler avec une personne décédée mais je crois que cela m'a aidée à m'en sortir pendant quelques temps.

- seulement quelques temps ?

- tu me connais depuis des années, tu sais parfaitement bien que je suis fragile psychologiquement. ça allait mieux avant que gaïa ait sa leucémie, et que nous nous séparions. à partir de ce moment-là, c'était la descente aux enfers. et je n'arrive toujours pas à m'en remettre.

▪️▪️▪️▪️▪️

vous connaissez enfin la raison des souffrances d'ornella, j'espère que cela vous plaît.
vous savez également qui est justine, vos réactions ?
:)

salut

dans leur regard » KYLIAN MBAPPÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant