dans leur regard » KYLIAN MBAPPÉ

chapitre onze

paris, septième arrondissement.
2018, omniscient.

FLASHBACK.
ornella posa son skateboard à terre avant de rouler avec jusqu'à l'endroit où elle souhaitait aller.

elle s'arrêta devant l'immense portail. devait-elle faire demi-tour ? elle pouvait encore le faire après tout. mais non, la jeune femme continua d'observer la devanture du cimetière avec un mal de crâne immense. c'était si douloureux qu'elle dut s'asseoir quelques minutes avant d'enfin pénétrer dans cet endroit.

elle chercha momentanément la tombe qu'elle souhaitait, avant de s'arrêter brutalement. c'était ici. jamais ornella n'avait souhaité mettre un pied devant tout cela depuis l'enterrement. elle sentait son cœur battre à toute allure. la plaie s'ouvrait à nouveau, n'avait-elle pas cicatrisée ? malheureusement ce n'était pas le cas, et kylian le savait. mais il lui avait apporté son soutien.

elle posa son skateboard par terre pour s'asseoir dessus et observa la tombe. les larmes roulaient une à une sur ses joues, de nouveau. elle souhaitait juste évacuer toute la pression qui pesait sur ses épaules depuis le décès de son ancienne compagne.

« justine bruski, janvier 1999- janvier 2018. un ange parti trop tôt. »

sa main effleura la pierre tombale. elle renifla doucement se demandant pourquoi elle souffrait autant. elle n'était partie que depuis six mois après tout.

elle était la cinquième personne de la collocation, ils ont dû ramasser toutes ses affaires. ils souffraient tous de son départ, personne ne souhaitait prendre la parole sur ce sujet.

l'italienne se mit à lui parler. pourquoi ? elle ne le savait pas. par besoin, par envie, par manque ?

- si un jour on m'avait dit que j'allais parler à quelqu'un qui est décédé, je lui aurais ri au nez mais malheureusement c'est à toi et toi seule que je veux me confier. tu nous as quitté trop tôt petite tête, tu nous manques, me manques. j'ai perdu certains repères depuis ton départ, je ne vais plus skater dans les lieux que tu adorais parce que je n'y parviens pas. je pense à toi tous les jours et tu hantes mes pensées. j'aurais dû mourir à ta place, pourquoi m'as-tu poussé ? j'aurais très bien pu y laisser ma vie si c'était pour sauver la tienne mais tu en as décidé autrement et maintenant regarde-moi, regarde à quel point je suis vide de toutes émotions. regarde-moi souffrir comme jamais je n'avais souffert. Je me drogue justine, je fume, je bois, tu me l'as toujours interdit mais j'ai sombré parce que je n'ai pas le mental de me relever, ta perte m'a tellement brusquée que je n'arrive même plus à me regarder dans un miroir sans penser que tout est de ma faute.

la respiration haletante, elle songea à arrêter. mais elle n'avait pas terminé ce qu'elle avait à lui raconter.

- si seulement j'avais regardé avant de traverser, rien de tout cela ne serait arrivée et tu serais toujours en vie aujourd'hui. les meilleurs partent toujours les premiers mais j'espérais que tu sois une mauvaise personne pour que tu restes à mes côtés le plus longtemps possible. je me souviens quand je t'emmenais sur le toit de notre immeuble. on s'adossait à la cheminée, on discutait des heures entières. tes pupilles brillaient faiblement à chaque instant, elle émit un léger rire, se trouvant ridicule. elle essuya une larme fuyante avant de reprendre. ton regard me désarmait tout le temps, je fais semblant mais j'ai toujours aussi mal. pourtant, j'ai rencontré quelqu'un.

elle posa sa main sur la tombe, comme si justine pouvait ressentir sa présence.

- il s'appelle kylian. je crois l'aimer. oui c'est évident, je l'aime. mais je m'en voulais de passer si vite à autre chose alors que toi tu étais décédée, que j'ai essayé de me persuader que je n'avais aucun sentiment à son égard, alors que c'était faux. résultat, il en a souffert et je m'en suis voulue. je m'en veux toujours. c'est pourquoi j'ai décidé d'aller de l'avant, parce que c'est ce que tu as toujours voulu. tu souhaitais mon bonheur, eh bien je suis heureuse avec cet homme. je vais songer à reprendre mes études pour devenir infirmière, pour te faire honneur et te rendre fière, car tu avais toujours voulu exercer ce métier. je vais avancer, sans toi, mais il le faut. j'espère que de là où tu te trouves tu veilles sur moi. je ne t'oublierai jamais, une partie de moi t'aimera jusqu'à la fin de ma vie. je t'aime justine.