Chapitre 2

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Elle n'en revenait tout simplement pas ! Elle avait réussit ! Elle poussa un puissant cri de joie en constatant qu'elle était entière, alors que le train continuait sa course effrénée. Elle fut prise d'un fou rire et s'écria :

-Merci Dame nature, ton manteau de neige m'a sauvé ! Je te rends grâce en cet instant, je suis ton humble servante ! 

Le cœur gonflé d'allégresse pour la première fois de cette sombre journée, la jeune fille aux cheveux roux tituba un léger instant avant de réussir à se mettre en route pour Charlottetown. A mesure qu'elle avançait, elle se rendait compte que ce qu'elle avait fait était très dangereux et que Marilla et Matthiew seraient très inquiet tout comme Gil... Non ! Il n'en avait rien à faire d'elle ! Et elle l'avait sûrement mérité. Elle avait été odieuse avec lui et avait mérité qu'il se fiche de son existence, mais elle savait qu'il n'était pas mauvais... Peut-être allait-il s'inquiéter un peu pour elle. Elle poussa un grognement : 

-Quelle importance ?! 

Elle secoua la tête pour chasser le charmant Gilbert Blythe de son esprit et préféra se concentrer sur sa destination. Pourtant, elle revoyait son regard rêveur alors qu'il contemplait cette fleur de tissus. Le cœur d'Anne avait souffert en le voyant ainsi. Elle ne savait pas pourquoi, mais cela l'avait blessé. Car elle savait que seules les véritables fleurs méritaient un tel regard ! Oui, c'était uniquement pour la fausseté de cette plante ! 

Le soleil déclinait à vue d'oeil lorsqu'elle se mit à courir pour rejoindre Charlottetown qui était désormais toute proche. Elle arriva toute essoufflée devant la demeure de Joséphine Barry, une bonne heure plus tard. Elle s'assit sur les marches un instant, pour retrouver son souffle. C'est alors que la porte s'ouvrit sur le majordome qui s'exclama en la voyant :

-Mademoiselle Anne, mais que faites-vous ici ?!

-Pardonnez-moi...*Elle combattait toujours pour respirer convenablement* Mais je... Je souhaiterais savoir s'il serait possible de dormir ici cette nuit... 

Il secoua la tête et partit la cueillir pour la faire entrer dans la chaleureuse demeure. En la voyant arriver dans la somptueuse salle à manger, Cole manqua de s'étouffer avec son potage et Joséphine afficha une mine des plus surprises. La tenue négligée d'Anne n'aida pas les trois habitants à l'accueillir sans un mot. Ils la firent asseoir et elle se mit à conter sa nouvelle aventure. 

-Tu as sauté d'un train en marche ?! 

Anne afficha une mine contrite et son public soupira profondément. La vieille dame jeta un regard sévère à la jeune fille de seize ans et fit un signe à son majordome :

-Rowlings, envoyez donc un télégramme à la famille de notre chère Anne, pour les rassurer, mais omettez le saut du train. Vous n'aurez qu'à dire qu'elle est redescendu, juste avant le départ, du train en toute discrétion. 

-Mais cela n'expliquera pas pourquoi elle est ici !

-Tu as raison Cole. D'ailleurs, tu ne nous as toujours pas répondu, jeune fille... 

-Je... Je voulais... Je ne peux pas partir d'ici sans avoir eu de vraies réponses au sujet de mes parents ! 

L'honorable dame haussa un sourcil, peu convaincue par l'explication de la jeune fille, mais l'accepta silencieusement et fit signe à Rowlings de transmettre ce message. Dès qu'il fut partit, Cole s'enquit d'apporter une assiette à Anne qui lui accorda un sourire en guise de remerciement, mais ajouta qu'elle n'avait pas très faim. Son ventre se tordait dans tous les sens et elle ne savait pas pourquoi. Tant de choses s'étaient passé aujourd'hui...

Elle avait pénétré une nouvelle fois dans l'endroit le plus effrayant à ses yeux et avait dû affronter le monstre de tous ses cauchemars, enfin... Affronter était un bien grand mot ! Anne avait été incapable de prononcer un seul mot en sa présence, tétanisée devant cette femme qui exerçait sur elle un terrible pouvoir. Et ensuite elle avait trouvé Gilbert avec cet air heureux devant cette fleur factice... Elle serra sa fourchette sous le regard inquiet de ses deux compagnons. Elle avait le regard dans le vague. Lui en voulait-elle d'avoir passé une agréable journée ? Ou alors lui en voulait-elle plutôt de ne pas s'être intéressé à ce qu'elle avait vécu ? Elle poussa un grognement en réponse et lâcha sa fourchette qui tomba bruyamment au sol. Elle baissa le regard, honteuse de son comportement et dit d'une petite voix après avoir ramasser le couvert :

-Je suis sincèrement désolée de m'imposer... Je... Je n'ai pas réfléchis. J'ai... J'ai senti un tel mal-être une fois dans ce train, j'étais entourée de gens, mais je ne me suis jamais sentie aussi seule qu'en cet instant. Je ne voulais plus qu'une seule chose : fuir ! Alors j'ai quitté mon siège et j'ai rejoins le wagon des marchandise. Si j'avais réfléchis, je ne l'aurais pas fait. J'aurais pu mourir ! Oh ! Mais si vous aviez ressentit ce que j'ai ressentis lorsque j'ai bondit dans le vent pour atterrir dans la poudreuse ! J'avais l'impression d'être libre, inaccessible ! J'avais le sentiment pour la première fois, d'être le seul maître de ma barque, de ne plus être sous l'emprise de la peur et... 

Cole posa la main sur celle de son amie et lui dit avec un sourire tendre :

-Je ressentais ça à la falaise. 

Elle lui adressa un sourire. Elle était heureuse avec lui. Joséphine soupira et dit :

-Je suppose que tu pourras profiter de ta présence pour aller consulter les registres de l'église. 

-En effet !

Anne semblait retrouver son entrain habituel mais ils n'étaient pas dupes. 

Tu es uniqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant