Gilbert attendait sur le perron, qu'on daigne lui ouvrir. Pour une raison qui lui échappait, Marilla et Matthew, lui avaient demandé de ramener Anne aux pignons verts, car ils avaient des achats à faire pour leur ferme.
Il ne comprenait pas leur décision surtout après le savon magistral qu'ils lui avaient passé. Il savait qu'il les avait déçu, mais il s'était surtout déçu lui-même. Il n'avait pas prêté une seule seconde d'attention à Anne et il devait bien reconnaître qu'inconsciemment, il avait voulu lui faire ressentir le malaise qu'il avait ressentit à l'allé. Mais il aurait dû être mature pour deux... Il était plus vieux qu'elle et n'aurait pas dû chercher à se venger, alors que son comportement n'était certainement pas dirigé contre lui en particulier, elle était seulement à bout. Il espérait tellement que c'était cela, car il ne supportait pas l'idée qu'elle le haïsse.
La porte s'ouvrit sur un homme élégamment vêtu et Gilbert se présenta. L'homme lui fit signe d'attendre et il revint avec une dame élégante et froide, qu'il reconnut comme la tante de Diana. Elle lui donna l'autorisation d'entrer de son air glacial et aigri.
Il s'exécuta et pénétra dans la demeure. Il suivit la vieille dame jusqu'au salon, où il trouva Cole et Anne assis sur un sofa. Les deux adolescents conversaient joyeusement et Gilbert eut l'impression de recevoir un coup au cœur, comme toutes les autres fois où il avait entendu parler de cette amitié qui semblait unir les deux jeunes gens. Cette idée lui faisait mal, mais la voir sous ses yeux... Était une torture, car il savait qu'il ne pourrait jamais être ainsi avec elle. Il voulut se gifler... Bash avait-il raison ?!
Il ne pu approfondir sa réflexion que déjà la jeune fille saluaient ses hôtes. Elle enlaça la tante de Diana et cette dernière passa une main dans son dos dans un geste étonnamment tendre. Le majordome eut aussi droit à un traitement semblable qu'il accueillit avec un éclat de rire. Cole en revanche s'approcha de lui, en jetant des regards à Anne. Il prit la main de Gilbert qui se laissa faire, perplexe, et y mit une enveloppe. Il lui dit :
-Lis la, quand elle ne sera pas là.
Sans plus d'explication, il rejoignit la fameuse rousse et l'enlaça tout contre son cœur, en lui faisant promettre de revenir bientôt. Entre deux éclats de rire, la jeune fille accéda à sa promesse et lui donna un baiser sur la joue qui coupa le souffle de Gilbert, sans qu'il ne s'en rende vraiment compte.
Elle lui adressa un bref regard et prit la direction de la sortie. Il la suivit en toute hâte, décidé à ne plus jamais la perdre.
Ils quittèrent la demeure et se mirent en route pour la gare. La jeune fille n'osait pas le regarder et gardait le silence. Elle demeurait le regard fixe, décidée à ne pas l'embêter et surtout à ne pas repenser au bonheur évident du jeune homme. Mais ce dernier n'était pas de cet avis.
Il la regardait avancer comme si tout était normal, alors qu'il avait passé des heures angoissantes à la chercher, à se demander pourquoi elle n'était pas là. Il avait imaginé les pires histoires à son sujet... Et cela n'avait pas aidé lorsque son télégramme leur était parvenu : son histoire ne tenait tout simplement pas debout. Elle était partit sans ses affaires, sans même lui parler alors qu'ils avaient payés leurs billets de train ! Non ! Cette histoire n'était qu'un tissu de mensonge et il était prêt à tout pour connaître la vérité.
-Anne.
Elle lui jeta un regard. Elle savait que son silence était une chose étonnante, alors elle lui répondit dans l'espoir qu'il lâche vite l'affaire :
-Oui ?
-Pourquoi es-tu partit sans m'avertir ? As-tu seulement idée du sang d'encre que nous nous sommes fait pour toi ? J'étais sensé t'escorter et toi, tu disparais ! Mais qu'est-ce qui t'es passé par la tête ?!
Il se mordit la tête devant son regard effaré. Il n'avait pas voulu hausser le ton et pourtant, elle s'était arrêtée en l'entendant s'énerver contre elle, mais voilà... Il était fou d'inquiétude ! Il n'avait pas dormit de la nuit et ce, même en la sachant en sécurité. Il était emplit de remords pour ne pas lui avoir porté la moindre attention.
Alors qu'il allait s'excuser pour s'être emporté, sa réaction le prit de court. C'était elle qui lui criait dessus désormais :
-Pourquoi ne t'ai-je rien dit ? Mais tu l'aurais su, si tu n'avais pas fixé cette fausse fleur durant tout le voyage ! Seules les vraies fleurs méritent pareilles attention, ce n'était qu'une pâle copie de la magnificence que la nature peut offrir ! Tu aurais pu m'entendre me lever, mais tu était trop plongé dans...
-Tu crois que je ne m'en veux pas ?! Anne ! Je m'en veux énormément, car il aurait pu t'arriver...
-Ne parles pas de ce qui aurait pu m'arriver ! Je sais parfaitement me défendre et même plus que toi !
-Tu n'es pas invincible Anne...
-Mais je suis plus forte que toi ! Tu n'aurais jamais sauté d'un train en marche, car tu...
-Tu as fait quoi ?!
Elle écarquilla soudainement les yeux, se rendant compte de sa bourde et se mit à marmonner dans sa barbe des insultes à son encontre. Alors qu'il lui posait mille et une question, elle lui répondit que ce n'était qu'un passage d'un roman auquel elle avait pensé, puisque le personnage principal fuyait un idiot comme lui.
Mais Gilbert ne fut pas dupe et alors qu'elle marchait devant lui, il ne pouvait contrôler son cœur affolé, alors que son esprit répétait sans cesse : "elle a sauté d'un train en marche." Et elle était entière et toujours aussi chevronnée ! Cela dépassait l'entendement.
Il n'y avait qu'elle pour faire ce genre de chose, mais cette fois Gilbert n'avait aucune envie de sourire.
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Tu es unique
FanfictionAventureuse. Superbe. Capable. « Ta réalité... Est débordante de vie, magnifique et c'est ce qui a fait ce que tu es ! Tu es capable de voir et de rêver tout ce qui est possible ! »