partie 4

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On pourrait penser qu'à ce stade, il créa une affinité avec elle. Pourtant, il entend toujours son dialogue de l'extérieur. Comme si, à elle-même, elle était un monologue inintéressant. Pourtant il aimerait bien la considérer, la chérir, ne serait-ce qu'un petit peu. Il se concentre, mais non. Impossible. Elle ne représente absolument rien pour lui, même pas une chaleur humaine. Et il s'en veut d'être aussi antipathique, aussi froid à son égard. Il se dit que, tant pis, elle est bien un moyen de toucher le fruit de son désir après tout. Penser ainsi, le répugne de lui, d'elle. Il ressent de la colère, et malgré cette dernière fois où elleavait jouit d'un aveux total envers son égard, il se dit qu'il aurait quand même préféré pouvoir découvrir son corps plutôt que son coeur. Et oui c'était cruel, mais c'était surtout la vérité, elle peut être cruel mais elle est vrai. Alors voilà, il ne pourra pas avoir tort de penser ainsi puisqu'il sera honnête. De cette fille, il en fait son heure de tourment avant de tourner la page vers ses jeux videos pour l'oublier sous le poids d'un sommeil virtuel.

Plus il est au lycée, plus il se rend compte qu'il déteste les gens mais qu'il déteste encore plus le sentiment d'être invisible à leurs yeux. Ici, de son groupe d'amis, il entend beaucoup parler de cette fille. Ils ne l'aiment pas vraiment. Ils en parler comme une fille dépressive, à forte tendance de chantage au suicide. Ils la disent aussi possessive, calculatrice, psychorigide, égoïste et « control freak ». Ils en parlent tellement que c'est comme s'il la connaissait déjà, et c'est ce qu'il pense. C'est peut être pour ça qu'il la considère aussi peu et qu'il ne l'écoute pas vraiment. Pourtant, dans cet aspect des plus repoussant dont elle lui est décrit, il semble se reconnaître. C'est peut être une des seules choses qui l'aimante à elle, mise à part de son corps, bien sûr. Il en a mare d'être le seul puceau du groupe. Il veut s'émanciper sexuellement aussi. Il veut pouvoir être capable de reproduire toutes ces images devant lesquelles il aime tellement s'extasier tout seul, le soir dans sa chambre. Et puis, il en a marre que son meilleur pote lui parle de toutes ces aventures sans que lui puissent vraiment les comprendre ou en raconter. En gros, il en a marre d'être le petit bébé ingérable qui fait le mec alors qu'il n'en sait rien. Et ça le complexe énormément. Il n'aime pas être complexé, il ne le supporte pas. Il a besoin de s'auto refléter dans une image qui lui parait supérieur. Sinon c'est la crise, la remise en question. Il a l'impression qu'il n'arrivera jamais à être meilleur. Pourtant il pourrait, mais l'effort de ce changement représente tant une épreuve qu'il se sent découragé et pris d'une flemme tellement intense qu'il en reste totalement statique pour s'en rendre totalement aigri.

Le soir même, en sortant du lycée, il reçoit un appel d'elle. Elle lui demande de passer d'une toute petite voie. Il doit renter, alors il a poliment à décliner. Mais en se dirigeant vers le métro, il repense à tout ce qui pourrait se passer, tout ce qu'il rate. Pris par l'angoisse de pouvoir passer à coter de son corps , il la rappel : « Je peux venir ? ». Sur le chemin, il pense déjà à tout ce qu'il pourra faire d'elle. Il se dit qu'il aurait bien aimé qu'elle ai encore les cheveux longs. Il aurait bien aimé les tirer.

AmertumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant