partie 6

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Puis il arrive, elle l'attend assise devant sa porte d'entrée, dans la cour. Elle fume une cigarette. Il connaît son but : l'entrainer dans sa chambre pour la parcourir, pour accomplir ce qui le complexe tant, son obsession la plus charnelle. Mais elle trépigne, grimace, semble réfléchir de manière agitée. Alors, il lui demande ce qu'il se passe. Comme si elle avait attendu qu'il le lui demande, elle se lance dans une longue tirade contre les gens de ce lycée qui la blâment, qui l'insultent et la salissent aux yeux des autres mômes du quartier. Elle est très énervée, mais plus encore, elle est profondément blessée. Lui, ne comprend pas, il entend toujours ce même monologue inintéressant, mais cette fois, il la trouve ridicule. Lorsqu'elle se tait, suite à son long discours, elle le toise tendrement, timidement, attendant une quelconque réponse, une quelconque empathie. Elle se sent seule dans son malheur. Seule dans cette tragédie comique qu'elle s'est proprement monté. Elle a caché une larme, il ne l'a pas vu. Il rigole d'un air mauvais : « c'est bon t'as fin? ». Elle ne sait plus où se mettre. Elle comprend très bien qu'il n'a pas compris un seul mot de ce qu'elle a tant peiné à exprimer. Alors, comme pour mettre fin à ce moment de torture, elle vas s'assoir contre lui dans le canapé. Il prend ça comme un signe. Il est content, il se dit que ça y est, ils vont peut être le faire. Après tout, elle l'as déjà fait avec tant d'autres... Il se lève et se dirige dans la chambre de la fille. Elle lui demande ce qu'il fait. Il lui dit de la rejoindre. Elle le rejoint, elle a très bien compris pourquoi mais elle fera comme si elle ne savait pas. Arrivée dans sa chambre, elle voit qu'il a déjà enlevé son t-shirt et qu'il commence à enlever son pantalon. Elle lui demande ce qu'il fait en souriant. Il s'enroule dans la couette du lit et lui répond qu'il fait une sieste. Encore habillée, elle le rejoint. Elle pose son torse contre son dos et passe ses mains sur la peau laiteuse du garçon. Elle veut le sentir, le découvrir, lire son histoire à travers sa peau. À ce contact, il sourit et se tourne vers elle, il l'embrasse langoureusement. Il cherche à lui enlever les vêtements qu'elle a en trop, elle l'aide. Les vêtements se fracassent sur le sol dans le bruit sourd dont est chargé l'atmosphère. Il respire fort, elle lui tire tendrement les cheveux et l'embrasse dans le cou. Il ferme les yeux et il entend comme une musique dans sa tête. Un truc du genre « love hurts » du groupe « Nazareth », c'est son coté un peu « grunge » dont il est fier. Lorsqu'ils sont totalement nus, l'un contre l'autre, accroupi, ils se regardent. Ils se questionnent du regard, hésitant de timidité par rapport à ce qu'on ose pas oser. Il perce ce silence par « t'en a une? », elle hoche la tête. Comme il ne sait pas enfiler un préservatif, il lui demande de le faire. Puis, le moment qu'il attendait temps arrive. Il est sur elle. Dans sa tête, il est complètement ailleurs. Est ce que c'est vraiment ce qu'il croit? C'est possible que ce soit réellement en train de passer, là, maintenant? La seconde d'après, il la possède totalement, entièrement. Il est en elle. Une sensation délicieusement étrangère l'envahit. C'est comme s'il naissait une deuxième fois, en tant qu'homme. Il se sent puissant submergé d'un sentiment qui le rend insubmersible. Elle le caresse de partout. Il sent ces mains délicate envahir tout sa peau, il ne comprend pas cette tendresse. Il entend son doux gémissement comme un aveux qu'il voudrait qu'elle n'arrête jamais de prononcer.

Lorsqu'il en a fini « c'est tout? c'est incroyable... ». C'est ce qu'il se dit tandis qu'elle lui sourit tellement tendrement qu'il s'en sent coupable. Puis, comme pour s'évader de son laisser aller intime, elle lui dit fièrement qu'ils vont fumer leur premières « cigarettes after sex ». Elle est vraiment fière d'être sa première fois, elle se sent plutôt importante, comme si ce moment avait de la valeur, comme s'il n'allait jamais être oublié. Mais, pensive, elle fredonne la musique qui se joue en arrière plan de leur ébat. « Don't let the days go by... », ce n'est pas innocent. Elle espère qu'il peut l'entendre comme elle le ressent. Il la regarde, émerveillé, lui sourit et chuchote simplement « merci » au creux de son oreille avant de lâché une larme qu'elle essuie du bout des doigts.

AmertumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant