Elementum {Tome 1}

VI

  Je m'envole en même temps que Harry. Si brusquement que j'en ai un hoquet léger de surprise. Notamment lorsqu'on s'arrête au même niveau que mon frère. Il n'y a peut-être pas de vent, mais l'air est frais et il m'est bien étrange de voler sur un balai, avec cette sensation d'en avoir toujours fait. Je relève ma tête vers Drago qui ne perd pas de temps à me fusiller des yeux.
  Je n'aime pas ce regard.
  En tout cas il ne l'a jamais réellement eu envers moi. C'est comme si on me donnait un coup de poignard en plein cœur... Déjà qu'il m'a bien rabaissé en me traitant de mauviette, alors m'envoyer des foudres avec son regard, non merci !

- Je te conseille de nous donner ce Rappel-tout immédiatement ! m'écriai-je alors.

- Et si je ne le fais pas ? me nargue-t-il.

  Mais il est têtu, en plus de ça ! Non pas que je ne le suis pas moi-même, puisque je suis bien plus bornée que lui, mais ce n'est pas le moment de se prêter à un jeu pareil !
  Harry semble remarquer que même mon intervention ne sert à rien, car il le menace vivement :

- Donne-nous ça, ou je te fais tomber de ton balais ! 

  Le faire tomber de son balai ? Est-ce là, son idée génialissime ? Harry ne semble pas comprendre que si Drago tombe et que notre père en est au courant, la faute me retombera dessus !

- Oh, vraiment ? s'enquit Drago.

  Harry se penche afin de lui attraper les chevilles. Drago l'esquive agilement, m'offrant un bel étonnement. Et moi qui l'ai toujours cru souple comme un Hyppogriffe !

- Drago, si tu veux éviter tous problèmes, rends-le nous, ordonnai-je. Ce Rappel-tout appartient à Neville, espèce de freluquet !

  Le rictus qui apparaît au coin de ses lèvres m'irrite amèrement.

- Si vous le voulez vraiment, allez le chercher !

  Tout à coup, Drago balance la sphère en direction d'une fenêtre. Et pas de n'importe quelle fenêtre... Celle du professeure McGonagall, la directrice de notre maison ! Harry et moi avons eu le même réflexe, mais Harry est plus rapide : il récupère le Rappel-tout en quelques secondes, de justesse, avant qu'il ne brise un carreau.
  Drago, ne voulant pas avouer sa défaite trop rapidement, vole jusqu'à Harry et tend le bras pour le récupérer.

- Ah, ça non, n'y compte pas ! m'écriai-je.

  Je vole aussi vite que possible, le vent dans les cheveux, jusqu'à arriver à leur niveau. Ne pas regarder en bas, ne pas regarder en bas... Harry, ne sachant pas comment se débarrasser de mon frère, jette un regard vers moi. En l'espace d'un instant, il a déjà pris sa décision et l'objet fuse vers ma tête. Je le rattrape en manquant de peu d'être happée par le vide.

- Oufff... Je l'ai !

  Les yeux de Drago, dans une ancienne vie, pourraient lancer des lasers à la manière de Superman, j'en suis sûre ! Je le toise du regard.

- Quoi ? Qu'est-ce que tu crois pouvoir faire maint-

  J'abaisse vivement ma tête alors qu'il s'est apprêté à me tirer les cheveux.

- Hey ! m'offusquai-je tandis qu'il ricane, à faire le malin. Toi, je te le jure, tu vas me le payer à la maison !

  Je l'évite à nouveau lorsqu'il tente de me désarçonner de mon balai. Du coin de l'œil, je remarque que Harry a commencé à redescendre vers les autres, mais s'est abstenu en voyant que je ne le suivais pas.
  Dans une dernière tentative, je tente une chose totalement irréfléchie et dangereuse.
  Je lance le Rappel-tout en l'air et me raccroche subitement à une pierre dépassant du mur. Mon balai toujours en main, je frappe de toutes mes forces sa pointe contre la sphère.
  Comme au ralenti, j'entends mon cœur battre effréné dans mes oreilles, tandis que le Rappel-tout échappe aux mains de Drago, fend l'air d'une vitesse plus rapide que les oiseaux avant d'être attrapée de justesse par Harry, qui sourit jusqu'aux oreilles.
  Mes doigts dérapent subitement de la pierre. Je me récupère vivement sur mon balai. Soufflant longuement de soulagement, essoufflée comme jamais, je m'envole vers Harry en n'oubliant pas de jeter un regard noir à l'autre imbécile de première. Harry, soulagé, me montre son poing joyeusement. J'écarquille des yeux, stupéfaite de cette preuve populaire d'amitié. Les larmes me montent légèrement aux yeux et je frappe mes phalanges contre les siennes, les pommettes chauffantes. Harry ne s'en aperçoit pas, il éclate seulement de rire et nous descendons au sol.
  Un tonnerre d'applaudissements suivis d'hurlements de joie nous accueillent. Les étudiants de la maison Serpentard et Gryffondor nous acclament grandement, jusqu'à que l'on entende des talons derrière l'attroupement.
Tous les élèves font un passage et la professeure McGonagall fait son apparition, tandis que je passe ma main dans mes cheveux détachés, dans le vain espoir de les remettre en ordre.