Elementum {Tome 1}

XIII

  Quelle idée ai-je eu ?
  Non, mais... quelle idée ?
  Ma claustrophobie ne me suffit pas, je suis maintenant collée serrée contre Harry. Je persévère mentalement, à chaque montée d'escalier, à chaque couloir arpenté que ce n'est que temporaire, qu'on sortira bientôt à l'air libre.

- Bon, commence Harry, il faut qu'on parle : comment tu as su qu'on sortait cette nuit ?

- Tout d'abord commençons par le commencement, si tu n'y vois pas d'inconvénient... Le premier soir où vous vous êtes absentés, lorsqu'Hermione est revenue dans les dortoirs, j'étais encore réveillée. Je l'ai donc prise en flagrant délie et elle a dû me résumer l'histoire du cerbère que Dumbledore a sûrement piqué à Hadès. Puis, ensuite, elle m'a tenu informé de tout ce que vous avez découvert. Et comme je ne pouvais pas jouer l'ignorante plus longtemps, j'ai souhaité vous accompagner. 

  Techniquement, une autre part de vérité est omise : l'envie d'action. Même si mon passé en a regorgé, aujourd'hui il me semble plus que nécessaire que je ne peux rester immobile, les bras croisés, face à un trépignant danger.

- Hermione, je croyais que tu devais n'en parler à personne ? s'agace Ron.

- C'est elle qui a voulu tout savoir ! chuchote-t-elle d'une voix aiguë.

- Pourquoi être ronchons ? Voyons le bon côté des choses ; l'union fait la force

  Ils ne répondent rien, mais je pense avoir eu raison de venir. D'autant plus que j'avais hâte de me sentir vraiment utile.

- Aïe, tu m'as marché sur le pied !

- Excuse-moi.

- Ron, la prochaine fois que tu me pousses...

- Je n'ai pas fait exprès !

  Par Merlin, la chance nous accompagne, Rusard ne semble pas entendre nos chuchotements peu discrets.
  Arrivés au troisième étage, une allée de flammes s'allument dès notre venue  éclairant un couloir humide et angoissant, menant à une porte scellée à clés.

- Croyez-vous qu'un « Sésame, ouvre-toi » fonctionnerait ? demandé-je, me récoltant leurs regards circonspects. Pff... Il n'y a jamais moyen de rire, de toute façon. Il faut vous détendre un peu, hein... Portaberto !

  La serrure explose bruyamment, ne laissant rien d'autre qu'un trou fumant et une serrure calsinée.
  On ne bouge pas d'un pouce, pas même d'un orteil. Seul leur air sidéré reste figé sur moi.

- Bah quoi ?

- Tu n'aurais pas pu utiliser un sort plus silencieux, non ? s'agace Harry. 

- On va se faire repérer ! s'écrie Ron.

- Point positif, c'est ouvert maintenant.

  Ils poussent un soupir et nous pénétrons la pièce, accueillis par une douce musique jouée par une harpe enchantée.
  Nous nous débarrassons de la cape, et je souffle de stupeur face à ce gigantesque, cette énorme masse poilue.
J'écarquille les yeux face aux trois têtes du cerbère. Chacune d'elle dort tranquillement et pourtant, je ne peux m'empêcher de songer que si Dumbledore doit nous sauver, il ne retrouvera de nous qu'une bouillie pour chien, que des os bien broyés.

- Quand vous parliez d'un cerbère façon Poudlardien, vous ne rigoliez pas, dis-je pétrifiée.

- Évidemment, assure Hermione.

- Attendez, dit Ron, il... il...

- Il ronfle, achève Harry, effaré. Rogue a réussi à passer, il a ensorcelé la harpe.