Il est 12h15 et la sonnerie retentit, on range nos affaires. Lia, Rachel, Julie et moi sortons du lycée et commençons à marcher. On se raconte un peu tout ce qu'il s'est passé pendant nos vacances et ce qu'on pense de la classe etc. Lia nous apprend qu'elle flirte avec un garçon depuis le début des grandes vacances, et qu'elle l'aime vraiment bien. Ils se sont vus plusieurs fois et s'entendent à merveille. Affaire à suivre.
Rachel, elle, nous apprend qu'elle s'est remise avec son ex petit ami, Dylan, un toxic boy que je ne supporte pas, je faillis trébucher en entendant ça.- Tu t'es remise avec qui ?? je m'écrie sans même m'en rendre compte.
En fin de compte, ça ne m'étonne pas tellement, quand elle est amoureuse, Rachel pardonne tout les yeux fermés et accepte l'inacceptable, c'est quelque chose qui m'énerve, parce qu'à chaque fois elle se fait briser en mille morceaux, et c'est à moi de la ramasser a la petite cuillère, de la prendre dans mes bras quand elle pleure... et Rachel est comme ma petite sœur, j'ai envie de la protéger, donc quand elle m'appelle à chaque fois en pleurant, et que je l'entend souffrir, je souffre avec elle, mais je ne peux rien faire, parce que quoi que je dise, peu importe les conseils que je lui donne, elle n'en fait qu'à sa tête.
Elle sait que je ne supporte pas Dylan, j'imagine que c'est pour ça qu'elle ne m'a pas dit avant qu'ils s'étaient remis ensemble..- Bah, il s'est excusé, et on s'est vu pendant les vacances, et il est redevenu gentil.
C'est toujours le même refrain, je soupire sans répondre, elle sait très bien ce que je pense de lui.
On arrive à l'arrêt de bus, je dis au revoir aux filles et pars de mon côté.
J'habite dans un appartement, un trois pièces, au coeur de Créteil. Je suis émancipée et vis seule depuis un an.
Je m'avance vers mon immeuble, et en relevant ma tête de mon sac où j'y ai pris mes clés, je tombe nez à nez avec Yana, ma meilleure amie. Je sursaute et fais tomber mes clés, puis je lui saute dans les bras en tournoyant. Yana est ma sœur de coeur, ma confidente, mon soutien le plus important au quotidien. Je ne l'ai pas vu de toutes les vacances, car elle est partie en Guadeloupe et en Martinique retrouver sa famille. De base métisse, elle a tellement bronzé qu'elle a pratiquement la même couleur que moi !
Elle a attaché sa grande touffe de cheveux curly en un chignon, et porte un blaser gris, avec un tee shirt blanc, un pantalon boyfriend et des baskets.Yana n'est plus dans le même lycée que moi depuis la première, elle est en filière STMG. Je suis si contente de la voir que j'en ai les larmes aux yeux.
On monte chez moi et on se pose sur le canapé avec des menthes au lait dans les mains. C'est quelque chose que peu de gens autour de moi aiment : du lait chaud avec du sirop de menthe. Moi j'adore !
Mon appartement est plutôt épuré, je n'ai pas eu trop le temps de le décorer. J'ai un grand canapé d'angle noir en cuir, avec une table basse noire, une grande télé en face, une grande bibliothèque sur tout un mur, avec une échelle qui glisse, et une grande table ronde au fond.
On s'assoit et on parle pendant des heures, nous racontant tout ce qu'on a manqué, même si on s'est eu au téléphone souvent pendant les vacances, on a pleins de choses à nous dire. Au bout d'un moment, Yana s'arrête de parler et me regarde droit dans les yeux.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Je lui demande amusée.
- Comment vont tes parents ? Me demande-t-elle l'air sérieux.
J'arrête immédiatement de sourire. Elle touche une corde sensible.
J'ai vécu avec mes parents à Créteil jusqu'à mes seize ans et demi. On avait une grande maison. Mon père est ingénieur en informatique et ma mère est anesthésiste. Ils sont mariés depuis plus de vingt ans, mais quand j'avais onze ans, les disputes ont commencé, et sont devenues de plus en plus fréquentes. Le principal sujet était mon grand frère, Bryan, il a aujourd'hui dix-neuf ans.
Un jour quand j'avais neuf ans, et lui onze, on était dans la cuisine, puis d'un coup, il est tombé par terre et a été pris de convulsions pendant deux minutes, il bavait, et j'étais horrifiée, je ne savais pas quoi faire. J'ai hurlé, pour avertir mes parents, il se cognait la tête par terre, c'était tellement violent. Mon père s'est occupé de lui et a appelé l'ambulance, pendant que ma mère me consolait dans ma chambre. J'en ai fait des cauchemars pendant plus d'un mois.
Bryan n'était revenu à la maison qu'une semaine après, ce jour-là, je l'ai regardé sans savoir comment agir, puis je me suis effondrée et j'ai couru dans ses bras, on a pleuré ensemble.
Deux ans plus tard, alors que je rentrais du collège, un camion d'ambulance était placé devant chez moi, et j'ai vu mon frère, sur une civière, mon père l'accompagnait, et ma mère pleurait. Les images de sa crise me sont de suite revenues à l'esprit, et j'ai commencé à pleurer. Bryan n'était pas là pendant une semaine, et mon père non plus. Ma mère était triste et angoissée. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait et me renfermait sur moi même. Seule Yana me faisait penser à autre chose.
C'est cette année que les disputes ont commencé, d'abord par rapport à Bryan et sa maladie, puis par rapport à tout et à rien .. Je ne supportais plus ce climat, Bryan et moi nous étions fortement éloignés, je me sentais plus seule qu'autre chose.
C'est alors qu'il y a un an et deux mois, mes parents m'ont expliqué que mon frère souffrait d'épilepsie et qu'il faisait des crises tonico-cloniques. C'est à dire qu'il perdait connaissance et était pris de convulsions, et l'image de sa chute se redessina dans ma mémoire. Il faisait souvent des séjours à l'hôpital, sans que je comprenne ni ne demande pourquoi.
C'est alors que mes parents m'ont expliqué que ses crises se déclenchaient de plus en plus souvent, et qu'il fallait qu'il aille dans un établissement spécialisé, qui se trouvait à Marseille. Je n'ai pas tout de suite compris ce que cela signifiait. Il m'ont expliqué qu'ils l'accompagneraient, et c'est là que j'ai compris que je devrais les suivre. Mais j'ai refusé, je ne voulais pas abandonner toute ma vie ici, mes amies, mes études, tout, et je ne voulais plus subir le climat qui régnait dans notre famille.
Je me suis alors renseignée sur l'émancipation, et après avoir réussi à leur trouver une multitude d'arguments pour qu'ils acceptent, dont le fait que ma tante accepte de se porter garante de moi jusqu'à mes dix-sept ans, j'ai été émancipée et ils m'ont acheté un appartement non loin de mon ancienne maison.
Ils étaient inquiets pour moi, mais me savaient mature. Depuis, un week-end par mois, ils viennent me voir, où je vais les voir, je vois très rarement mon frère, et le peu de fois où je le vois, il a toujours l'air de plus en plus fatigué. Quand je vois mes parents, ils font comme si tout allait bien devant moi mais je sens la tension qui règne entre eux, et je n'apprécie pas ces moments-là, même s'ils me manquent... beaucoup.
Yana sait que j'ai passé un mois à Marseille, avec mes parents, et mon frère. Pour une fois ça s'est plutôt bien passé, et j'ai apprécié ces moments.
- J'ai l'impression que ça va un peu mieux entre eux, même si c'est toujours tendu. Bryan va mieux, il a repris le sport et paraît en bien meilleure forme que la dernière fois que je l'avais vu. D'ailleurs on a passé beaucoup de temps ensemble à Marseille ! On a retrouvé notre ancienne complicité. Ça m'a fait trop plaisir ! J'ai vraiment passé de bons moments là-bas, ça m'a fait du bien. Et j'ai fais pleins de photos, ça me fait du bien de les regarder.
Yana sourit et me prend dans ses bras. Je suis heureuse. Je n'ai pas cours demain donc on passe la soirée à regarder des films, puis on finit par s'endormir.
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On en apprend bien plus sur la vie d'Amara, mais les cours ont repris, et son paisible quotidien va être quelque peu bousculé..
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Les premières fois d'Amara
Teen Fiction"Il se retourne illico, et s'avance vers moi à grands pas, il colle son front au mien pour m'impressionner, mais ça ne marche pas, je lui tiens tête, jusqu'à ce que plusieurs élèves nous séparent. Je ne le supporte plus, je sors de la classe en furi...