Jeudi, j'appréhende d'aller au lycée. Non seulement parce que j'ai honte de mon comportement d'hier, mais aussi parce que j'avais réalisé que j'avais un crush sur Mathieu. Et, finalement, je n'aime pas ça.
J'y ai pensé toute la nuit, et je suis arrivée à une conclusion : je n'ai pas envie de tomber amoureuse, je ne suis pas prête, et Mathieu est un garçon trop compliqué – j'avoue que je le suis aussi...
Toute la journée, je n'ose pas aller lui parler. Mais je lui lance quand même des petits coups d'œil, de temps en temps, et je le trouve de plus en plus beau. Il est vraiment charismatique.
A la fin des cours, je vais voir Rachel, elle va de mieux en mieux. Elle m'explique enfin ce qu'il s'est passé avec Dylan : il l'a quittée, elle est allée le voir chez lui, il l'a insultée de tous les noms et giflée. Quand elle est rentré chez elle, elle était désespérée et pleurait toutes les larmes de son corps, elle voulait se faire mal physiquement pour oublier la douleur psychologique, elle a pris un couteau, a voulu se scarifier, ça a dérapé, elle m'a appelée et a perdu connaissance.
Quand elle m'explique tout ça, elle a des trémolos dans la voix, je lutte pour ne pas pleurer. J'ai la haine. Il l'a frappée. En plus de la torturer mentalement, il s'en prend à elle physiquement ! Je ne rebondis pas sur le sujet, je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie.
- Et t'as dis quoi à tes parents ? - Je leur ai dit que je ne voulais pas en parler, et ils ont respecté ça.
J'imagine à peine comme ils doivent se torturer l'esprit à essayer de comprendre, à se demander si c'est de leur faute, ou si quelqu'un a fait du mal à leur fille. Les pauvres.
Je la prends dans mes bras, et lui jure que je serai toujours là pour elle, quoi qu'il arrive.
Le soir, quand je rentre chez moi, je reçois un appel de ma mère. J'écoute ce qu'elle a à me dire, et mon cœur s'arrête littéralement de battre : Bryan a fait une crise d'épilepsie, suivie d'un arrêt cardiaque. Il était dans l'établissement spécialisé à ce moment-là, donc il a pu être pris en charge rapidement, mais il aurait pu y rester. Je raccroche en assurant à ma mère que tout va bien, mais en vérité, je suis dévastée. Je m'en veux de ne pas être avec eux, et avec lui, de ne pas pouvoir le soutenir. J'espère qu'il sait que je pense à lui, tous les jours.
Je m'affale sur le canapé et regarde les photos prises avec Bryan et mes parents cet été. Il avait l'air heureux, en bonne santé. J'imprime son sourire dans mon esprit. Je n'arrive pas à dormir de la nuit, je fais sans cesse le même cauchemar : j'imagine Bryan, à dix-neuf ans, dans la cuisine de notre ancienne maison, tomber par terre, être secoué de convulsions, baver, puis au bout d'un moment s'arrêter, et mourir. Ces images repassent en boucle dans mon esprit.
Le lendemain, j'ai une mine affreuse ; j'ai enfilé le premier jogging que j'ai vu, attaché mes cheveux rapidement et me suis rendue au lycée. J'ai des yeux bouffis et des cernes énormes. Je suis exténuée, tendue, sur les nerfs. Ani ne cesse de me fixer en classe, et je sens que je vais finir par exploser.
En histoire, quand Lia me demande « ça va ? », je craque, c'est trop pour moi. Entre Rachel, et Bryan, c'est trop. En une semaine, j'ai faillit perdre deux des personnes qui comptent le plus à mes yeux. Je sors de la classe en courant, et sens le regard de Mathieu sur moi. Je cours jusqu'aux toilettes et m'enferme dans une des cabines. Je pleure de tout mon être. Je suis à bout. Au bout de quelques minutes, j'entends des pas, et une voix :
- Amara ?Je reconnais directement la voix de Mathieu, je l'aurais reconnue entre mille. - Amara ça va ? S'il te plaît réponds moi.
Sans réfléchir, j'ouvre la porte et le laisse entrer. Il ouvre ses bras, et je m'écroule contre son torse, sans rendre son étreinte. Je me blottis contre lui, me laissant totalement aller, et je pleure, encore et encore. Je sens son souffle chaud sur mon crâne, sa main dans mon dos. Dans ses bras, je sens que je peux tout relâcher.
Je me calme petit à petit, reprenant ma respiration, quand il me soulève le menton et plonge ses yeux dans les miens. Ses yeux dérivent sur mes lèvres, il avance sa tête vers moi, et tente de m'embrasser. Prise par un accès de colère, je le repousse en dehors de la cabine et m'y enferme à clé.
Je lui en veux. Parce qu'il a profité d'un moment où j'étais désespérée, où je lui ai fais confiance, pour m'embrasser. Alors que j'avais besoin de soutien, d'une oreille... C'était tellement mal venu. D'autres auraient peut-être dit que c'était romantique, mais pas moi. Ce n'était pas le moment ! Vraiment pas !
Il tape à la porte en s'excusant : - Amara je suis désolé ! Je t'en supplie pardonne moi ! - Amara ! - S'il te plaît ! - Je pensais que tu m'aimais bien toi aussi...Mais là n'est pas le problème ! Je ne veux plus l'entendre, je suis déçue. - Laisse moi... S'il te plaît Mathieu !
Il y a un silence, puis j'entends des pas s'éloigner petit à petit.
Au bout d'un moment, je décide de retourner en classe : j'essuie mes larmes et prends mon courage à deux mains. Je rentre et m'excuse auprès de mon professeur d'être partie de la sorte, puis regagne ma place. Tous les regards sont tournés vers moi, tous, sauf celui de Mathieu.
Le week-end passe très lentement, je passe mon temps à glander chez moi. Pas de nouvelles de Mathieu, mais pourquoi est-ce que j'en voudrais ? Je suis vraiment indécise... J'ai peut-être réagi de façon excessive. Ou bien, peut-être que j'utilise son comportement comme excuse pour éviter cette avalanche de nouveaux sentiments qui s'abat sur moi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Argh, et voilà, cette nouvelle « moi » fait des siennes. J'ai appris à connaître tous mes défauts, durant toute ma vie, et voila qu'arrive cette autre moi, totalement inattendue, que je n'ai pas eu le temps d'appréhender. Je ne comprends plus mon comportement.
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Rebondissement inattendu, qu'en pensez vous ? :)
(N'oubliez pas de voter ! :))
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Les premières fois d'Amara
Teen Fiction"Il se retourne illico, et s'avance vers moi à grands pas, il colle son front au mien pour m'impressionner, mais ça ne marche pas, je lui tiens tête, jusqu'à ce que plusieurs élèves nous séparent. Je ne le supporte plus, je sors de la classe en furi...